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F1 2025: Croissance tardive, moyens limités mais talent énorme, qui est Isack Hadjar, le nouveau pilote français de la grille?

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Isack Hadjar, coéquipier de Yuki Tsunoda chez Racing Bulls, est le nouveau Français sur la grille de la saison 2025 de Formule 1. Retour sur le parcours d'un battant, jusqu'au défi qui l'attend cette année.

Nom: Hadjar. Prénom: Isack. Idole: Flash McQueen. À 20 ans, le Parisien vient d'accéder à la catégorie reine du sport automobile, la Formule 1, dont il est le troisième pilote français au lancement de la saison 2025, avec Pierre Gasly (Alpine) et Esteban Ocon (Haas).

Chez Racing Bulls, il remplit le siège laissé vacant par le Néo-Zélandais Liam Lawson, promu pour remplacer le Mexicain Sergio Perez chez Red Bull, l'écurie mère.

Episode 44 : Tous les pronostics pour la saison 2025 !
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"On pouvait déjà imaginer qu’il réussirait"

Un destin qui part de loin. À huit ans, Isack Hadjar participe (et remporte) la première course de sa vie à Kartland, en région parisienne. "Je me souviens être parti en tête-à-queue en sortant des stands, parce que ma roue était mal attachée", relate-t-il à AutoHebdo.

"J'avais un demi-cheval de moins et mon châssis n’était clairement pas au top", sourit l'intéressé.

Éric Chappard, maître des lieux, a pu observer les premiers tours de roues du Parisien d'origine algérienne: "Ils étaient 40 sur la grille, la licence coûtait 60 euros et l’inscription aux courses 50. C'était une vraie pile électrique. On pouvait déjà imaginer qu’il réussirait une jolie carrière." Dès le départ, Isack Hadjar semblait ainsi promis à un parcours impressionnant.

"C’est toujours mon père qui a fait ma mécanique"

Souffrant d'un retard de croissance, le Français est désavantagé dès ses premières années en compétition. "Tu ne vois pas grand-chose. Tu ne peux pas freiner avec la force que tu veux. Mais quand c'est comme ça depuis que tu as 7 ans, c'est la routine", explique-t-il dans le documentaire Le Feu intérieur, disponible sur Canal+.

Aux contraintes physiques s'ajoute la difficulté économique, systématique dans le sport automobile. "C’est toujours mon père qui a fait ma mécanique, alors que d’autres pilotes avaient des équipes privées. Je n’ai jamais pu faire le calendrier en entier, avoir le meilleur moteur, etc. J’ai toujours dû compenser, c’était frustrant."

Isack Hadjar en 2014
Isack Hadjar en 2014 © KARTCOM

Repéré par la Fédération française de sport automobile (FFSA) en 2017, alors encore en karting, il fait ses armes dans les championnats de monoplace gérés par l'instance, avant d'intégrer l'équipe de France Circuit à seulement 17 ans.

Quand Red Bull repère un "petit Prost"

En mai 2021, Isack Hadjar remporte à Monaco une des courses du week-end de FRECA (Championnat d'Europe de Formule Régionale, par Alpine). Il reçoit quelques heures plus tard un appel, l'invitant à rejoindre dans le hall de leur hôtel Christian Horner, directeur de l'écurie Red Bull, et Helmut Marko, responsable de la filière jeunes pilotes.

"Quand j'arrive, c'est un peu la folie. On me parle de mon parcours et me demande pourquoi je n'ai rien gagné en karting ou en F4." Helmut Marko, qui le surnomme "le petit Prost", lui propose ensuite d'intégrer l'académie de la firme autrichienne.

"Il n'a même pas été question d'y réfléchir, c'était évident", raconte le Français.
Iscak Hadjar après sa victoire en FRECA à Monaco en 2021
Iscak Hadjar après sa victoire en FRECA à Monaco en 2021 © Formula Regional European Championship by Alpine

Débuts mitigés avec Red Bull

Isack rejoint l'écurie Hitech pour son unique saison de Formule 3. Il remporte la première course de la saison à Bahreïn, devant Olliver Bearman, qui arrive lui aussi en F1 en 2025 aux côtés du Français Esteban Ocon. Après un accident lors de la dernière manche de la saison à Monza, alors dauphin au classement, il perd ses espoirs de titre.

Son ingénieur, Christophe Perrin, ne tarit pas d'éloge. "Isack est le garçon qui a le plus de capacités parmi ceux que j’ai côtoyés, même devant Sebastian Vettel. Il est l’un des seuls qui a réussi à me faire me questionner sur certains aspects d’ingénierie. Il est doté d’une énorme intelligence de course et d’une bonne compréhension des pneus."

Après une première saison décevante (toujours chez Hitech) en Formule 2, il passe chez Campos Racing en 2024. Plusieurs soucis mécaniques entravent sa quête du titre. Gabriele Bortoleto est ainsi sacré à Abu Dhabi, sans même avoir à lutter contre le Français, dont la monoplace a calé au départ de la dernière course du championnat... Ce qui n'a pas empêché Hadjar de marquer de gros points, et les esprits.

Isack Hadjar n'a pas pu se mêler à la lutte pour le titre avec le Brésilien Gabriel Bortoleto
Isack Hadjar n'a pas pu se mêler à la lutte pour le titre avec le Brésilien Gabriel Bortoleto © IconSport

Prévenu la veille de la signature de son contrat

Isack Hadjar a déjà pris le volant d'une Formule 1 avant sa signature pour Racing Bulls. En 2023 et en 2024, il participe à des séances d'essais libres et aux essais d'après-saison pour Alpha Tauri (qui deviendra Racing Bulls) et Red Bull.

"C’était fou, la traction est incroyable, ça freine trop fort: c’est une F3 sous stéroïde", s'émerveillait-il.

Après l'éviction de Sergio Perez fin 2024, avant la fin de son contrat, une porte s'ouvre pour le Français. Liam Lawson est choisi pour remplacer le Mexicain aux côtés du quadruple champion du monde Max Verstappen, libérant un baquet chez Racing Bulls.

Le 19 décembre 2024, il arrive en retard à la cérémonie de remise des prix de la FFSA, venant tout droit de Faenza, siège de l'écurie, où il venait de signer son contrat: "Personne ne m'a dit 'Tu seras en F1 l'année prochaine' avant qu'Helmut m'appelle pour me dire 'tu vas signer le contrat, il faut que tu viennes en Italie demain.'"

En marge de sa première saison, le Français est lucide sur les capacités de sa voiture et la courbe d'apprentissage qui l'attend. Ambitieux, il se concentrera d'abord sur la concurrence avec son coéquipier: "Tsunoda, je vais vouloir le taper! C’est comme ça, en F1 on n’a pas tous la même voiture donc c’est le seul objectif que j’ai."

Le premier Grand Prix de la carrière d'Isack Hadjar est prévu à Melbourne, en Australie, ce dimanche 16 mars.

HD