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Explosion sur le Dakar: l'avocat du pilote blessé se félicite de l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet antiterroriste

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Le parquet national antiterroriste a ouvert une information judiciaire après l'explosion du véhicule conduit par le pilote orléanais Philippe Boutron en décembre 2021 sur le rallye Dakar. Pour rappel, le 30 décembre dernier à Djeddah, en Arabie saoudite, le camion d'assistance de Philippe Boutron accompagné de quatre autres Français, avait explosé avant le départ. Le pilote de 61 ans avait été gravement touché aux jambes. L'audition des parties civiles aura lieu début 2023. L'information judiciaire pourrait être suivie par des mises en examen. Eric Grassin, l’avocat de Philippe Boutron, fait le point sur le dossier auprès de RMC Sport.

Me Grassin, où en est-on aujourd'hui de l'enquête et de la procédure judiciaire?

Depuis l’ouverture, par l’intermédiaire du parquet national antiterroriste, de l’enquête, le 4 janvier 2022, les services d’enquête ont travaillé, sous le contrôle des services spécialisés du parquet et il a été décidé par ce service d’ouvrir une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction parisien, pour suivre les investigations rendues nécessaires par le dossier. Pour le moment, nous n’avons pas plus d’informations, parce que les parties civiles n’ont accès au dossier qu’après l’audition qui aura lieu début 2023. C’est à ce moment-là qu’on pourra davantage connaitre ce qui a pu conduire le parquet à choisir cette ouverture d’information qui n’était pas gagnée.

Est-ce une petite victoire?

C’est un élément important du dossier parce que ça veut dire que le parquet a probablement des éléments qui pourraient conduire à des mises en cause d’un certain nombre de personnes.

Qu’attendez-vous de cette information judiciaire?

La première chose c’est que nous allons enfin avoir accès à tous les éléments de l’enquête: les rapports techniques, les auditions, les éléments relevés par les enquêteurs sous le contrôle du parquet. L’idée, c’est de savoir si cet attentat pouvait être évité. Dans quelles conditions? Qui a commis une faute ayant conduit à cette tragédie?

Comment cela peut faire avancer le dossier?

Cela peut changer beaucoup de choses. Aujourd’hui, les victimes d’attentat de manière générale sont prises en charge par la solidarité nationale. Autrement dit, ce sont les impôts des Français qui gèrent les conséquences financières pour les victimes. Avancer, c’est déterminer ce qu’il s’est passé, ce qu’on aurait pu faire pour l’éviter, est-ce que faire partir la course dans ces conditions était légitime... Il y a beaucoup de choses qui méritent d’être étudiées à un an de cet attentat.

Quelles sont les prochaines échéances?

La suite, cela va être l’audition des parties civiles donc de Philippe Boutron en sa qualité de victime, la prise de connaissance du dossier et les possibilités de demander au juge d’instruction un certain nombre d’actes qui pourraient faire une analyse des rôles de chacun. Je crois que c’est là-dessus que portera le travail. Déterminer qui a ou n’a pas commis de faute.

Le principe des enquêtes préliminaires, c’est que personne ne voit ce qu’il se passe parce qu’on n’a pas accès au dossier. Aujourd’hui, nous allons enfin avoir accès au dossier. C’est un élément déterminant dans l’avancée de la procédure. Au départ, on ne pouvait pas présumer l’ouverture d’une information. Si le parquet a choisi ce moyen procédural, c’est qu’il dispose d’un certain nombre d’éléments qui méritent un examen contradictoire.

Le Dakar 2023 aura lieu du 31 décembre au 15 janvier une nouvelle fois en Arabie saoudite, est-ce une erreur après ce qu’il s’est passé?

La responsabilité du choix du pays, c’est l’organisateur. Ont été publiées les conséquences des négociations que l’organisation a faites avec le pays pour protéger les coureurs et les autres équipes. Le choix, ce n’est pas à moi de le décider. Les engagements financiers sont tels, que les questions ne sont pas forcément celles dont je suis chargé de répondre.

Propos recueillis par Maria Azé