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Record du monde, or olympique, sifflets à Rio... Lavillenie revient sur sa carrière

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Invité ce samedi du "RMC Sport Show Revival", Renaud Lavillenie a retracé le fil de sa carrière. De sa première barre passée à 6 mètres en 2009 aux Jeux olympiques de Rio en 2016, où s'il s'était plaint des sifflets du public brésilien.

Comment il vit le confinement

"C'est une période très particulière, mais je ne l'ai pas si mal vécue que ça. J'ai un cadre de vie plutôt cool avec mon sautoir dans le jardin, ça me permet de passer le temps. Au fur et à mesure que les événements ont été reportés ou annulés, ça s'est aussi pas mal libéré dans ma tête. On essaie de trouver du positif. J'ai pu passer du temps avec ma femme et ma fille. Je ne vais pas me plaindre."

Le concours organisé avec Sam Kendricks et Armand Duplantis, chacun dans son jardin

"C'est une idée que j'ai eu, j'en ai parlé à Mondo (Duplantis) et Sam, ils m'ont donné leur feu vert direct. J'ai consulté la fédération internationale en leur demandant un petit coup de main au niveau de la diffusion. Je n'avais pas envie de perdre. Même si c'est symbolique, on est des compétiteurs. J'avais en face de moi Mondo qui était pire que moi, on n'a pas lâché le morceau. Il l'a presque eu en travers de la gorge qu'on soit ex-aequo! C'était super serré et ça a fait du bien de faire ça en direct, on a montré qu'on était tous dans le même cas un peu partout dans le monde."

Son regard sur Duplantis

"Je n'ai pas forcément de secrets à cacher. Mondo s'est énormément inspiré de moi, on a beaucoup échangé. Mais s'il a le talent pour, il apprendra tout seul. Ce que je veux maintenir intact, c'est la passion pour ma discipline."

La question de la préparation mentale

"Je n'avais pas de difficultés au niveau mental ces derniers temps, mais plus sur le plan physique. Ma priorité était de me remettre de mes blessures, c'est que j'ai réussi à faire. Je n'ai jamais réellement approché la préparation mentale, ça ne me semble pas indispensable dans mon organisation. J'ai déjà ce côté mental en moi. Quand je m'oblige à être présent sur de grands rendez-vous, ça m'arrive rarement de me manquer. J'ai rarement enchaîné plusieurs défaites d'affilée. Si j'ai le besoin d'être aidé sur le côté mental, je le ferai, mais ce n'est pas la priorité."

Sa première barre à 6 mètres en 2009

"Ça a changé pas mal de choses, je me suis retrouvé dans une nouvelle dimension. C'était énorme. Pouvoir reprendre le flambeau de Jean Galfione, c'était assez magique. Beaucoup de personnes ne me voyaient pas aller à une telle hauteur. Dépasser son idole, c'est marquant."

Sa médaille d'or aux JO 2012

"J'ai rempli mon objectif en gagnant ce concours incroyable. J'avais quasiment le stade acquis pour moi, l'ambiance était extraordinaire. Tout pouvait basculer dans un sens comme dans l'autre. C'est la beauté du sport. Même en ayant de superbes cartes en main, on ne sait pas ce que nos adversaires peuvent faire."

Son record du monde en 2014 à 6,16 m

"Les images parlent d'elles-mêmes. Deux semaines avant, j'avais battu mon record. Je voulais tenter le record du monde en Ukraine, dans un endroit chargé d'histoire. Sergueï Bubka était présent. Je me souviens que quand je pars, je ressens tout de suite que c'est plutôt bien parti. J'ai "un trou" au moment où je quitte le sol et je me "réveille" en retombant sur le tapis. Mon saut était proche de la perfection, sans avoir eu besoin de réfléchir. C'était complètement incroyable, je pourrais en parler pendant des heures".

Sa médaille d'argent aux JO 2016 et les sifflets du public brésilien

"Il y a des jours comme ça! Je ne sais pas comment Thiago Braz da Silva (médaillé d'or) a fait, mais il l'a fait! Il s'est préparé pour l'événement, il a claqué une performance extraordinaire. Les sifflets? C'était déstabilisant, bien sûr. Le public brésilien ne sifflait pas depuis le début. Ils ont commencé à siffler à partir du moment où ils ont vu que le Brésilien jouait la médaille. Ils n'encourageaient alors plus personne. Je pense que s'ils avaient eu des tomates et des œufs, ils nous les auraient lancé sans aucun scrupule. C'était super déstabilisant. On ne fait pas un sport d'opposition."

"On n'avait jamais vu ça en athlétisme. Le concours avait duré extrêmement longtemps, c'était interminable. Quand on arrive sur de telles hauteurs, on a besoin du supplément d'énergie du public pour être encore meilleur. Et là c'était compliqué de trouver du positif. J'ai manqué un peu d'énergie sur la fin. Je m'étais préparé à tout sauf à ça, je ne pouvais pas m'y préparer. Dans l'histoire de la perche, on est pas énormément à avoir été sifflé dans un stade olympique dans un contexte comme ça. Les Brésiliens étaient en plus avec moi depuis le début de la compétition. C'était quasiment ingérable."

Lavillenie en larmes sur le podium des JO en 2016
Lavillenie en larmes sur le podium des JO en 2016 © AFP

Sa fille fera-t-elle du saut à la perche? 

"Je ne la forcerai pas à faire un sport en particulier. Elle me voit beaucoup sauter en ce moment, elle sait ce que c'est le saut à la perche. Elle sait presque le mimer. Si elle a envie de se lancer dedans, ce sera avec vraiment. Si elle ne veut pas, ce ne sera pas grave, je n'en ferai pas un drame!"

Ses autres passions

"La moto, le surf et évidemment l'ASM Clermont Auvergne! Je suis aussi fan de montres. J'en ai une bonne dizaine, la collection s'agrandit."

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RR