Eurochallenge : Nanterre est magique

La JSF Nanterre remporte l'Eurochallenge ! - FIBA Europe
Le scénario semblait écrit d’avance. Pouvait-il même en être autrement ? La JSF, petit poucet du basket devenu grand, qui va remporter son premier titre européen – même si c’est le moins clinquant – devant un public hostile. Et qui marque le panier de la gagne à la sonnerie. Enorme Nanterre. Qui croit en lui. Jusqu’au bout. Qui arrache l’exploit. Au bout du bout. Le scénario régale. Il épouse presque une certaine logique. Celle d’un match résumé par une action. 27 secondes à jouer dans le deuxième quart-temps. A la baguette, Kyle Weems adresse un amour de passe à Mam Jaiteh au milieu de la défense de Trabzonspor. Puissant dunk à deux mains. +9 pour Nanterre (37-28). Le silence qui frappe la salle. Comme si le bouillant public turc, hystérique derrière ses troupes, avait compris l’évidence qui se dessinait depuis le début de cette finale d’Eurochallenge.
A la hauteur de l’événement, Nanterre n’allait rien lâcher. Tout donner. Et il faudrait être fort, très fort, pour empêcher la JSF d’écrire le nouveau chapitre de sa surprenante mais superbe histoire des dernières saisons. Même à domicile, porté par des tribunes en fusion, « Trabzon » ne l’aura pas assez été, battu pour la première fois de sa saison dans sa salle en Europe. Pour sa première finale à ce niveau, Nanterre a fait mouche. Victoire 64-63 au bout du suspense et premier titre continental pour la France depuis Nancy avec feu la Coupe Korac en 2002. Un succès comme la continuité d’un destin. Toujours si formidables de volonté et de courage, les Franciliens rajoutent une ligne européenne à un palmarès national florissant. Passé du fond des rangs amateurs au professionnalisme avec dix montées en quinze ans, Nanterre n’en finit plus de grimper et de tutoyer des sommets inédits pour lui.
La troisième finale d’Eurochallenge est la bonne pour le basket français
Il y a deux ans, la JSF surprenait tout le basket français avec son titre de champion. L’année dernière, c’était au tour de la Coupe de France. Cette fois, c’est l’Europe. Alors, certes, sur l’échiquier de la balle orange, l’Eurochallenge ne représente que la troisième compétition. Derrière l’Euroligue et l’Eurocoupe. Mais Laurent Sciarra, membre de la Dream Team RMC Sport, a résumé l’idée : « Un titre reste un titre ». Et celui-ci représente un formidable morceau d’histoire pour Nanterre. Bien rentrés dans leur rencontre, les Franciliens se portaient vite en tête et montaient leur avantage jusqu’à 12 points (36-48, 25e). Ils n’auront jamais été menés de plus de deux points. Aucun trou d’air, pas de moment sans, à part un laps de temps très court dans un dernier quart-temps irrespirable. Suffisant pour laisser les Turcs revenir et jouer la gagne dans le money time.
Derrière un Weems royal de sang-froid, auteur de deux énormes paniers à trois points dans les dernières minutes, Nanterre restait en vie et gardait son destin entre les mains. Après un panier signé Hardy pour mettre Trabzon à +1, le dernier tir allait être francilien. Raté par Campbell. Qui parvenait à récupérer le cuir entre les défenseurs sur une passe de Johan Passe-Ducteil pour le planter dans le panier au buzzer ! Magique. Les piliers offensifs se nomment Campbell (15 points) et Nzeulie (14). Mais tous sont des héros. Après les défaites de Cholet (2009) et Chalon (2012), la troisième finale d’Eurochallenge du basket français est la bonne. Et son final la rend déjà légendaire. « On doit gagner, lançait Mam Jaiteh sur RMC quelques heures avant le match. On ne se souvient pas du finaliste mais de celui qui remporte le titre. » Promis. On n’oubliera pas, Mam.