Finales NBA: comment les Boston Celtics peuvent-ils stopper l’inarrêtable (et l’infernal) Doncic?

C’est l’heure des grands garçons. Celle qui peut permettre à un joueur de changer la destinée de sa carrière. Luka Doncic peut - pour l’instant - être résumé à un monstre statistique, un génie du basket capable de remettre une franchise, les Dallas Mavericks, tout en haut de la Conférence Ouest. D’ici un peu plus de deux semaines, à l’issue des Finales NBA (un éventuel match 7 serait programmé le 24 juin), il peut définitivement entrer dans l’histoire de la plus grande ligue de basket au monde.
Dans la nuit de jeudi à vendredi (2h30), Doncic et Dallas partent à la conquête du Larry O'Brien Trophy, avec le match 1 des finales NBA sur le parquet des Boston Celtics. Sur le papier, les coéquipiers de Jayson Tatum, meilleur bilan de toute la NBA en saison régulière (64 victoires, 18 défaites), partent favoris face à des Mavericks impressionnants en playoffs mais "seulement" cinquièmes de la Conférence Ouest (50 victoires, 32 défaites). Pourtant, à l’heure de ce grand rendez-vous, une question est sur toutes les lèvres: les Celtics trouveront-ils la solution pour arrêter Luka Doncic, présent en Finales NBA pour la première fois de sa carrière?
Le Slovène, troisième de la course au MVP de saison régulière derrière Nikola Jokic et Shai Gilgeous-Alexander, a martyrisé les Minnesota Timberwolves en finale de conférence, avec 32,4 points, 9,6 rebonds et 8,2 passes de moyenne. Le tout en étant aussi insolent dans sa réussite au shoot que dans ses multiples provocations. Après avoir inscrit le tir à trois points de la gagne sur la tête de Rudy Gobert au match 2, l’ancien joueur du Real Madrid s’en est violemment pris au pivot français.
"Fils de p***! Tu es incapable de défendre sur moi", a-t-il asséné.
Un personnage clivant... qui se sublime dans les ambiances hostiles
Le comportement de Doncic, qui a déjà accumulé 78 fautes techniques depuis son arrivée en NBA en 2018 (seul Draymond Green a fait pire sur la période), est clivant. Entre deux step-backs à trois points et une passe aveugle, le Slovène râle auprès des arbitres, provoque ses adversaires et toise le public. Un comportement loin d’être anecdotique au regard de ses performances à l’extérieur.
En endossant bien volontiers ce rôle d’enfant terrible, Doncic parvient à se sublimer. Depuis le début de ces playoffs, il a inscrit en moyenne cinq points de plus à l’extérieur (31,1 points en 9 matchs) qu’à domicile (26,1 points en 8 matchs), preuve que le sentiment du "seul contre tous" le stimule au plus haut point. "C'est beaucoup plus agréable de gagner loin de chez nous. Tu sais qu'il va y avoir plein de monde dans la salle et, quand tu marques, ça devient un peu plus calme d'un coup", savoure le principal intéressé.
Face au public de Boston, réputé pour être le plus chaud de toute la ligue, Doncic va être servi. Les regards seront évidemment tournés vers les retrouvailles entre son coéquipier, Kyrie Irving, et les Celtics, l’histoire entre le meneur et la franchise du Massachusetts (deux saisons entre 2017 et 2019) s’étant très mal terminée. Un contexte électrique qui risque bien de sublimer Doncic.
Face aux Celtics, deux triple-doubles monstrueux en saison régulière
Tout l’enjeu sera donc de limiter son impact. Pourtant meilleure défense de NBA en 2023-2024, Minnesota n’a jamais trouvé la solution au tour précédent. Joe Mazzulla et son staff feront-ils mieux? Le parcours des Celtics durant ces playoffs, où Boston s’est frayé un chemin jusqu’en finale sans jamais donner l’impression de survoler les débats, malgré des victoires nettes à chaque série (4-1 contre Miami au premier tour, 4-1 contre Cleveland en demi-finale de conférence, 4-0 contre Indiana en finale de conférence), ne permet pas de se faire une réelle idée de ce que les Celtics ont dans le ventre, notamment sur le point tactique. Entre l’absence de Jimmy Butler au premier tour, la blessure de Donovan Mitchell pour les deux derniers matchs de la série face à Cleveland ou celle de Tyrese Haliburton au match 2 de la finale de conférence, Boston n’a pas encore affronté une équipe à 100%. Ce sera le cas face aux Mavericks.
Lors de leurs deux confrontations en saison régulière, les Celtics n’ont jamais réussi à stopper Doncic, auteurs de deux triple-doubles monstrueux (33 points, 18 rebonds, 13 passes décisives le 23 janvier ; 37 points, 12 rebonds et 11 passes décisives le 2 mars), mais sont à chaque fois repartis avec la victoire.
Pour contenir Doncic, Boston a pourtant des armes. Collectives, déjà, avec le deuxième meilleur defensive rating (la moyenne de points encaissés sur 100 possessions) de toute la NBA, juste derrière Minnesota. Mais aussi individuelles. Avec Derrick White et Jrue Holiday, tous les deux voués aux missions défensives sur les lignes arrières, les Celtics disposent de deux joueurs élus dans la Second All Defensive Team de la saison. Jaylen Brown, également très fort sur l’homme, devrait aussi s’occuper du cas Doncic.
Luguentz Dort et OKC, l'exemple à suivre?
L’arrivée de Jrue Holiday, échangé contre Malcolm Brogdon l’été dernier, avait justement comme objectif d’ajouter du talent défensif. "Je pense que Jrue Holiday peut le ralentir", avance Fred Weis, notre consultant, dans le podcast Basket Time, sur RMC. "L’avantage qu’il a, c’est qu’il peut casser les écrans. Il a cette capacité à être physique et dur."
Pour se donner un peu de cœur à l’ouvrage, Jrue Holiday pourrait s’inspirer du travail réalisé par Luguentz Dort au deuxième tour des playoffs. Profil similaire à celui du joueur des Celtics - puissance, vélocité et dureté physique -, l’arrière d’Oklahoma City avait réalisé un sacré travail de sape sur Doncic, auteur de sa moins bonne moyenne de points des playoffs sur cette série (24,7 points).
Malgré tous les efforts de Luguentz Dort, Dallas avait finalement réussi à se sortir du piège tendu par OKC grâce à ses ressources collectives. "La clef pour les Celtics n’est-elle pas plutôt d’arrêter les autres?", avance ainsi Stephen Brun dans Basket Time. "Arrêter Luka, ça peut être une problématique trop complexe, un problème insoluble. Est-ce qu’ils ne feraient pas mieux d’essayer de contenir P.J Washington à 10 points et Kyrie à 20 points? Car si tu te sacrifies sur Luka et que ça ne marche pas, qu’est-ce que tu fais?" C’est tout simplement un titre NBA qui se joue sur cette question.