Mondiaux para athlétisme: un bilan mitigé, entre réussite de l’événement et déception sportive

"En termes de réussite sportive, on attendait beaucoup mieux." A l’heure de dresser le bilan des Championnats du monde de para athlétisme, le manager de l’équipe de France, Guy Ontanon, ne cache pas sa frustration.
Quatre médailles, toutes de bronze, cinq quatrièmes places accordant un quota pour les Jeux paralympiques dont le dernier décroché par la co-capitaine Nantenin Keïta en 400M T13, mais surtout une cinquième place à douze reprises dans une compétition où 36 records du monde ont été battus toutes disciplines et catégories confondues.
Opération commando lancée
"On a fait un constat par rapport à la concurrence internationale, avoue Guy Ontanon. On se rend compte du niveau de nos athlètes et il faut qu’on se sorte de cette petite tour d’ivoire qu’on s’est mise au niveau de la Fédération et nos athlètes, leur démontrer que pour être performant il faut aussi beaucoup de temps et de travail. Aujourd’hui, on n’a peut-être pas encore mis tous ces ingrédients en place. On doit hausser notre niveau. Ce sera mon rôle sur l’année qui va nous séparer des Jeux Paralympiques."
Lancé, donc, dans une "opération commando" comme il l’a lui-même rappelé en conférence de presse admettant changer la feuille de route à partir du mois de septembre. Au sein de la Fédération française handisport, la confiance est de mise sur le fait que ces championnats du monde et leur médiatisation vont permettre au para athlétisme français de grandir plus vite que prévu afin d’arriver mieux structuré l’an prochain au Stade de France.
Un stade Charléty record
A Saint-Denis, le public sera attendu en nombre après une première expérience satisfaisante. Plus de 120.000 billets émis, une moyenne de 10.000 spectateurs par jour, c’est un record pour ce genre d’évènement, surtout qu’il s’agissait d’une première concernant la commercialisation des billets d’habitude gratuits pour voir du handisport. Lors des derniers Mondiaux à Dubaï, ils n’étaient que 5.000 sur l’ensemble de la compétition, alors forcément, Guislaine Westelynck, présidente de la Fédération française handisport, est réjouie: "C’est une réussite. Cela pouvait paraître vide mais les tribunes côté ombre étaient pleines et pour nous c’est énorme. On est content de cet engouement."
D’abord curieux, de nombreux spectateurs sont revenus dans la semaine après avoir apprécié le spectacle comme Eve. "L’ambiance est très sympa, sourit la cinquantenaire. Tout le monde est derrière les athlètes. Je ne m’attendais pas à une ambiance si festive, conviviale et bienveillante."
Au point de se trouver de nouvelles coqueluches: "J’aime bien Mandy François-Elie, j’ai aussi suivi Manon Genest en saut en longueur." Des athlètes que les spectateurs pouvaient croiser et approcher dans les travées du stade francilien. "J’ai pu prendre des photos avec des athlètes, se réjouit Erwan au milieu de son groupe de potes. Cela se trouve ce sera une future star."
L’engouement a également été remarqué aux buvettes par Chainez, responsable évènementielle: "On ne s’attendait pas à autant de monde. On a senti une ambiance qui montait au fur et à mesure de la compétition." Même dans la queue, les épreuves étaient discutée: "On entendait que les clients ne connaissaient pas les para et vraiment prendre ça à cœur."
En route pour Paris 2024
Si le public parisien commence à être conquis, l’organisation a elle aussi bien suivi. "Nous avons eu 2500 bénévoles sur l’ensemble de la compétition, explique Guislaine Westelynck. Et on a eu presque deux fois plus de sollicitation. Sur ce point aussi c’est une réussite." Si les organisateurs ne voulaient pas voir en ces Mondiaux un test pour les Jeux mais une compétition en elle-même, quelques indicateurs seront tout de même analysés pour l’an prochain.
"Pour ceux de performance organisationelle, bon nombre d’entre eux sont réalisés, se félicite Adrien Balduzzi, le directeur de ces Mondiaux. Pour l’environnement en revanche que ce soit la RATP, les aéroports, l’hôtelier… c’est un test grandeur nature. Ils connaissaient peut-être le monde olympique mais pas le monde paralympique. Ils ont pu voir toutes les spécificités et les adaptations qu’il va falloir dans un an et c’est bien de s’en rendre compte un an avant. Il y a beaucoup de détails à prendre en considération: les flux, les pentes, le temps pour monter dans le bus."
Et les quelques petits soucis de dernières minutes qui pourront être anticipés l’an prochain. "La délégation indienne est arrivée à quarante. On leur a mis un grand bus mais chaque athlète avait trois valises plus deux fauteuils de lancer. Il a fallu rajouter deux autocars uniquement pour le matériel. Si on n’anticipe pas cela sur les Jeux, avec le volume qui sera encore plus massif, cela peut devenir très complexe." Surtout que ceux qui ont goûté à l’événement depuis le 7 juillet sont dans la majorité impatients de retrouver les gradins du Stade de France l’an prochain et devraient en parler autour d’eux. Histoire de gonfler un peu plus le flux.