Coupe du monde: la presse américaine critique Team USA après la déroute face aux Bleus

La fierté d’un côté, les sarcasmes ou l’indifférence de l’autre. Alors que l’équipe de France de basket a éliminé mercredi les Etats-Unis en quart de finale du Mondial (89-79), infligeant au Team USA sa première défaite depuis 2006, les Bleus font logiquement les gros titres de la presse sportive hexagonale ce jeudi matin. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, le traitement du match est très différent…
Disons le tout de suite, parce que les Américains sont obsédés par la NBA et n’ont pas une grande considération pour le "basket FIBA", parce qu’ils avaient mercredi une actualité sportive chargée, entre la reprise de la NFL et les accusations de viol visant Antonio Brown, la défaite de Kemba Walker et de ses camarades a été plutôt passée sous silence.
"C'est typiquement quand les internationaux américains perdent à la Coupe du monde qu'ils attirent l'attention du grand public"
Mais plusieurs médias, spécialisés ou non, s’y sont tout de même intéressés. Le New York Post évoque ainsi sur son site "une défaite embarrassante après l’exode des stars", faisant tout de suite référence aux grands absents côté USA. Mais ne relativise pas pour autant la contre-performance des hommes de Gregg Popovich. "Les Etats-Unis avaient gagné 58 matches de suite en compétition officielle, depuis la rencontre pour la médaille de bronze au Mondial 2006", rappelle le tabloïd.
Le Bleacher Report, média sportif, pose lui une question: "Qui faut-il blâmer après l’échec de Team USA?". Et insiste beaucoup, lui aussi, sur les absences des stars NBA. ESPN, qui diffusait le match aux Etats-Unis, se contente d’un papier factuel, et évacue rapidement le sujet.
Finalement, c’est le New York Times qui résume assez bien la vision locale de l’événement: "Quand il s’agit de la Coupe du monde de basket, on sait comment cela se passe pour les joueurs américains: ce n’est que dans la défaite que l’on se souvient d’eux. Dans une compétition de faible standing à nos yeux, comparé aux Jeux olympiques, c’est typiquement quand ils perdent que les internationaux américains attirent enfin l’attention du grand public. Les douze joueurs qui ont accepté de représenter les USA au Mondial connaissaient le deal lorsqu’ils ont signé pour rejoindre un effectif boudé par une quarantaine de stars. Mais ces volontaires n’ont vraiment pris conscience de la situation que quand ils ont été surclassés par la France à Dongguan."
Rudy Gobert et Frank Ntilikina salués pour leurs prestations
Une France à qui les médias américains rendent tout de même hommage. En se concentrant notamment sur deux joueurs. Deux joueurs tricolores évoluant en NBA: le pivot Rudy Gobert (Utah Jazz) et… le meneur Frank Ntilikina (New York Knicks).
"Comment la France a-t-elle réussi à déjouer les pronostics? Elle peut dire merci à un certain meilleur défenseur de NBA, note Sports Illustrated. Rudy Gobert a complètement étouffé l’équipe américaine lors du quatrième quart, écœurant ses adversaires les uns après les autres." Et de s’interroger: "Peut-être qu’une équipe américaine plus flamboyante aurait pu attaquer davantage Gobert et la défense française, en particulier avec des scoreurs spécialistes de l’isolement (bonjour, James Harden) ou des merveilles athlétiques comme Anthony Davis…"
Le New York Post, dans un autre papier, se concentre lui uniquement sur le meneur des Bleus. "Frank Ntilikina a été un joueur très observé depuis que les Knicks l’ont sélectionné en 8e position à la Draft 2017", note-t-il. Problème, le Français n’est jamais vraiment entré dans les plans du nouveau coach David Fizdale. "Mais à 21 ans, le meneur montre tout son potentiel, veut croire le Post. Sa défense a été impeccable, ce qui n’est pas forcément une surprise. Mais ses deux gros paniers dans le money time (un 3 pts, puis un 2 pts dans le dernier quart), en revanche, ont donné l’impression d’un joueur qui progresse." Sur Twitter, la star NBA Kevin Durant (Brooklyn Nets) a d’ailleurs confié qu’il aime bien le jeu du Français, et son équipe des Knicks lui a adressé un petit coucou.
Mais SNY, site new-yorkais, pointe le comportement de la célèbre franchise quant à son joueur. "Avant la dernière Draft, les Knicks avaient parlé à plusieurs équipes pour essayer d’échanger Frank Ntilikina, assure le média. Il semble que l’organisation était sur le point de larguer le meneur. Pourtant, sa performance contre les USA devrait les encourager à réfléchir. […] Car s’il arrive à revenir au camp d’entraînement avec la même confiance et la même production offensive, il pourrait bien ouvrir quelques yeux…"