
Gasly: "Chez Red Bull, il y a certaines choses qui me dérangeaient"
Pierre Gasly, depuis que vous avez été rétrogradé de Red Bull à Toro Rosso, vous donnez l’impression d’être plus épanoui. A quoi attribuez-vous cela ? Avez-vous désormais moins de pression ?
La pression est similaire. Chez Red Bull, c’est vrai qu’il n’y a pas une journée sans contrainte, mais je connais ça depuis que j’ai quinze ans. A partir du moment où vous entrez dans la filière Red Bull, vous savez qu’il faut être capable de supporter cette pression constante. Toro Rosso est une écurie que je connais mieux, j’y ai passé un an et demi. Red Bull, ça a été beaucoup plus court, de février à août seulement.
De l’extérieur, Franz Tost (patron de l’écurie Toro Rosso) semble mieux vous comprendre que Chrsitian Horner (patron de l’écurie Red Bull). Qu’en est-il vraiment ?
Non. Je ne dirais pas ça (il réfléchit longuement). Chez Toro Rosso, c’est une culture différente, un peu plus italienne. Red Bull, c’est (du management) à l’anglaise. Mais ce n’est pas vraiment cela qui a fait la différence.
Helmut Marko vous a reproché de ne pas être capable de doubler chez Red Bull, mais depuis que vous êtes revenu chez Toro Rosso, vous avez démontré que vous n’aviez pas oublié comment procéder ?
(Il rit jaune) Je n’ai pas de réponse. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles j’ai arrêté de me poser des questions. Je me concentre sur moi-même, le travail que j’ai à faire. Bien sûr, je peux m’améliorer. Tout au long de sa carrière, on peut progresser en tant qu’athlète et en tant que pilote. Mais sur les dernières courses, j’ai montré que ces deux éléments n’étaient pas un problème.
Le management de Red Bull a-t-il eu une influence négative sur votre rendement ?
Chez Red Bull, on essaye vraiment de vous formater. Il faut faire comme-ci, comme-çà. Il ne faut pas faire ci, ni faire ça. C’est la mentalité de l’équipe et je l’accepte. C’est à moi de m’adapter à la culture de l’écurie, mais c’était complètement différent de ce que j’avais connu avant.
Aviez-vous le sentiment d’être un moins bon pilote chez Red Bull ? D’avoir un poids qui vous empêchait de donner le meilleur de vous-même ?
Non, mais il y a plusieurs choses qui m’ont empêché de montrer tout mon potentiel les week-ends de course.
Lesquelles ?
En tant que pilote, c’est important de pouvoir se dire qu’on aura tous les éléments à disposition pour être le plus performant possible sur un week-end. Chez Red Bull, il y a certaines choses qui me dérangeaient et qui n’ont pas été gommées avec le temps. J’aurais pu faire mieux, l’équipe aurait pu faire mieux. On a tous eu notre part de responsabilité. C’est de l’histoire ancienne et je n’ai pas envie de revenir dessus. Cela ne changera pas ma carrière dans le futur. En revanche, ce qui se passe avec Toro Rosso dans les prochains mois peut changer quelque chose.
Vous êtes en concurrence avec Alexander Albon pour le baquet qui reste encore à pourvoir chez Red Bull la saison prochaine. Si jamais le pilote thaïlandais vous est préféré, auriez-vous le sentiment de faire un pas en arrière ?
(Il coupe) Non. J’ai 23 ans et une longue carrière devant moi. Il faut se concentrer sur le moyen terme. Toro Rosso met tout en œuvre pour que je sois le plus performant possible. Alors oui, la voiture n’est pas aussi compétitive que la Red Bull. On se bagarre pour des places moins excitantes, mais au moins, je sais que j’ai toutes mes chances pour me bagarrer avec cette monoplace.
Depuis trois Grands Prix, vous semblez avoir retrouvé ce sourire qui vous caractérise, le même que celui que vous arboriez l’an passé. Êtes-vous plus heureux aujourd’hui que lors de la première partie de saison ?
(Il cherche un moyen de répondre à la question) Il y a des choses qui ne peuvent pas être dîtes. Il faut les accepter. Je suis heureux chez Toro Rosso.