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"Nous voulons être attractifs pour tout le monde", le manager général de l’AS Monaco basket ne ferme pas la porte à la NBA Europe

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NBA Europe, Euroleague, nouvelle salle, Vassilis Spanoulis, Mike James… Oleksiy Yefimov se confie à RMC Sport. Manager général de l’AS Monaco basket, Le dirigeant ukrainien, aux commandes de la Roca Team depuis 2012 en N1, s’exprime avant le match 3 de son équipe à Barcelone ce mercredi (19h) en quart de finale de l'Euroligue.

Oleksiy Yefimov, Monaco mène 2-0 en quart de finale d'Euroligue contre Barcelone. Quelles sont vos impressions après ces deux premiers matches?

Je pense que sur ces deux matchs, nous avons produit notre meilleur basket de la saison. Il est important de noter que nous avons eu des joueurs décisifs différents, des facteurs X dans le premier et le deuxième match. Par exemple, à l'intérieur, dans le premier, Daniel Theis a été incroyable des deux côtés du terrain. Lors du match suivant, c'est Mam Jaiteh qui a fait le travail. C'est bien de montrer que nous avons une vraie équipe et que nous ne dépendons pas seulement d'un ou de quelques joueurs clés. Je pense que c'est crucial dans ce genre de série. J'aimerais également souligner le niveau physique dont nous avons fait preuve.

On a aussi vu 21 et 28 passes décisives sur ces deux matchs. Est-ce un meilleur Monaco que les trois saisons précédentes en Euroligue?

Je pense que c'est une version différente de Monaco et c'est ce que nous voulions tous voir. Nous voulions moins d’isolations, moins de un contre un et plus de basket-ball d'équipe. On veut une équipe qui joue aux échecs sur le terrain.

Le choix Vassilis Spanoulis, arrivé sur le banc en novembre dernier, est-il déjà une réussite?

Oui, sans aucun doute. Je pense qu'il est déjà visible que nous jouons différemment. On voit aussi que c'est un personnage qui n'a peur de rien. Et il sait comment diffuser ce caractère dans le vestiaire. C'est très important car, surtout dans les matchs cruciaux comme les séries éliminatoires, c'est une question de caractère. Et je crois qu'il va s'améliorer en acquérant de l'expérience. J'ai le sentiment qu'il veut créer le même héritage que celui qu'il a laissé lorsqu'il était joueur. Il veut faire la même chose en tant qu'entraîneur. Je pense qu'il s'agit d'une excellente synergie. C'est un jeune entraîneur, nous sommes encore un jeune projet. J'espère donc que nous créerons notre héritage commun.

Qu’a-t-il apporté à l’équipe?

Réponse très simple: il est très difficile de trouver quelqu'un qui ne considère pas les défaites comme une opportunité. Pour lui, c'est juste une partie du processus. Il a compris qu'il était impossible de gagner tous les matches. S'il y a une défaite, ce n'est pas un problème. C'est juste un moment qu'il faut surmonter, prendre la leçon et repartir plus fort.

Quel est l’objectif pour cette fin de saison?

Maintenant, l'objectif est de gagner ce troisième match contre Barcelone, qui est l’étape la plus importante pour aller à Abu Dhabi (où se déroulera le Final Four du 23 au 25 mai, NDLR). Ce sera très difficile à Barcelone. Nous comprenons que sur leur terrain, ce sera un match différent. Nous devons rester concentrés, nous devons être déterminés, comme nous l'avons montré la semaine dernière. On y va pas à pas. Aujourd'hui, nous nous concentrons sur le prochain match contre Barcelone. On vise aussi un troisième titre de champion de France consécutif.

Mais pensez-vous pouvoir gagner l'Euroligue cette année?

Bien sûr, c'est ce que nous allons viser. Mais encore une fois, step by step. Nous nous concentrons sur ces playoffs. Je pense que toutes les équipes encore en course vont faire de leur mieux. Le format du Final Four permet d'équilibrer les chances. Ça ne se joue que sur deux matchs de 40 minutes.

On l’a vu y a deux ans lors du Final Four à Kaunas, vous meniez à la mi-temps de la demi-finale quand l'Olympiakos a passé un 27-2 à la Roca Team pour mettre fin aux rêves de titre…

C'était une expérience douloureuse, mais très importante. Je pense qu'elle nous a rendus plus forts.

Depuis votre arrivée en Euroligue, vous avez toujours disputé les playoffs. Vous avez aussi terminé trois fois, en quatre saisons, dans le top 4 de la saison régulière. Que cela veut dire de Monaco?

Je dis toujours que l'un des éléments cruciaux de votre travail est la régularité. Nous avons montré que nous pouvions être constants. Nous avons montré que nous étions capables d'être compétitifs à ce niveau. Je pense que la première année, les gens auraient pu penser qu'il s'agissait d'un conte de fées. Maintenant, Monaco est vu différemment. Obtenir encore une fois l’avantage du terrain grâce à notre place dans le top 4 nous permet de bien commencer les playoffs. C’est bien car cette saison n'a pas été simple. L'été dernier, Mike James a subi une intervention chirurgicale au dos. C'est l'un de nos joueurs clés et c'est quelque chose qui peut vous faire perdre confiance en vous. Nous avons aussi changé d'entraîneur pendant la saison, ce qui est également très difficile. Mais nous constatons que toutes nos décisions étaient raisonnables et que, jusqu'à présent, elles portent leurs fruits.

Avec ces résultats, méritez-vous une licence A en Euroligue?

Nous avons déjà réalisé une chose très importante. Je pense que si vous demandez à un fan d'Euroligue, dans n'importe quel pays, il vous dira que Monaco est un club licencié, un club actionnaire. Et je pense que personne ne peut imaginer que nous ne disputons que notre quatrième saison. Je crois que nous méritons, mais en même temps, je sais ce que nous devons faire de notre côté. La tâche principale est de travailler sur notre nouvelle salle. C'est la seule pièce manquante.

Où en êtes vous justement de ce projet de nouvelle salle?

Nous parlons d'une licence à moyen terme de trois ans avec l'Euroligue. Donc, si jusqu’ici nous participons par le biais de la wildcard, qui a été accordée en fonction de nos résultats sportifs, maintenant nous visons une licence. Par ailleurs, les règlements pour les clubs non licenciés et licenciés sont différents. Si vous êtes un club licencié, vous devez avoir une salle de 10.000 places. Telles sont les réalités, et c'est pourquoi nous nous efforçons de nous conformer aux normes.

Mais quand, où, comment? Ici à Monaco, peut-être ailleurs en France, près de Monaco?

Nous explorons plusieurs endroits des deux côtés, disons. Et je pense que très bientôt nous pourrons présenter des informations plus concrètes.

Avez-vous été contacté par le projet NBA Europe? Cela vous intéresse-t-il?

C'est très simple, mon travail consiste à m'assurer que le projet monégasque suscite l'intérêt de toutes les ligues et de toutes les parties prenantes. Mais encore une fois, nous devons revenir au sujet précédent. Si nous voulons être une destination intéressante pour eux, nous devons avoir un site flambant neuf pour accueillir la compétition.

Pensez-vous que ce projet NBA Europe va aboutir?

Je n'aime pas répondre aux questions "si" ou "ce qui pourrait se passer". Attendons de voir. Encore une fois, nous voulons être attractifs pour tout le monde. En même temps, aujourd'hui, nous nous concentrons sur l'Euroligue.

Faut-il s’attendre à du mouvement dans l'effectif cet été? Le groupe a été construit pour Sasa Obradovic, le prédécesseur de Vassilis Spanoulis sur le banc...

Tout d'abord, nous devons sécuriser le noyau de l'équipe (à l’image d’Alpha Diallo qui vient de prolonger jusqu’en 2027, NDLR). C’est le premier objectif. Je ne pense pas que nous changerons de manière significative le groupe mais il y aura certainement des ajustements. Mais la situation s’annonce difficile. Je m'attends à un marché très compliqué cet été, surtout si l'Euroligue passe à vingt équipes. Nous aurons alors potentiellement quelques nouveaux clubs avec des capacités financières importantes. Quant au marketing des joueurs, il se réduit de plus en plus. Il y aura donc un déficit et les prix seront certainement élevés. Nous devrons donc voir ce qui peut être fait avec nos ressources financières.

Vous avez récemment déclaré: "Nous avons une version plus mature de Mike James cette saison." Qu'est-ce que cela signifie?

Prenons l’exemple du match 2 contre Barcelone. Il a peu marqué, disons qu’il était en dessous de sa moyenne (5 points, contre 15.6 de moyenne cette saison). En revanche, il a fait de gros efforts en défense et offensivement il jouait comme un meneur de jeu qui passe d'abord. Il a créé pour l'équipe et ses coéquipiers, c'était très important. C'est ce que vous avez mentionné précédemment avec ces 21 et 28 passes décisives collectives. Mike a donné le ton.

L’intérieur allemand Daniel Theis, champion du monde en 2023, a rejoint le club en février et s’est très rapidement intégré. Il s’est engagé jusqu'en 2026, une prolongation est-elle déjà à l’étude?

Tout d'abord, Daniel a une option “NBA out” dans son contrat (il peut casser son contrat si une franchise NBA lui propose un deal, NDLR). Nous voulons absolument que Theis reste avec nous. Je crois vraiment qu'il se sent bien ici. J'espère que nous trouverons le bon moment pour nous asseoir et parler de notre avenir commun. Il correspond parfaitement au style et à la vision de Vassilis Spanoulis. Je pense qu'il était la pièce manquante à cette équipe et en même temps, cette équipe lui convient parfaitement. Il y trouve le rôle qu'il recherchait. Je crois qu'il a décidé de revenir en Europe parce qu'il voulait être un joueur important. Et c'est ce qui se passe maintenant avec lui sous le maillot de Monaco.

Comment imaginez-vous l’ASM basket dans une dizaine d'années? À quoi pensez-vous en priorité pour le futur? Quels sont vos projets?

Dans mon meilleur rêve, je m'imagine assis dans une toute nouvelle salle. Je ne veux pas utiliser le mot "arène". Il devrait s'agir d'une salle, un lieu polyvalent. On y jouera au basket vingt à trente fois par an. Il devrait s'agir d'un lieu qui génère constamment des bénéfices. Des concerts, des expositions, tout ce qui peut attirer de plus en plus de monde et qui servira à financer le club.

Maxime Tilliette