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Mondiaux d'athlétisme: Wilfried Happio, digne successeur de la légende Stéphane Diagana ?

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"Tout est possible" sur le 400m haies, selon Wilfried Happio. Le Français de 23 ans est en pleine forme lors de ces championnats du monde de Eugene (Etats-Unis) et a même battu son record personnel pour se hisser en finale (4h50 mercredi, heure française). Il rêve de se rapprocher du record de France de Stéphane Diagana et de son palmarès, mais Happio appartient à une génération à part, avec trois intouchables: Warholm, Benjamin et Dos Santos. 

Wilfried Happio vit un été sens dessus dessous. Les chronos s’affolent, puisqu’il a battu deux fois son record personnel. La première lors des championnats de France de Caen fin juin avec un bandeau sur l’œil, suite à un coup reçu pendant l’échauffement mais qui ne l’a pas empêché de réussir 48.57, puis lors des demi-finales des championnats du monde en 48.14. Ces performances sportives prouvent en tout cas que le gamin de Bourg-la-Reine arrive à garder le cap, lui qui est accusé d’agression sexuelle par une jeune femme de l’INSEP. Une plainte est déposée. Malgré ce contexte extra sportif, "méga dur mentalement", Happio s’est qualifié brillamment pour sa première grande finale internationale. 

Viser le record de France de Diagana, vieux de 27 ans 

Le hurdler voulait casser la barre des 49 secondes il y a encore quelques semaines. Il a désormais celle des 48 dans le viseur. "Cela aurait pu être un objectif en demi-finale, je pense que c’est possible, dit-il. Mais ça restait une demie et le principal objectif c’est d’être en finale. C’est là où il faudra se dépasser." S’il parvenait à exploser ses limites, il se rapprocherait clairement du mythique record de France de Stéphane Diagana, en 47.37, record vieux de 27 ans désormais. Diagana, champion du monde 1997 notamment, l’avait réussi deux ans plus tôt, en 1995 à Lausanne, en Suisse. Malheureusement, même avec un tel chrono, rien ne garantit une médaille à Happio. Par exemple, le record du jeune Français (48.14) lui aurait offert le bronze aux mondiaux de Göteborg en 1995, comme pour Diagana. Mais à cette époque, les monstres n’étaient même pas nés. 

Le podium mondial réservé à Warholm et cie pendant 10 ans ? 

Car en 2022, trois phénomènes phagocytent les trois premières places en permanence. Il y a le Brésilien de 22 ans Alison Dos Santos (record en 46.72), l’Américain de 24 ans Rai Benjamin (46.17) et surtout le Norvégien de 26 ans Karsten Warholm (recordman du monde en 45.94). Ces trois-là font partie du cercle intimiste des cinq athlètes seulement à avoir passé la barre des 47 secondes dans l’histoire. Wilfried Happio est conscient de la difficulté mais philosophe : "C’est clairement une chance parce qu’ils permettent de mettre en avant le 400m haies, car on ne va pas se mentir, ce n’est pas le 100m. C’est bien d’avoir des monstres, en plus de ma génération. Cela rend la discipline plus belle, après ça me demande beaucoup plus d’efforts mais je suis beau joueur, et c’est tout bon pour nous."

"Représenter au mieux le maillot de l’équipe de France"

Alors, Happio battu d’avance ? "Tout est possible pour moi, je vais représenter au mieux le maillot de l’équipe de France", lance-t-il. Le Francilien peut en effet croire en lui. D’abord car il a réussi à rester dans la roue de Warholm en demi-finale, même si évidemment le Roi viking n’a pas forcé sa nature. Mais surtout, les haies sont une discipline cruelle. On l’a vu sur le 110m haies, le champion des Etats-Unis Daniel Robertes est tombé. Sasha Zhoya, la pépite française, a touché le premier obstacle et n’a jamais pu revenir dans la course. Les hurdlers savent l’ingratitude parfois de cette discipline. Alors Wilfried Happio rêve fort de décrocher la première médaille tricolore de ces mondiaux américains.

Aurélien Tiercin, à Eugene