Le titre de Formule 2, son avenir à court terme, son impatience de rouler en F1… Théo Pourchaire se confie à RMC Sport

• Sa saison de Formule 2
Théo, dans quel état d’esprit arrivez-vous à Abu Dhabi ?
Je suis confiant, j’ai fait une très belle saison. Ce n’est pas encore gagné, loin de là. J’ai une belle avance mais tout reste jouable. Je reste concentré, je sais ce que j’ai à faire. J’ai confiance en moi et en l’équipe donc je pense qu’on va le faire, j’ai hâte d’y être et de rouler.
Presque trois mois sont passés depuis la dernière course à Monza (2 septembre). Comment gérez-vous l’attente ?
L’attente est extrêmement longue ! Plus de deux mois et demi sans rouler, sans faire ce que j’aime… Surtout que j’ai un titre à gagner, j’y suis presque et il manque encore quelques points. J’espère que ça va le faire mais l’attente est vraiment super longue, c’est inédit pour moi. C’est presque comme si on recommençait une nouvelle saison à Abu Dhabi.
Vous avez débuté cette saison comme favori après votre deuxième place en 2022. Comment l’avez-vous appréhendé ?
C’est vrai que je suis expérimenté en Formule 2 malgré mon jeune âge. J’apprends de courses en courses. On avait super bien démarré la saison à Bahreïn avec la pole position et la victoire. Après, il y a eu des hauts et des bas. Je n’ai gagné que cette course à Bahreïn mais j’ai fait dix podiums, deux pole positions. On est passé près d’autres victoires, il y a eu de la malchance avec des safety-car qui sont parfois mal tombées. Ce que j’ai réussi à faire à ce moment-là c’est de prendre des gros points, finir sur le podium. Il reste un week-end, j’espère remonter sur la plus haute marche. J’ai le championnat à jouer mais j’aimerais aussi bien finir en beauté cette carrière en Formule 2 car ce sera ma dernière course.
Vous semblez plus régulier...
Oui j’ai gagné en régularité, je suis beaucoup plus posé. Sur beaucoup de courses, on a eu du mal: soit je n’étais pas dans le rythme, soit la voiture n’était pas dans le rythme. On souffrait un peu, ce n’était pas catastrophique mais on arrivait quand même à finir et marquer des points. Et j’espère que ça va payer à la fin de la saison.
L’an dernier, vous aviez d’abord déclaré ne pas vouloir refaire une saison de F2. Pas de regrets ?
Aucun regret. Pour moi, c’est une troisième saison de F2 et beaucoup pensent que trois saisons c’est énorme. Mais ce n’est pas ce que je ressens. Il faut regarder ce que vaut le pilote et me concernant, je suis encore très jeune. C’est pour ça que je pense que c’était une bonne chose de rester en F2 et d’être présent sur les week-ends de F1. Sauber m’a beaucoup aidé, ils voulaient que je fasse de la F2 et c’est financé à 100% de leur part. C’est exceptionnel. Cette saison, j’ai beaucoup appris.
• Son rôle de troisième pilote chez Alfa Romeo
Vous êtes aussi troisième pilote de F1 pour Alfa Roméo. Comment gérez-vous ce rôle ?
Ce sont d’énormes responsabilités car si un pilote ne peut pas rouler sur un Grand Prix c’est moi qui le remplace, donc je dois être prêt à tout moment. Mais en même temps, je n’ai roulé que trois fois en F1 (en essais libres, dans sa carrière). On n’a pas le droit de faire plus d’essais et je fais beaucoup de simulateur pour Alfa Romeo mais ça n’a rien à voir avec la course, donc c’est beaucoup de pression aussi. Je dois toujours me tenir prêt et si cette opportunité arrive un jour, je la saisirai et je donnerai tout. Mais ce n’est pas simple, j’étais aussi focus sur la Formule 2 cette année, qui était mon objectif principal et ça l’est toujours car la saison n’est pas finie. Et j’espère atteindre mon rêve d’être champion de F2.
Cela vous a permis de vous immiscer au sein du monde de la F1.
Et c’est complètement différent d’une équipe de F2. Il y a beaucoup plus de personnes. Dans une équipe de F1, je pense qu’on s’approche des 80 personnes sur un week-end de course. En F2, on est une quinzaine, vingtaine maximum. Ça change beaucoup. Il y a beaucoup plus d’ingénieurs, de choses à faire, plus de responsabilités. Pour un jeune pilote c’est aussi beaucoup d’interviews, de travail avec les sponsors, de travail avec les ingénieurs, les mécaniciens. Il y a beaucoup de personnes à connaître. C’est un autre environnement mais j’apprends beaucoup et ça me permet de grandir plus vite.
Vous n’avez pas eu besoin de souffler à un moment ?
C’est prenant mais je suis content d’être là. Mon rêve c’est d’être pilote de F1 et champion du monde un jour, je donnerai tout pour ça. C’est sûr qu’être pilote de réserve n’est pas la meilleure position car on ne fait pas grand-chose, on attend beaucoup. On est prêts mais ce n’est pas une position simple.
D’autant qu’à Mexico, lors de vos essais libres au volant de la monoplace Alfa Romeo, vous n’avez presque pas roulé...
Je n’ai pas eu de chance à Mexico, j’ai eu un problème de frein donc impossible de rouler. Il fallait tout changer. C’est vraiment dommage car j’attendais ça depuis Abu Dhabi, il y a presque un an. C’était un nouveau circuit, l’occasion de me montrer. J’étais bien, je me sentais bien, je pensais faire une bonne performance. Mais ça arrive, c’est le sport mécanique… Je serai de retour à Abu Dhabi pour des essais libres même si mon objectif principal sera la Formule 2.
• Son avenir
Aucun baquet ne semble se libérer en Formule 1… Qu’envisagez-vous pour l’an prochain?
On se projette déjà avec mon entourage. Je serai encore pilote de réserve pour Alfa Romeo. C’est bien mais pour moi ce n’est pas suffisant, je leur ai déjà dit. Je veux rouler, je suis jeune, je sais que j’ai les capacités pour aller plus loin dans ce sport. Rester sur le côté pendant un an à faire des simulateurs et quelques essais en F1, je pense que ce n’est pas assez. Il faut que j’entretienne ma condition physique et mes qualités de pilote: la gestion du stress, la gestion d’un week-end… C’est un sport tellement technique et compliqué que j’ai envie de continuer à le faire au plus haut niveau. Il y a des championnats dans lesquels je pourrais le faire, on est en discussion. J’espère avoir l’opportunité de rouler, cette sensation de faire une saison et me battre pour quelque chose.
La piste la plus chaude semble être la Super Formula, une compétition de monoplaces au Japon. L’endurance est parfois citée pour vous, est-ce possible ?
L’endurance est un très beau championnat, mais pour moi ce n’est pas l’objectif parce que ce n’est pas quelque chose qui me rapprocherait de la F1. J’aimerais faire quelque chose qui me prépare à aller en Formule 1 en 2025, parce que je pense en avoir les capacités et je pense mériter ma chance. Je vais tout faire pour essayer de me créer cette opportunité. Je pense que la Super Formula est un bon championnat car la voiture est très rapide, le niveau est très élevé. Ce n’est pas très bien médiatisé mais le plus important pour moi est que ça soit regardé par des équipes de Formule 1. Il y a aussi l’IndyCar qui est plus médiatisée mais un peu différent… On verra selon les opportunités. Le calendrier de la Super Formula colle très bien avec celui de troisième pilote de F1. C’est un compromis qui me semble bien mais j’aimerais y concourir dans une bonne équipe si j’y vais pour performer et ne pas me faire oublier.
Vous avez eu l’habitude de brûler les étapes. N’êtes-vous pas impatient d’atteindre la Formule 1 ?
C’est naturel, c’est venu comme ça. J’ai performé très rapidement dans chaque catégorie. C’est top d’être là aujourd’hui à mon âge. Il faut être patient, c’est très important et je pense que c’est une des choses que j’arrive le moins à maîtriser parce que je suis proche de la F1. C’est mon rêve mais je dois attendre. Je sais que l’opportunité viendra un jour mais bien sûr que j’aurais aimé qu’elle vienne l’an dernier… Cette année elle n’est toujours pas là, j’espère l’an prochain mais je crois en moi et il faut être patient.