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Attention danger, comment le vélo peut-il éviter les problèmes de dérivation après les deux derniers incidents très inquiétants?

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Sur le Tour de l’Algarve et la Faun-Ardèche Classic ces dernières semaines, des coureurs en tête de la course ont pris la mauvaise direction pour s’embarquer dans la dérivation des véhicules suiveurs. Devant le danger, une arrivée a même dû être annulée. Pourquoi est-elle indispensable ? Comment les organisateurs tentent d’éviter ce type d’incidents ?

L’image, tellement improbable, a fait le tour de la planète vélo il y a trois semaines : sur la première étape du Tour de l’Algarve, au Portugal, une grosse centaine de coureurs s’est engagée sur une route parallèle à celle de l’arrivée, à 800 mètres de la ligne, à la sortie d’un rond-point. Sur cette route sans aucune barrière, au contact direct des spectateurs, la majeure partie du peloton se lance alors dans un sprint à haute vitesse, inutile, heureusement sans accident impliquant des quidams ou des véhicules. Seule une trentaine de coureurs avait pris la bonne direction. Une dizaine de jours plus tard, incident similaire, mais moins massif : quelques coureurs du groupe de tête sur la Faun-Ardèche Classic prennent également la mauvaise direction à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Clément Champoussin a fini 4e de cette course ardéchoise: "J’étais entre les deux, je n’ai pas pris la mauvaise direction, mais je me suis repris à temps, raconte le coureur XDS-Astana. Après, on était passé trois fois au même endroit auparavant, donc c’était une erreur des coureurs. C’est très rare, mais c'est sûr qu’avec l'adrénaline à l’approche de l’arrivée, c’est dur parfois d’être concentré. Les courses comme Paris-Nice ou le Tour de France, c'est super bien organisé donc il n’y a jamais de soucis."

La nécessité de dégager la ligne d’arrivée

Thierry Gouvenou, qui supervise la sécurité de la Course au Soleil, tempère cette affirmation: "On doit croiser les doigts presque tous les jours! Il a beaucoup de choses à mettre en place lorsqu'on organise une course de vélo, beaucoup d'occasions d'avoir des problèmes, et il peut y avoir malheureusement parfois des failles. On est attentifs, mais on n'est pas à l'abri non plus." Présent aussi sur le Tour de France, Thierry Gouvenou rappelle la nécessité d’avoir des dérivations sur une course cycliste: "Elle permet aux véhicules (des directeurs sportifs, de l’organisation, les motos de télévision, des photographes, des radios, etc.) de sortir du parcours dans les derniers mètres afin d'éviter de faire un bouchon sur le fond de la ligne d’arrivée. Quand les coureurs arrivent, il faut que le fond de ligne soit vraiment fluide pour qu'ils puissent décélérer en toute tranquillité, donc on dévie le maximum de véhicules dans les derniers mètres pour éviter des incidents. On a des plans, c'est connu à l'avance, c'est répété aussi sur Radio-Tour dans le final. Il y a un régulateur et un cadre de la garde républicaine qui font signe au véhicule pour savoir à l'endroit exact où est située la dérivation."

Au Portugal comme en Ardèche, les coureurs en tête ont suivi les motos de la télévision qui les précédaient. Un problème que tente d’éviter l’organisation de Paris-Nice et du Tour de France grâce aux moyens techniques déployés, plus importants. "Sur le Tour de France, nous avons énormément de caméras fixes dans le final donc on peut se permettre de libérer la moto caméra qui filme l'avant de la course longtemps à l’avance, c'est-à-dire à 700-800 mètres de la ligne", détaille Thierry Gouvenou. "Mais sur les autres épreuves, on a moins de caméras fixes donc on doit retarder ce moment et c'est là où on se met un peu plus en danger. Mais il faut reconnaître que dans les deux cas (Algarve et Ardèche), la moto télé était trop proche des coureurs dont elle a une grande part de faute. Il y a aussi une part d’erreur de l'organisation qui n’avait pas assez fermé la dérivation, mais cela peut arriver..."

"Un manque de concentration des coureurs"

Mais l'organisation est loin d'être la seule fautive. Anthony Turgis n’exonère pas ses homologues d’une part de responsabilité: "Je peux comprendre qu’avec la moto un peu trop proche, un coureur en plein milieu de l'effort à fond la suit, surtout à la sortie d'un rond-point", estime le coureur TotalÉnergies. "Mais quand on est déjà passé sur la ligne d’arrivée dans un circuit comme en Ardèche, c'est plus un manque de concentration des coureurs. Après, c'est sûr que ce serait plus simple que la route soit entièrement fermée sur les 2 derniers kilomètres, mais il faut aussi que les voitures suivent. C’est à nous de faire attention." Stefan Küng, l’expérimenté rouleur suisse, est plus compréhensif: "Certes, cela ne devrait pas arriver, mais ça va tellement vite parfois, quand on est dans le peloton, à 60 ou 70 km/heure, on suit!", affirme le coureur de la Groupama-FDJ. "Même s’il y a ce point dans le règlement qui stipule que chaque coureur doit connaître le parcours, ce n’est pas si évident que cela et on a besoin d'être bien guidés et d’avoir une signalisation claire."

Kévin Morand, à Laprugne