Mondiaux d'athlétisme: Martinot-Lagarde et les Bleus en petit comité à Belgrade

Les Mondiaux en salle (du 18 au 20 mars) arrivent tardivement dans la saison d’athlétisme. "Les vrais objectifs de 2022, c’est la saison estivale, avec les Mondiaux de Eugene aux Etats-Unis et les championnats d’Europe de Münich juste après", justifie Romain Barras, le nouveau directeur de la haute performance à la Fédération Française d’Athlétisme.
"Mais on vient à Belgrade avec un état d’esprit ambitieux, conquérant. Les athlètes qui nous accompagnent ont du caractère, c’est une équipe compétitive, que des finalistes potentiels au vu de leurs résultats hivernaux, après tout est possible. Pour le nombre de médaille, je ne me projette pas, on fera les comptes après." Le nouveau patron des Bleus a raison d’être prudent. Sans les stars Renaud Lavillenie (de retour d’une longue blessure, et récemment papa pour la deuxième fois) et Kevin Mayer (touché au tendon d’Achille), il sera compliqué de jouer les premiers rôles.
Depuis 2014, la France a toujours ramené au moins trois médailles (trois à Sopot 2014, cinq à Portland 2015, trois à Birmingham 2018).
PML et Belocian, deux stars des haies pour enflammer la France
Mais il y a de l’espoir. Et comme très souvent dans l’histoire bleue de l’athlétisme, les haies représentent le cœur de l’équipe. Pascal Martinot-Lagarde enfilera ses lunettes de sprint comme d’habitude, et on l’espère, rapportera comme d’habitude une médaille à la France. A 30 ans et pour sa 27e sélection internationale, il est le plus expérimenté de la délégation et avec une médaille de bronze en 2012 et deux médailles d’argent en 2014 et 2016 sur 60m haies au niveau mondial.
PML est en plus dans une excellente forme, avec notamment un meilleur chrono hivernal en 7.46, à un centième de son record personnel. Il est annoncé comme le principal concurrent du recordman du monde américain Grant Holloway. Wilhem Belocian est l’autre chance tricolore. "La préparation s’est super bien passée, je vise ma première médaille mondiale", lui le champion d’Europe en salle 2021. "Mais je ne me considère pas favori, Ils sont quatre devant moi au bilan 2022. J’aime cette posture."
La perche encore et toujours, même sans Lavillenie
Renaud Lavillenie a préféré faire l’impasse sur ces Mondiaux, malgré une volonté initiale d’y concourir. Son petit frère Valentin est désormais le mieux placé pour ramener une médaille au pays : "Je sens une montée en puissance en cette fin d’hiver. Mon objectif en Serbie est de sauter haut, mais je ne vise pas de place en particulier." Avec une meilleure performance à 5m81, à un centimètre de son record en plein air, Valentin Lavillenie veut progresser encore, lui qui a échoué de peu à 5m87 cet hiver.
Et avec son titre de vice-champion d’Europe en salle l’an dernier à Torun, il prend confiance : "A part Mondo Duplantis (record du monde encore amélioré à 6m19 cet hiver) qui est au-dessus, mais le zéro peut arriver, on est un gros paquet derrière à pouvoir prétendre au podium. C’est très chaud en ce moment la perche, il faudra que je sois dans mes standards haut !" Pour l’accompagner à Belgrade, le tout frais et jeune champion de France en salle avec 5m81, record personnel à la clé, Thibault Collet. A 22 ans, le fils du perchiste Philippe Collet va découvrir le niveau international et confirme que le vivier français reste un des tout-meilleurs du monde.
La génération Paris 2024 met le pied à l’étrier
Pour le directeur de la haute performance Romain Barras, l’athlétisme français "ne traverse pas vraiment de crise et la relève est là". La génération "ambition 2024" sera donc visible à Belgrade. Outre Thibault Collet à la perche, la hurdleuse de 21 ans Cyrena Samba-Mayela est attendue pour confirmer chez les seniors (7.84 sur 60m haies cet hiver soit le 5e chrono des engagées aux Mondiaux).
L’élève de Teddy Tamgho, éliminée en série aux derniers championnats d’Europe en salle et aux Jeux de Tokyo, dit devoir encore apprendre : "C’est toujours une prise d’expérience mais je veux chercher la médaille. Il faut faire sa place, j’ai fait une préparation mentale, je travaille là-dessus." Deux nouvelles en bleu aussi, la pentathlète Léonie Cambours et la perchiste Margot Chevrier vont découvrir le très haut niveau. Cette dernière a porté son record personnel à 4m65 et est devenue championne de France en salle. Grâce à ce saut, elle s’est vue invitée aux mondiaux par World Athletics.
Première étape vers Paris 2024 pour la FFA et Romain Barras
Arrivés mercredi et jeudi en deux petits groupes, les Bleus peuvent profiter à Belgrade d’un petit desserrage de vis question covid. Le masque n’est plus obligatoire, les Serbes l’ont retiré, mais la FFA demande malgré tout à ses athlètes de conserver un masque FFP2 au maximum. L’encadrement est également allégé, faute d’accréditation pour tout le monde, mais Romain Barras et la Fédération se sont battus pour inviter le plus d’entraîneurs possibles, au moins dans les tribunes, pour rassurer notamment les plus jeunes.
"Le contexte de la guerre en Ukraine est pesant aussi…", avoue Barras, "mais l’équipe est très motivée, tout se passe bien, l’environnement est de bonne qualité, et on va lancer la dynamique jusqu’à Paris 2024, qui arrive dans un tout petit plus de deux ans maintenant".