Mondiaux d'athlétisme: la superstar Allyson Felix en bronze pour ses grands adieux à la piste

Elle espérait peut-être un peu mieux... Légende de l'athlétisme mondial qui s'est muée en porte-voix des sportives, Allyson Felix a fait ses adieux à la piste en enrichissant son palmarès d'exception d'une 19e médaille mondiale record à Eugene (Oregon) vendredi, sur ses terres américaines. Du haut de ses 36 ans et après vingt ans de carrière, Felix compte treize médailles d'or parmi ses 19 récompenses mondiales, plus onze médailles olympiques, dont sept titres, d'Athènes en 2004 à Tokyo l'été dernier.
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L'ovation du public
La sprinteuse californienne a obtenu la dernière, en bronze, avec le relais 4x400 mixte américain, devancé par la République dominicaine et les Pays-Bas (3:09.90) en finale. Pour son dernier tour de piste, l'Américaine, lancée en tête en position de deuxième relayeuse, a été portée par une enthousiaste ovation du public du Hayward Field, qui n'a pas suffi à lui permettre de passer le témoin devant. Le stade s'était déjà largement vidé quand elle a reçu sa médaille quelques minutes plus tard.
Icône du sprint dont la foulée incomparable, ample et fluide, a fait la réputation, la sprinteuse californienne a pris une autre dimension dans la dernière partie de sa carrière, après avoir donné naissance à sa fille Camryn fin 2018 : quand Nike, son équipementier de longue date, a eu l'intention de réduire ses émoluments de 70%, elle a pris la parole publiquement pour dénoncer la politique du géant de l'industrie du sport mondial envers les sportives enceintes.
"Lorsque nous avons des enfants, nous risquons des baisses de rémunérations de la part de nos sponsors pendant et après la grossesse. C'est l'un des exemples qui prouvent que l'industrie du sport est toujours dirigée par et pour les hommes", écrit-elle à l'époque dans une tribune du New York Times. Nike finit par plier, et jure qu'aucune sportive professionnelle enceinte ne sera plus pénalisée financièrement. Cet épisode "m'a aidé à comprendre ce qui était important et à réaliser que je ne pouvais plus rester silencieuse. Auparavant, j'étais tellement concentrée sur mes performances qu'il était effrayant pour moi de parler d'autres problèmes", confie-t-elle dans les colonnes du Washington Post en 2019.
Mère, championne et militante
La preuve de son influence ? Même le moteur de recherche Google lui a rendu hommage vendredi avec une courte animation la représentant en train de courir et de monter sur un podium, sa fille dans les bras, autour des qualificatifs "olympienne, mère, militante". "J'espère qu'on se souviendra de moi comme une compétitrice féroce, mais surtout, le plus important pour moi, comme quelqu'un qui a essayé de laisser le sport dans un meilleur état que je l'ai trouvé, de soutenir les femmes athlètes, et les femmes en général, et de se battre pour plus d'égalité", disait Felix, qui a oeuvré à la mise en place d'un système de garde d'enfants sur certaines compétitions, à la veille de son ultime tour de piste.
Un autre Américain, Fred Kerley, a lui impressionné dès les séries du 100 m : il les a dominées en 9"79, à trois centièmes seulement de sa meilleure performance mondiale de la saison. Débarqué à Eugene à peine plus de trois heures avant de courir après que son visa a été validé in extremis, le Kényan Ferdinand Omanyala a lui passé le cut tant bien que mal en 10"10. Blessé à une cuisse et privé du moindre 100m de niveau international en 2022, le champion olympique en titre, l'Italien Marcell Jacobs, s'est lui qualifié pour les demi-finales en 10"04, son meilleur chrono de la saison.