Jeep Elite: Monaco et Strasbourg favoris pour le titre, l'ASVEL en embuscade

L'Elan Chalon, champion de France 2016-2017 - AFP
Monaco: 1er de la saison régulière (25 victoires – 9 défaites)
Depuis son retour dans l’élite en 2015, le club de la Principauté truste la plus haute marche du podium en saison régulière. Cette saison, le bilan est un peu moins bon que les années précédentes. Néanmoins, l’AS Monaco fait encore très peur. Meilleure attaque de Jeep Elite (86 points de moyenne), le danger peut venir de tous les côtés. A commencer par Gerald Robinson: l’arrière américain est le troisième marqueur du championnat (15,9 pts) avec 12 matchs terminés à plus de 20 unités. De son côté, DJ Cooper, MVP l’année dernière et de retour à Monaco, n’a pas perdu son jeu de passes, multipliant les caviars donnés à ses coéquipiers (7,2 de moyenne). Les joueurs expérimentés comme Amara Sy ou Ali Traoré, arrivé en cours de saison, jouent parfaitement leur rôle. L’équipe sait également activer le mode "voleur de ballons": Paul Lacombe, Aaron Craft et Gerald Robinson font partie des cinq meilleurs intercepteurs de la Ligue.
Mais tout n’est pas parfait sur le Rocher. Quelques faiblesses sont apparues au fil de la saison, notamment au rebond. Dans cet exercice, Christopher Evans tire son épingle du jeu (4,2 par match). Mais il est loin du pivot d’Antibes, Mouphtaou Yarou, qui en cumule 9,15. De plus, la fin de saison de la Roca Team a laissé planer des doutes: défaite contre l’AEK Athènes (100-94) en finale de Ligue des champions et deux revers sur les trois dernières journées de Jeep Elite face à l’ASVEL (108-80) et l’Elan Béarnais (85-86), son adversaire en quarts. Enfin, la première place en saison régulière n’est pas synonyme de titre. Les Monégasques peuvent en témoigner: en 2016 et en 2017, ils ont été sortis par l’ASVEL en demi-finale et en quarts. Cette année, les hommes de Zvezdan Mitrovic ne devront pas louper le coche.
Strasbourg: 2e de la saison régulière (24 victoires – 10 défaites)
Deuxième attaque la plus prolifique et troisième meilleure défense: la SIG montre un haut niveau des deux côtés du parquet. L’entraîneur Vincent Collet peut s’appuyer sur un réservoir de joueurs capables de faire la différence: David Logan et son shoot longue distance (14,7 points), Dee Bost et sa vision de jeu (5,84 passes décisives). Au-delà de sa base arrière, le secteur intérieur alsacien a joué un rôle important dans la réussite de cette saison. Arrivé du Cedevita Zagreb à l’intersaison, le pivot croate, Miro Bilan, n’a pas mis longtemps pour imposer sa loi dans les raquettes de Jeep Elite: 13,1 points et 6,1 rebonds en moyenne, un double-double de mammouth (21 points, 13 rebonds) face à Boulazac. Son association avec le Français, Louis Labeyrie, fait des ravages. L’ex-joueur de Paris-Levallois affiche des statistiques similaires à son coéquipier. Ses 2,08m sont également une dissuasion défensive.
Tous les voyants sont donc au vert pour Strasbourg: la SIG a terminé la saison régulière par 6 victoires. Mais est-ce une si bonne nouvelle pour ce club? En effet, Strasbourg et la Jeep Elite, c’est un peu Raymond Poulidor et le Tour de France: toujours placé, jamais gagnant. Vincent Collet et ses hommes ont disputé les 5 dernières finales du championnat. Bilan: 0 victoire et des désillusions en cascade. Aujourd’hui, le club rêve de soulever le trophée, 13 ans après son unique titre remporté. Ils se sont largement imposés mardi contre Nanterre.
Le Mans: 3e de la saison régulière (21 victoires – 13 défaites)
Après un exercice 2016-2017 très décevant et terminé à la 12e place, le MSB, place forte du basket français, retrouve son standing habituel. Cette place sur podium est le résultat d’une défense de fer: les Sarthois ont été leader dans ce domaine avec seulement 74,7 points encaissés par match. L’homme fort de cette équipe s’appelle Justin Cobbs. Le meneur américain est arrivé cet été en provenance de Gravelines-Dunkerque. Il a immédiatement pris les clés du jeu manceau. Ses statistiques offensives sont très bonnes: près de 14 points et 6 passes de moyenne par match. Le joueur de 27 ans est le meilleur de l’équipe dans ces deux catégories.
Dans son sillage, on retrouve Mykal Riley. Après une année très compliquée à Nanterre, l’arrière de 33 ans s’est rapproché de son niveau qui était le sien à Dijon en 2013-2014. Le secteur intérieur n’est pas en reste: derrière le capitaine Romeo Travis, un jeune joueur s’est révélé aux yeux du grand public. Youssoupha Fall et ses 2,21m. Après un prêt à Poitiers en Pro B, le pivot français s’est imposé chez les Sarthois: 11,2 points à 70% de réussite, 7 rebonds et 0,9 contre.
Malgré tout, les hommes d’Eric Bartecheky sont sur une pente descendante: après un départ canon (8 victoires-2 défaites), le Mans a légèrement fléchi au fil de la saison et laissé sa place de leader à Monaco. Ils ont même fini la phase régulière sur trois revers. Une fin de championnat qui s’est confirmée hier soir avec la défaite au match 1 des quarts de finale contre l’ASVEL (68-81). Le MSB n’a désormais plus le droit à l’erreur.
Limoges: 4e de la saison régulière (20 victoires – 14 défaites)
Cinq victoires de plus que l’année dernière et le billet pour les playoffs: la saison du CSP Limoges est d’ores et déjà réussie. A l’intersaison, le club est parti d’une feuille blanche. La première pierre posée a été la nomination du coach Kyle Milling. Il arrivait de deux saisons à Hyères-Toulon, club qu’il avait réussi à maintenir en Pro A après un titre de champion de Pro B. L’Américain a pu façonner totalement l’effectif et il ne s’est visiblement pas trompé. Seule ombre au tableau: la difficulté de trouver d’entrée un meneur distributeur. Finalement, Dru Joyce, arrivé fin octobre en provenance de Monaco, a rempli ce rôle.
A Limoges, le collectif prime sur les individualités. La marque est bien répartie: Kenny Hayes à 13 points, Mam Jaiteh à 9,6 points, Axel Bouteille à 9,5 points. La révélation a été William Howard: il a connu Kyle Milling à Hyères-Toulon. Il s’est épanoui en Haute-Vienne. Mis en confiance par les systèmes qu’il connaissait, le joueur de 24 ans a utilisé toute sa palette offensive: 11,3 unités par match et une pointe à 25 contre son ancien club. Des performances qui lui ont ouvert les portes de l’Equipe de France fin février pour un match de qualification à la Coupe du monde face à la Russie.
Surtout, le club a su se relever d’un drame terrible: le 31 décembre dernier, son président et membre de l’équipe championne d’Europe 1993, Frédéric Forte, décédait d’une crise cardiaque. Sa mort brutale a marqué la ville de Limoges et le sport français. Un titre de champion de France serait le plus bel hommage que les joueurs pourraient lui rendre.
Dijon: 5e de la saison régulière (20 victoires – 14 défaites)
Dijon retrouve les playoffs après 3 ans d’absence. 13e budget de Pro A, le club bourguignon est la belle surprise de la Jeep Elite version 2017-2018. Derrière les grosses écuries comme Monaco ou l’ASVEL, on entend peu parler de la JDA. Mais l’équipe trace sa route sans faire de bruit: la meilleure manière de créer la sensation. Comme son adversaire en quart de finale, Limoges, les Dijonnais n’ont pas véritablement un joueur qui sort du lot. A la mène, David Holston et l’international français Axel Jullien se partagent le travail et sont complémentaires. Au poste d’ailier, Rion Lewis est un joueur sur lequel Laurent Legname peut compter: 12,5 points à 50% de réussite. Cette saison, il a terminé 6 matchs à 20 unités et plus.
La raquette dijonnaise est bien gardée et est considérée comme une des meilleures en Jeep Elite: l’expérience de Ryan Pearson alliée à la fougue de Jacques Alingue. Le premier est le joueur le plus prolifique de la JDA (13,7 points) ; le second passe un nouveau cap chaque saison. Il est à la fois le plus adroit du championnat et le deuxième meilleur intercepteur. Jacques Alingue est également capable de se transformer en scoreur: il a fait son record en carrière face à Bourg en Bresse le 20 mars dernier avec 27 points. Avec tous ces atouts, la confrontation avec le CSP Limoges va être très intéressante.
ASVEL: 6e de la saison régulière (19 victoires – 15 défaites)
Certes, Villeurbanne est qualifié pour les playoffs. Mais le plus gros budget de la Jeep Elite (8,2 millions d’euros) est pour le moment une des déceptions de la saison. Pourtant, on attendait beaucoup de cette équipe. Le coach JD Jackson dirigeait l’équipe depuis 2014 et semblait avoir le groupe en main. De plus, le recrutement était 4 étoiles: John Robertson, champion en titre avec Chalon, et AJ Slaughter, en provenance de Strasbourg, devaient dynamiter la ligne arrière de la Green Team.
Mais la saison a été compliquée: avec un bilan mitigé (8 victoires – 8 défaites) JD Jackson est démis de ses fonctions le 15 janvier 2018. Le président Tony Parker le remplace par son frère TJ. L’équipe va redresser la pente pour terminer avec 19 succès mais sans guère plus de certitudes. Côté joueurs, le ballon est bien partagé: cinq joueurs dont Charles Kahudi oscillent entre 9,6 et 11,3 points de moyenne. Parmi eux, Amine Noua. A 20 ans, l’ailier fort s’est installé dans le cinq de départ. Il est passé de 3,2 à 11 points de moyenne en une saison. Malheureusement pour lui, il a déclaré forfait pour le début de ces playoffs à cause d’une luxation de l’auriculaire de la main droite.
Les interrogations sur l’ASVEL sont donc nombreuses. Mais les Rhodaniens sont une véritable équipe de phase finale: en 2016, malgré une 5e place en saison régulière, ils éliminent tour à tour Chalon, Monaco et Strasbourg pour devenir champion de France de Pro A. L’année dernière, ils réussissent l’exploit de sortir Monaco en quarts avant de s’incliner en demi-finale contre Strasbourg (3-2) après avoir mené 2-0. Le cru 2018 est parti sur les mêmes bases: l’équipe de TJ Parker s’est imposé mardi soir sur le parquet du Mans (81-68). Ils peuvent se qualifier dès vendredi dans leur salle de l’Astroballe.
Nanterre: 7e de la saison régulière (19 victoires – 15 défaites)
Elle a été dure à obtenir mais ils y sont! Nanterre va disputer sa quatrième campagne de playoffs consécutive. C’est la récompense après une saison de galères. A commencer par le recrutement. Si une équipe comme Limoges a misé sur les bons joueurs, on ne peut pas dire la même chose pour les Franciliens.
Premier cas: Terran Petteway. Capable d’être performant comme énervant, l’ailier était surtout connu pour son caractère fort. Peut-être trop pour le club qui a décidé en février de le licencier pour mauvais comportement.
Deuxième exemple: Nic Moore. Déçu par ses performances du début de saison, Pascal Donnadieu laisse le meneur hors du groupe. Ce dernier qualifie son entraîneur "d’hypocrite". Les deux parties se séparent d’un commun accord début novembre. Enfin, pour couronner le tout, Alade Aminu a été écarté par le staff nanterrien. Tête de gondole du recrutement et plus gros salaire du club, le pivot nigérian n’a cessé de décevoir au fil des matchs avec seulement 9 points de moyenne. Pascal Donnadieu a préféré "finir la saison avec des mecs qui mouillent le maillot".
Un nom ressort tout de suite: le meneur allemand Heiko Schaffartzik. Le joueur de 34 ans, dès son arrivée en 2016, s’est imposé comme un homme important du vestiaire. Et ses performances parlent pour lui: 11,5 points et 3,7 passes décisives par match. A côté de lui et d’un Jamal Shuler sur courant alternatif, des joueurs comme Hugo Invernizzi ou Lahaou Konaté ont su élever leur niveau de jeu. Ce dernier a même été responsabilisé par Pascal Donnadieu avec le rôle de capitaine. Lors du match 1 des quarts contre Strasbourg, Nanterre 92 s’est incliné lourdement 83-56. Une réaction est attendue à domicile dès vendredi sous peine d’élimination.
Pau-Orthez: 8e de la saison régulière (18 victoires – 16 défaites)
Avec le départ de son MVP Cooper et de son entraîneur Eric Bartecheky, un nouveau cycle s’ouvrait dans le Béarn. Sur le banc de touche, le coach belge Serge Crèvecoeur devait en être le moteur. Les débuts étaient excellents: 5 victoires en 7 matchs dont une sur le parquet de l’ennemi, Limoges (82-71). Mais la suite a été toute autre: 9 défaites en 11 rencontres lui coûtent sa place. Le président Didier Rey promeut l’assistant Laurent Vila en numéro 1. Auteur d’une belle deuxième partie de saison, les Verts et Blancs accrochent le dernier ticket pour les play-offs.
Dans cette saison à rebondissements, les satisfactions sont là. En premier lieu, Elie Okobo. A seulement 20 ans, il s’est vu confier les clés de la maison béarnaise. Malgré du déchet (2,7 balles perdues), le jeune joueur a répondu aux attentes avec presque 13 points et 5 passes décisives par match. Le secteur intérieur a également été très important: à tour de rôle, Ken Horton, Alain Koffi et Vitalis Chikoko ont su faire la différence quand il le fallait. Dernier exemple: lors de la victoire à Monaco (86-85), Chikoko (10 points/match) a terminé avec 19 unités à 9/13 aux tirs.
Sans oublier Taqwa Pinero. L’arrière palois est en lice pour le titre de meilleur sixième homme de Jeep Elite. Cette saison, il a cumulé 9,7 points, 2,8 rebonds, 1,1 passes décisives et 9,58 d'évaluation en moyenne sur 29 matches (dont 24 débutés sur le banc). Ses shoots longue distance ont souvent enflammé le palais des sports de Pau. Tout l’effectif devra être au top niveau pour espérer sortir le gros morceau, l’AS Monaco.