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Victor Wembanyama tout sourire avec les San Antonio Spurs

Victor Wembanyama tout sourire avec les San Antonio Spurs - IconSport

"Asseyez-vous et profitez du spectacle": le grand récit de la première saison de Wembanyama en NBA

Forfait ce dimanche face aux Detroit Pistons, Victor Wembanyama a disputé le dernier match de sa toute première saison régulière de NBA dans la nuit de vendredi à samedi contre Denver. L’occasion de retracer le fil de ces six derniers mois durant lesquels la planète basket a fait la connaissance d’un talent générationnel.

L’impact entre la nouvelle météorite du basket mondial et la terre promise a enfin eu lieu. Après tant d’attente, des centaines d’articles sur le potentiel infini de cet "Alien", des milliers de fans déjà sous le charme en France et des millions de vues sur chacun de ses highlights réalisés avec Boulogne-Levallois, l’Amérique a (enfin) pu se rendre compte de l’ampleur du phénomène.

Rookie le plus attendu depuis LeBron James il y a 20 ans, Victor Wembanyama a achevé sa toute première saison régulière de NBA sur une victoire éclatante contre les Denver Nuggets, dans la nuit de vendredi à samedi (121-120). Auteur d'un véritable festival contre les champions en titre, avec notamment 17 points inscrits en trois minutes, il est forfait pour la rencontre face à Détroit ce dimanche soir, dernier match de la saison des San Antonio Spurs.

Avant-dernier de la conférence Ouest (21 victoires, 60 défaites), le n°1 de la draft 2023 va désormais profiter d’une pause pendant que les meilleures équipes de la ligue s’écharperont en playoffs. L’occasion pour le Français de prendre un peu de repos… et pour RMC Sport de retracer le fil d’une première saison durant laquelle la planète basket a fait la connaissance d’un talent générationnel.

Les statistiques de Victor Wembanyama pour sa saison rookie: 21,4 points, 10,6 rebonds, 3,9 passes décisives, 3,6 contres, 1,2 interception

26 octobre: un premier match frustrant

Une douce euphorie plane au-dessus du Frost Bank Center. Plus de quatre ans après avoir vu leur dernier match de playoffs (défaite au premier tour contre Denver en 2018-2019), les fans texans retrouvent la ferveur des grands soirs. Après tant d’attente, c’est l’heure de voir "Wemby" à l'œuvre lors d’un match officiel de NBA.

Face aux Dallas Mavericks d’un autre prodige européen, Luka Doncic, le Français est gêné par les fautes et doit être préservé par Gregg Popovich pour éviter une exclusion. Il termine la rencontre avec 15 points, 5 rebonds, 2 passes décisives et 1 contre en 23 minutes de jeu. Même s'il a fait parcourir un petit vent de folie dans le quatrième quart-temps, il ne peut cependant pas empêcher la défaite de son équipe (126-119).

"Je n’ai pas besoin de prendre autant de risques en défense", s'agace-t-il après la rencontre. "J’apprends, ce n’est pas surprenant pour un premier match. Pour moi, ce sont des choses simples qui vont être facilement réglables."

"J'ai voulu peut-être trop bien faire, je n’ai pas mis mon énergie dans les bonnes choses"

Le sentiment général après ce baptême du feu est tout de même positif. D’autant que, parfois, le destin nous réserve de jolis clins d'œil. En 1997, Tim Duncan, lui aussi premier choix de draft des Spurs, avait compilé 15 points et 2 passes décisives pour ses grands débuts, soit exactement les mêmes stats que Wembanyama. Le parallèle entre les deux intérieurs va même jusqu’au nombre de shoots tentés et réussis, avec un très sérieux 6/9 au tir. La suite de l’histoire ne peut qu’être belle.

28 octobre: première victoire… et premier double-double

Sa deuxième sortie officielle avec le maillot des Spurs sera la bonne. Deux jours après ses premiers pas face aux Mavericks, Wembanyama et les Spurs l'emportent après prolongation face aux Houston Rockets (126-122). En 31 minutes, l’intérieur compile 21 points, 12 rebonds et 3 contres, signant ainsi le premier double-double (plus de 10 unités dans deux catégories statistiques différentes) de sa carrière. Il en signera 42 autres au cours de la saison.

Victor Wembanyama après le match des Spurs face à Houston, le 28 octobre 2023.
Victor Wembanyama après le match des Spurs face à Houston, le 28 octobre 2023. © LOGAN RIELY / NBAE / GETTY IMAGES / GETTY IMAGES VIA AFP

Après avoir égalisé à 111 partout et défendu avec énergie pour partir en prolongation, "Wemby" a brillé lors des cinq minutes supplémentaires et fait chavirer le public de San Antonio. Les images de son double contre monstrueux en fin de match donnent le ton de la suite de sa saison. "Je suis fier de ce qu'on a fait ce soir. On voit évidemment qu'on peut s'améliorer, mais une victoire est une victoire. J'aime tellement gagner, c'est ma chose favorite dans la vie, donc évidemment je me sens heureux", se réjouit Wembanyama après ce premier succès.

"Ça m'a surpris d'avoir envie de célébrer, c'est juste une victoire. Mais c'est un jour dont je me souviendrai"

3 novembre: l’acte de naissance contre les Suns

Il n’aura mis que huit jours avant de signer sa première performance d’envergure. Celle qui marque un début de carrière. Un tout petit peu plus d’une semaine après ses grands débuts en NBA, il s’offre un match de titan face aux Phoenix Suns, avec 38 points (15/26 au tir), 10 rebonds 2 contres et la victoire en prime face aux coéquipiers de Kevin Durant (132-121), l’une de ses plus grandes inspirations.

Il devient à ce moment-là le troisième joueur de moins de 21 ans à marquer plus de 35 points et prendre au moins 10 rebonds dans un seul match. Les deux seuls à avoir réalisé une telle performance avant lui? LeBron James et Kevin Durant, rien que ça.

Incandescent en fin de match pour contenir le retour des Suns, l’intérieur tricolore s’est comporté comme un patron pour mener son équipe vers une troisième victoire en cinq rencontres. "À chaque match, on essaie de trouver le bon moyen de faire mal à l'autre équipe. Ce soir, ça s'est passé comme ça, peut-être que demain ce sera quelqu'un d'autre. Mais il fallait bien que quelqu'un s'y colle", lance Wembanyama.

Victor Wembanyama et Kevin Durant après le match entre les San Antonio Spurs et les Phoenix Suns, le 03/11/2024
Victor Wembanyama et Kevin Durant après le match entre les San Antonio Spurs et les Phoenix Suns, le 03/11/2024 © AFP

Il confirme ainsi tout ce que la planète basket voyait en lui: à même pas 20 ans (il les a fêtés en janvier 2024), il prouve qu’il est capable de dominer dans la plus grande ligue de basket au monde. "Je ne vois personne comme lui en NBA", loue Durant après la rencontre.

"Il est unique. Il va créer sa propre histoire"

5 novembre-16 décembre: une série de défaites historique

Après cette soirée d’ivresse face aux Suns, sommet émotionnel et point d’orgue statistique de son début d’aventure en NBA, la gueule de bois est sévère. Grisé par ce succès de prestige contre Phoenix, les Spurs vont être sevrés de victoire pendant… 18 matchs. Les Texans perdent toutes leurs rencontres entre le 5 novembre et le 16 décembre et entrent dans l’histoire en signant la pire série de défaites de toute l’histoire de la franchise (16 défaites, triste record établi la saison précédente).

Collectivement, les Spurs sombrent. Mais à dire vrai, les hommes de Gregg Popovich sont en fait là où on les attendait. Wembanyama a débarqué dans ce qui était (déjà) l’une des pires équipes de la ligue (22 victoires pour 60 défaites en 2022-2023, 28e équipe sur 30), dont l’ossature n’a pas changé à l’intersaison.

D’un point de vue individuel, Wembanyama continue d’afficher des statistiques plus que sérieuses. Son influence, que ce soit en attaque ou en défense, est déjà impressionnante. "Il joue dur. Et il ne considère pas ça comme acquis, confie Nikola Jokic, double MVP de saison régulière (2021, 2022) et champion NBA en titre, après avoir affronté l'alien français pour la première fois de sa carrière. Il défend sur tout le monde. Il va changer le jeu, c’est certain. À 19 ans, il est déjà sur cette voie."

"Donc, asseyez-vous et profitez du spectacle"

Mais l’ancien de Boulogne-Levallois connaît toutefois des soirées galères. Face aux Knicks, le 9 novembre, il n’inscrit qu’un seul panier au cours des trois premiers quart-temps (6 points à 1/9 avant le début du quatrième quart-temps). Le public new-yorkais, l’un des plus chauds de toute la ligue, ne manque pas l’occasion de le chambrer en scandant des "overrated" ("surcoté").

Victor Wembanyama lors de sa soirée galère face aux New York Knicks, le 08/11/2023
Victor Wembanyama lors de sa soirée galère face aux New York Knicks, le 08/11/2023 © Icon

"On sait où l'on va, on est entre de bonnes mains", tient à rassurer le prodige tricolore fin novembre, en plein milieu de ce tunnel de défaites. "J'apprends tous les jours. Je suis déjà meilleur qu'au début de saison. Ce qui est satisfaisant c'est que sur tous les secteurs que nous ciblons avec les entraîneurs, je me suis amélioré. On ne parle pas et on ne travaille pas pour rien."

24 décembre-15 janvier: les minutes sont restreintes…

L’une des interrogations de cette saison 2023-2024 était la faculté de Wembanyama à enchaîner les rencontres. Avec 71 matchs disputés sur 82, le corps du Français a su répondre aux exigences du marathon qu’est la saison régulière. Un premier couac intervient cependant à la fin de l’année civile. Absent face aux Milwaukee Bucks quatre jours plus tôt à cause d’une douleur à la cheville, le géant tricolore connaît un nouveau pépin le 24 décembre face aux Mavs. À l’échauffement, il trébuche sur le pied d’un ramasseur de balle présent sur la ligne de fond et est de nouveau touché à la cheville qui le faisait souffrir.

Plus de peur que de mal pour le Français, qui reviendra trois jours plus tard après avoir été laissé au repos contre Dallas. Mais cette date marque le début d’un feuilleton qui va rythmer son début d’année 2024.

Pour préserver la cheville de leur leader, les Spurs décident de lui appliquer une restriction de minutes. Jusqu’à la mi-janvier, Wembanyama n’a pas le droit de passer plus de 25 minutes par match sur le parquet. Cette gestion est vivement critiquée par une partie des fans, frustrés de ne pas voir le phénomène en capacité de s’exprimer pleinement.

Victor Wembanyama est resté sur le banc face aux Dallas Mavericks après une torsion de la cheville à l'échauffement, le 24/12/2024
Victor Wembanyama est resté sur le banc face aux Dallas Mavericks après une torsion de la cheville à l'échauffement, le 24/12/2024 © AFP

Le principal intéressé, lui, a également des fourmis dans les jambes. Au point de parfois "forcer" son entrée en jeu. Le 3 janvier, lors de la défaite des San Antonio Spurs face aux Memphis Grizzlies (106-98), sous les yeux plutôt étonnés de Gregg Popovich et de son staff, l’intérieur tricolore quitte spontanément son banc, se dirige vers la table de marque et pointe du doigt Blake Wesley, son coéquipier, dans le but d’entrer à sa place. Il a seulement le temps d’inscrire un dunk puissant dans la raquette des Grizzlies avant d’être rappelé sur le banc. "J’ai parlé au coach et je lui ai dit: ‘J’ai déjà joué 25 minutes. Qu’est-ce que c’est que deux minutes de plus?’", confie alors Wembanyama.

Fidèle à sa réputation, Gregg Popovich reste inflexible. "C’est un compétiteur. Tous ces gars, à ce niveau, ne sont pas arrivés là en n’étant pas compétiteurs. Il préférerait donc jouer. Cela le frustre plus que tout", indique l’homme aux cinq titres NBA à la tête des Spurs. "Quand nous l’avons laissé sur le banc à Dallas (le 24 décembre, NDLR), il n’était pas content."

"Mais je suis content qu’il ne soit pas content"

…mais pas son impact

L’impact de Wembanyama est cependant bien moins limité que ses minutes. Au contraire. Durant cette période, il continue sa montée en puissance et évite le fameux rookie wall, cette règle qui veut qu’un jeune joueur dans sa première année NBA connaisse une grosse baisse de régime au cours de la saison. La restriction de son temps de jeu a peut-être finalement été un mal pour un bien en lui permettant de garder du jus tout au long de la saison.

Le 29 décembre, face à Portland (victoire 118-105), il compile par exemple 30 points (à 9/14 au tir et 10/10 au lancer franc), 6 rebonds, 6 passes décisives et 7 contres en seulement 24 minutes de jeu. Grâce à ce match étincelant, son troisième à plus de 30 points depuis le début de la saison, Wembanyama est tout simplement devenu le premier joueur de l’histoire à compiler 30 points et 7 contres en moins de 30 minutes. Deux jours plus tard, il remet ça avec un dunk irréel face aux Boston Celtics. En mode planeur, il s’envole au-dessus de Derrick White. Fin février, la vidéo de cette action devient la plus vue de toute l’histoire sur les plateformes sociales de la NBA.

"Je ne suis pas un idiot. J’espérais qu’il fasse un dribble de plus pour lui piquer le ballon", sourit Derrick White, pourtant l’un des défenseurs les plus solides et malins de la ligue, au sujet de ce dunk. "Mais il a décollé et je ne l’ai plus revu."

Le dunk de Victor Wembanyama sur la tête de Derrick White, le 31/12/2024
Le dunk de Victor Wembanyama sur la tête de Derrick White, le 31/12/2024 © AFP

11 janvier: le premier triple-double (et une nouvelle entrée dans les livres d’histoire)

Durant cette fameuse période, il signe également son tout premier triple-double. Lors de la victoire de San Antonio à Detroit (130-108), il inscrit 16 points, prend 12 rebonds et délivre 10 passes en seulement 21 minutes. Ce soir-là, il devient le 5e plus jeune joueur de l'histoire de la NBA à valider un triple-double (plus de 10 unités dans trois domaines statistiques), derrière Josh Giddey, LaMelo Ball, Markelle Fultz et Luka Doncic, tous auteurs de cette performance à 19 ans.

Victor Wembanyama lors de la victoire de San Antonio à Detroit (130-108) et son premier triple-double, le 11janvier 2024
Victor Wembanyama lors de la victoire de San Antonio à Detroit (130-108) et son premier triple-double, le 11janvier 2024 © AFP

Dans toute l’histoire de la NBA, un seul joueur avait réussi un triple-double aussi rapidement: Russell Westbrook, spécialiste du genre et recordman du nombre de triple-double en carrière (en 2014, il l’avait fait en 20 minutes). Le prodige français savoure.

"Le faire lors d'une victoire compte plus que tout, bien sûr"

"Je ne savais pas que c’était le deuxième plus rapide de l’histoire de la NBA. Cela compte pour moi. Je ne suis pas du genre à parler pour rien. C’est le genre de déclaration que nous voulons faire en tant qu’équipe. C’est le genre de déclaration que je veux faire en tant que joueur."

25 janvier: la grosse bataille contre Chet Holmgren, acte I

C’est l’un des autres feuilletons qui a rythmé cette première saison de Wembanyama en NBA: la course au titre de rookie de l’année. Chet Holmgren, drafté en deuxième position de la draft 2022 mais absent de la saison 2022-2023 à cause d’une blessure, lui oppose une grosse résistance. Malgré des statistiques légèrement moins ronflantes (mais plus que sérieuses), Holmgren reçoit le titre de rookie du mois à l’Ouest en novembre et décembre. À ce moment-là, les résultats collectifs plombent Wembanyama, pendant que l’Américain parvient à tirer son épingle du jeu dans une équipe qui joue les premières places de la Conférence Ouest, Oklahoma City. C'est un Tricolore bien décidé à mettre la main sur le trophée de rookie du mois qui se présente ce soir-là.

"Chaque match est une déclaration à partir de maintenant"

Ce sera chose faite quelques jours plus tard, avec une première distinction pour ses performances en janvier. Il ne lâchera plus le trophée puisqu’il sera mis à l’honneur en février, en mars puis en avril.

Victor Wembanyama et Chet Holmgren lors du match de NBA entre les Spurs et le Thunder, le 24/01/2024
Victor Wembanyama et Chet Holmgren lors du match de NBA entre les Spurs et le Thunder, le 24/01/2024 © AFP

Le match du 25 janvier est la première grosse confrontation entre deux hommes voués à devenir les visages de la NBA dans les années à venir. Si Wembanyama et Holmgren s’étaient montrés très discrets lors de leur première opposition, en novembre, ils se livrent cette fois-ci un duel de haut vol. Un sommet est atteint au début du quatrième quart-temps, quand Wembanyama enfonce son nouveau meilleur ennemi sous le cercle, écrase un dunk autoritaire sur sa tête puis le toise du regard.

17 février: l’entrée dans le monde "merveilleux" du All Star week-end

Il n’a pas réussi à devenir le premier rookie sélectionné pour le All-Star Game depuis Blake Griffin en 2011. Mais le n°1 de la draft 2023 a tout de même été mis dans la lumière à Indianapolis. Presque huit mois jour pour jour après la défaite de Boulogne-Levallois face à Monaco lors du match 3 des finales de Betclic Elite, le 15 juin 2023 sous les yeux d’un court central de Roland-Garros acquis à sa cause, Wembanyama a rejoué sous les mêmes couleurs que Bilal Coulibaly à l’occasion du "Rising Stars".

Lors d’un mini-tournoi de trois matchs, les meilleurs rookies et sophomores (deuxième année) sont répartis en trois équipes, avec une quatrième équipe composée de joueurs évoluant en G-League, l’antichambre de la NBA. Dans la "Team Pau Gasol", les deux anciens coéquipiers sont éliminés du tournoi dès leur premier match. Principale attraction de ce Rising Stars, Wembanyama s'est montré particulièrement maladroit.

Victor Wembanyama et Bilal Coulibaly lors du Rising Stars, au All Star week-end d'Indianapolis, le 12/04/2024
Victor Wembanyama et Bilal Coulibaly lors du Rising Stars, au All Star week-end d'Indianapolis, le 12/04/2024 © AFP

Le lendemain, il a l’occasion de se rattraper lors du Skills Challenge, un concours mêlant agilité, vitesse, passe et shoot. Placé dans la team "First pick", en compagnie d’Anthony Edwards et Paolo Banchero, il y fait cette fois bonne figure. Mais il est notamment plombé par Edwards, qui décide de prendre le concours à la légère en shootant de sa main gauche, sa main faible. À l’issue de ce Skills Challenge, il laisse apparaître sa mentalité de compétiteur.

"Ils voulaient s’amuser. Mais s’amuser, c’est gagner"

24 février: un nouveau palier statistique avec le "five by five"

La grande kermesse du basket américain désormais derrière lui, Wembanyama peut tourner son regard vers la fin de saison. Et la pause du All Star week-end n’a pas enrayé sa bonne dynamique. Le 24 février, dans une défaite contre les Los Angeles Lakers de LeBron James (123-118), il franchit un nouveau palier statistique en s’offrant le premier "five-by-five" (cinq unités dans cinq catégories statistiques différentes): 27 points, 10 rebonds, 8 passes, 5 interceptions et 5 contres. Il devient le premier rookie à réaliser une telle performance depuis Jamaal Tinsley en 2001, et le premier joueur (tout court) à faire ce fameux "five by five" depuis Jusuf Nurkic en 2019.

Victor Wembanyama et LeBron James après le five by five du Français contre les Lakers, le 24/02/2024
Victor Wembanyama et LeBron James après le five by five du Français contre les Lakers, le 24/02/2024 © AFP

"J'espère qu'on pourra repenser à ces chiffres un jour et les considérer comme une bonne performance, mais je ne peux pas me satisfaire d'une défaite aujourd'hui", tempère cependant Wembanyama.

Plus globalement, cette performance témoigne de sa grande polyvalence. De plus en plus efficace en attaque, il se montre extrêmement actif en défense. Pour lui, le mois de février a d'ailleurs pris des allures de véritable "block party", avec une moyenne de 5,3 contres entre le 13 et le 28 février (six matchs). Dans ce secteur, avec 3,6 contres de moyenne sur la saison, il est d’ailleurs sur les bases des meilleurs de l’histoire. Parmi les 10 contreurs les plus prolifiques de l’histoire, seul David Robinson (3,9 contres) a fait mieux sur sa saison rookie.

Plus les semaines passent, plus sa cote pour le titre de défenseur de l’année augmente. Si ce trophée semble promis à Rudy Gobert, patron de l’une des meilleures défenses de la Ligue (les Minnesota Timberwolves), Wembanyama est peu à peu remonté chez les favoris des bookmakers. Jusqu’à se présenter, en cette fin de saison, comme le principal outsider de son coéquipier chez les Bleus.

1er mars: la grosse bataille contre Chet Holmgren, acte II

Un peu plus d’un mois après leur duel épique, les deux joueurs se retrouvent le 1er mars. Après un mano à mano tout au long du match, le Français entérine le succès des Spurs face au Thunder (132-118) grâce un contre magistral sur… Holmgren. Alors que ce dernier tente un step-back sur sa tête, l’intérieur de San Antonio le scotche sur place. Avec une triple humiliation pour l’Américain: le contre, le ballon qui reste dans les mains de Wembanyama… et la fin de l’action terminée sur les fesses.

Holmgren s’offre pourtant une prestation plus que solide, avec 23 points, 7 rebonds et 5 passes. Mais avec cette action d’éclat et une nouvelle grosse performance (28 points, 13 rebonds, 7 passes et 5 contres), Wembanyama donne l’impression d’avoir définitivement plié le débat du rookie de l’année. Son coéquipier Devin Vassell est du même avis.

"J’ai le sentiment que c’est fini"

"Nuit après nuit, les trucs qu’il fait et l’impact qu’il a des deux côtés du terrain... Gros tir, gros contre. Quoiqu’il en soit, on n’a pas l’impression que c’est un rookie. Les tirs qu’il prend, la confiance qu’il a dans son jeu est incomparable".

30 mars: le record de points face aux Knicks

Une belle revanche. Alors qu’il avait passé une soirée compliquée sur le parquet des Knicks au mois de novembre, Wembanyama se venge en claquant son record de points de la saison lors d'un match face à la franchise new-yorkaise, le 30 mars. Lors de la victoire des Spurs en prolongation (130-126), il termine la partie avec 40 points, 20 rebonds, 7 passes et 1 contre.

Il devient ainsi le premier rookie à cumuler plus de 40 points et 20 rebonds en un seul match depuis Shaquille O'Neal en 1993. Son précédent record de points datait du fameux match à 38 points contre les Phoenix Suns, le 3 novembre. Une éternité.

Wembanyama cède à l’euphorie et célèbre la victoire en envoyant le ballon dans les tribunes. Puisqu’il faut une première à tout, il est sanctionné par la NBA à cause de ce geste et écope d’une amende de 25.000 dollars (23.175 euros). "Quand j’ai jeté le ballon, j’y ai pensé, je me suis dit que d’autres avaient déjà été sanctionnés pour ça", a-t-il justifié. "Mais je me suis dit: 'Non, c’est bon.' Je l’ai lancé pour faire plaisir à quelqu’un. Pas pour blesser ou quoi que ce soit. C’était juste drôle. Je me suis dit que ça passerait."

Victor Wembanyama lors de son record de points face aux New York Knicks, le 29/03/2024
Victor Wembanyama lors de son record de points face aux New York Knicks, le 29/03/2024 © AFP

3 avril: tout proche du légendaire quadruple-double

Et parce que l'histoire n'est probablement jamais assez belle, la première saison NBA de Victor Wembanyama manque de basculer dans la folie douce le 3 avril. Ce soir-là, le Français passe à un cheveu d'une performance historique. Au cours d’un duel mémorable face à Nikola Jokic, Victor Wembanyama frôle le quadruple-double face aux Denver Nuggets. L’intérieur français compile la bagatelle de 23 points, 15 rebonds, 8 passes décisives et 9 contres, passant à "seulement" deux passes et un contre d’un exploit retentissant.

Victor Wembanyama et Nikola Jokic, le 02/04/2024 après Spurs-Nuggets
Victor Wembanyama et Nikola Jokic, le 02/04/2024 après Spurs-Nuggets © AFP

Car s’il a pris l’habitude de repousser les limites, claquer un quadruple-double aurait incontestablement été le plus grand exploit de sa jeune carrière. Depuis la saison 1973-1974, date à partir de laquelle les contres et les interceptions ont commencé à être pris en compte, seuls quatre joueurs ont réussi cette performance: Nate Thurmond (1974), Alvin Robertson (1986), Hakeem Olajuwon (1990) et David Robinson (1994). Voilà désormais 30 ans que "l’Amiral" Robinson se cherche inlassablement un successeur. Rien d'étonnant, à en croire Hakeem Olajuwon, l'un des autres membres de ce club très privé.

"C’est ni plus ni moins la chose la plus difficile à accomplir pour un joueur de basket"

"J’ai un immense respect pour ceux qui ont pu réaliser cela. Quand on y pense, c’est quelque chose d’insensé." Après seulement quelques mois en NBA, Wembanyama est donc tout proche de décrocher ce Graal resté inatteignable pour la plupart des meilleurs joueurs de l’histoire. Rendez-vous dans six mois, pour le début de la prochaine saison régulière et l'an 2 de l’ère Wembanyama? La planète n’attend que ça. Pour le quadruple-double… et pour tout le reste.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport