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Une "course" à la dernière place: comment Victor Wembanyama pourrait perturber la saison en NBA

La folie autour de Victor Wembanyama a atteint des proportions délirantes après les deux rencontres disputées par les Metropolitans 92 aux Etats-Unis cette semaine. À l’aube d’une nouvelle saison NBA, tout laisse penser que de nombreuses franchises vont se lancer dans une "course vers le bas" pour tenter de changer leur destin lors de la prochaine draft.

Il pourrait avoir un impact considérable sur le classement de la prochaine saison régulière de NBA sans avoir jamais mis un seul pied sur les parquet de la Grande Ligue. L’hypothèse peut paraître saugrenue voire absurde, mais le plus prestigieux championnat de basket au monde est un univers à part, où la course aux dernières places peut parfois être suivie avec encore plus de passion que celle vers les sommets.

Les amoureux de NBA en ont l’habitude. À chaque fois qu’un prospect affole les recruteurs, le début de saison est animé par une seule et même question: quelle équipe aura le pire bilan et sera, par ricochet, la mieux placée pour décrocher le premier choix de la draft ? Cette course au tanking - perdre délibérément pour avoir le plus de chance d’enrôler un joueur prometteur - est combattue depuis un moment dans les plus hautes sphères de la NBA, avec notamment un nouveau système de loterie (voir plus bas). Mais un jeune homme de 18 ans, couvé par le basket français depuis des années, est en train de mettre à mal les plans élaborés par Adam Silver, patron de la NBA, pour maintenir de la compétitivité au sein de son championnat.

"On a l'impression que la nuit dernière va lancer une course vers le bas comme on n'en a jamais vue"

Déjà énorme avant ce séjour outre-Atlantique, la hype autour de Victor Wembanyama a atteint des proportions délirantes après les deux rencontres disputées par les Metropolitans 92 contre la G-League Ignite, une sélection en grande partie composée de jeunes joueurs prometteurs, cette semaine près de Las Vegas. Le phénomène tricolore, annoncé depuis des mois comme le probable N°1 de la draft NBA en juin prochain, a livré deux performances XXL, avec 36,5 points, 7,5 rebonds, et 4,5 contres de moyenne sur les deux matchs. Les observateurs américains ont ainsi eu l’occasion de voir le talent unique du Français, phénomène physique (environ 2,20m) doté d’une fluidité technique et d’une mobilité jamais vue pour un joueur de cette taille.

"Victor déforme la réalité du basket, a lâché le manager général d’une franchise NBA à ESPN mercredi, après le premier show de Wembanyama. La stratégie du tanking va vraiment changer après cette démonstration. On a l'impression que la nuit dernière va lancer une course vers le bas comme on n'en a jamais vue."

Cette fameuse "course vers le bas" avait été quelque peu abandonnée ces dernières saisons. Avant 2019 et la réforme de la loterie, le pire bilan de la saison avait 25% de chance de remporter le premier choix de la draft, contre 19,9% pour le deuxième et 15,6% pour le troisième. Avec le nouveau système, les trois pires bilans ont "seulement" 14% de chances de décrocher la timbale.

La jurisprudence Zion Williamson ?

Et la réforme mise en place par Adam Silver pour traquer les losers a plutôt fait ses preuves. En 2019, pour la draft de Zion Williamson, à l’époque perçu comme le prospect le plus attendu en NBA depuis LeBron James, le premier choix de la draft était revenu aux New Orleans Pelicans, qui avaient “seulement” le 8e pire bilan de la ligue. Avec 17 victoires pour 65 défaites et la dernière place de la NBA, les New York Knicks avaient tout fait pour s’offrir le premier choix de la draft. Mais, en leur donnant le troisième choix, le destin en avait décidé autrement.

Au regard de cette incertitude, se saborder toute une saison pour, au final, avoir 14% de chance d’enrôler "Wemby", comme le surnomme déjà les Américains, peut paraître incongru. Pour la plupart des jeunes prospects, le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle. Mais Wembanyama est de ceux qui peuvent changer le destin d’une franchise, un talent générationnel amené à régner sur la NBA si son physique suit. Et les récentes déclarations des principaux acteurs de la Grande Ligue suffisent à comprendre l’impact attendu du joueur formé à Nanterre.

Le joueur le plus attendu depuis LeBron James ?

"C’est un Kevin Durant de 2m20 qui contre des tirs et qui n’a même pas atteint son potentiel. C’est le joueur le plus attendu et médiatisé depuis LeBron", s’enflamme un GM auprès d’ESPN. Kevin Durant et LeBron James, deux des meilleurs joueurs au monde actuellement, ont justement adoubé le petit frenchie. "Ce type de talent et de compétence, cela vous donne juste le sourire si vous jouez au basket parce que l'évolution du jeu est allée si loin. Il va vraiment mettre la ligue en difficulté quand il arrivera", a confié "KD", si peu loquace en temps normal. "Ces dernières années, on nous présente tout le monde comme des ‘licornes’, mais lui, c’est plutôt un extraterrestre. Personne, moi le premier, n’a jamais vu quelqu’un d’aussi grand que lui être aussi fluide et gracieux lorsqu’il est sur le terrain", a de son côté loué LeBron James.

À l’image de Tim Duncan avec les Spurs en 1997 ou de LeBron James avec les Cavaliers en 2003, Wembanyama pourrait donc faire partie des N°1 de draft qui ont à jamais modifié le visage de la franchise qui les a draftés. Spurs, Rockets, Thunder, Jazz, Pacers… A l’aube de cette nouvelle saison NBA, qui débutera dans la nuit du 18 au 19 octobre, toutes ces franchises en reconstruction vont certainement se donner les moyens d’ouvrir une nouveau chapitre de leur histoire. Peut-être, pour beaucoup, l'un des plus excitants.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport