Du tennis au basket en trois jours: comment Roland-Garros s’est métamorphosé pour accueillir Wembanyama et les Mets

Jusqu’à l’entre-deux effectué au centre du parquet ce jeudi soir, ils n’auront aucun répit. "On est dans les temps mais il y a toujours des surprises. Je viens de recevoir un coup de fil de Monaco qui annonce la venue du prince Albert, il faut gérer ce qui avec!" L’anecdote est donnée avec le sourire par Alain Bouvard, président des Metropolitans 92, dans les colonnes de L’Equipe. Mais, à quelques heures du match 3 des finales de Betclic Elite face à Monaco (ce jeudi soir à 20h30), elle illustre la complexité de l’aventure dans laquelle s’est lancé le club des Hauts-de-Seine.
L’idée a germé dans l’esprit des dirigeants franciliens juste après la victoire des hommes de Vincent Collet sur le parquet de l’ASVEL, le 4 juin lors du match 4 de la demi-finale. Conscients de l’engouement autour de leur équipe, emmenée par Victor Wembanyama, les Mets se mettent à la recherche d’un écrin digne de ce nom avant le départ de leur phénomène en NBA. Leur habituelle salle de Marcel-Cerdan, à Levallois ? Bien trop exigüe (2.800 places). L’Accor Arena de Bercy, déjà utilisée lors du match 2 de la demi-finale ? Indisponible aux dates souhaitées. La toute nouvelle arena d’Orléans et ses 10.000 places ? Trop éloignée de la capitale pour les joueurs et le staff. Vient alors la solution Roland-Garros.
Une grande première en 1948... sans que la terre battue ne soit enlevée
En octobre dernier, 74 ans après l’organisation de la finale du championnat de France de basket lors de laquelle la terre battue n’avait pas été retirée (US Marseille-Championnet Sports, au printemps 1948), le Paris Basketball a ouvert la voie en décidant d’organiser un match évènement en pleine saison régulière de Betclic Elite sur le court central. À l’époque, l’adversaire du club de la capitale se nommait déjà Monaco. "Le paradoxe est que le stade soit plus connu par eux que par nous", s’est d’ailleurs amusé Vincent Collet mercredi en conférence de presse.

Le pari réalisé - et réussi - du Paris Basketball inspire Boulogne-Levallois. Sauf que le défi est d’une toute autre envergure: quand leurs homologues parisiens ont eu plusieurs mois pour organiser l’évènement, les Mets ne disposaient que de quelques jours pour transformer Roland-Garros en une salle de basket. Et tout a été très vite. Mercredi 7 juin, à huit jours du match, le feu vert tombe et Boulogne-Levallois obtient l’autorisation. Le même jour, alors que les quarts de finale du tournoi messieurs battent leur plein, les premières visites sur site sont organisées. Dimanche soir, dans la foulée du sacre de Novak Djokovic sur la terre battue parisienne, le Central est démonté par les équipes de la Fédération française de tennis. Comme rapporté par Le Parisien, les Mets et leurs prestataires n’ont eu accès au court central que mardi matin. Soit trois jours pour transformer un court de tennis en antre du basket.
20 heures de boulot
À l’automne, 20 heures avaient été nécessaires pour la rencontre Paris-Monaco. Il n’en faudra pas plus aux Mets. Mardi, dès 5h30 du matin, un système de panneaux est posé pour recouvrir la terre battue qui, contrairement à 1948, doit laisser sa place à une surface un peu plus rebondissante. Dans les heures qui suivent, les dimensions du terrain de basket sont prises. Au total, selon Le Parisien, 270 plaques de parquet (soit plus de 646 mètres carrés) sont installées mardi en fin de journée. Trop grands pour les couloirs du court Philippe-Chatrier, les paniers de basket ont dû être démontés avant d’être acheminés sur le parquet.
Après ces gros œuvres, la journée de mercredi est dédiée aux différentes installations techniques et aux répétitions générales de l'événement. "Il y aura peut-être quelques imperfections, un fléchage ou deux hasardeux, mais ça devrait le faire", rassure un proche de l'organisation cité par L’Equipe. Le défi est relevé.
Une note salée
Un tel tour de force a évidemment un coût. Pour l’heure, aucun chiffre n’a fuité concernant la somme déboursée par Boulogne-Levallois pour s’offrir ce lieu de prestige. En octobre dernier, le Paris Basketball, qui avait mobilisé 160 bénévoles pour l’occasion, a investi 200.000 euros. Le club de la capitale était alors ressorti légèrement bénéficiaire, notamment grâce aux recettes billetterie. Sur cet aspect, et même si la note s’annonce plus salée pour eux, les premiers signes sont encourageants pour les Mets 92. Vendredi, la billetterie a été prise d’assaut dès son ouverture. Les places les moins chères (20 euros) ont trouvé preneurs en moins d’une minute et la quasi-totalité des billets avaient été vendus le soir-même.
Ce jeudi, avant un potentiel match 4 sur le même terrain (les Mets, menés deux victoires à zéro, doivent l'emporter pour rester en vie) le Philippe-Chatrier s’annonce plein comme un œuf et ils seront donc 15.000 à applaudir Wembanyama et ses coéquipiers. Avec une petite pensée pour la prouesse technique réalisée en l’espace de trois jours pour transformer un lieu mythique du tennis en salle de basket chauffée à blanc.