BMX Freestyle: Kevin Fabrègue, du Cirque du soleil aux championnats d’Europe

Kevin Fabrègue - Icon Sport
Sur le BMX Park des championnats européens de Munich, Kevin Fabrègue serre le poing. Il vient de finir son deuxième passage des qualifications et a fait forte impression. Le rider de 27 ans regarde l’écran sous les applaudissements du public. Sa note totale : 77.85. Kevin Fabrègue est deuxième provisoire, il terminera finalement 5e des qualifs.
"Je suis content car j’avais fait une mauvaise chute la veille à l’entraînement, sourit-il avec son accent québécois. Je ne pensais même pas pouvoir rouler aujourd’hui mais grâce à l’équipe j’ai bien récupéré, même si j’avais encore mal…" Le Franco-canadien se situe parmi les meilleurs du continent et pourtant, il a débuté les compétitions il y a à peine deux ans.
Car avant d’être aligné sur des championnats ou des concours, Kevin Fabrègue faisait… des spectacles. "J’ai commencé le BMX vers l’âge de 13 ans. Je n’ai pas fait beaucoup de contests, je me suis juste entraîné. Puis à l’âge de 19 ans, j’ai participé à la création d’un spectacle avec le Cirque du Soleil", rembobine-t-il. Kevin vit alors au Québec, depuis ses 4 ans, quand ses parents ont décidé de partir pour le fun". "Je revenais en France tous les étés pour voir ma famille", précise-t-il. Pour rider parfois, aussi.
Un show inventé de A à Z
À l’époque, Kevin Fabrègue n’habite pas loin du siège du Cirque du Soleil, et est repéré, évidemment, lors d’un ride. Compagnie référence dans le monde circassien, le Cirque du Soleil propose des créations originales, contemporaines, engagées… Le Français accepte et s’embarque d’abord pour "six ou huit mois" lors desquels il doit inventer le show en BMX, de A à Z. Sons, lumières, figures, tout est à créer.
"Puis j’ai fait quatre ans de tournées avec eux. On allait dans toutes les grosses villes des États-Unis, toute la côte ouest californienne, New-York. On restait deux ou trois mois dans chaque ville." Sur les deux heures de spectacle, Kevin Fabrègue a dix minutes de BMX Freestyle. Il est suivi et encadré comme un sportif de haut niveau. "On était cinq sur le Park, c’était une sorte de chorégraphie", décrit-il.
"Il y avait des moments hyper synchronisés et d’autres où je pouvais faire un peu à ma guise. Ça aide à être constant, mais pas à en faire trop, parce qu’on avait une certaine retenue. Tu ne peux pas te balancer comme en contest en mode ça passe ou ça casse." Même si parfois, il tente: "Je ne le disais pas à mes coachs parce que ça ne serait pas passé mais parfois en plein show, je me mettais à tenter des trucs, rajouter de la difficulté. Et ça m’est arrivé de tomber pendant que je faisais ça."
Stoppé par le Covid
Le Bitterois a besoin d’innover car le programme devient "facile" et le rythme, huit à dix shows par semaine, six jours sur sept, redondant. D’ailleurs, pour se défouler, il sort rouler sur son jour off pour "pousser un peu". "C’est sûr que ce n’étais pas l’idéal pour eux car j’ai eu quelques petites blessures, sourit-il. Mais moi je le voyais en mode ‘je suis assuré, j’ai tout ce qu’il faut, donc c’est l’occasion."
La routine s’installe mais après environ 1 200 spectacles, le coronavirus fait son apparition. Et la tournée s’arrête. "C’est là que je suis allé faire les championnats de France. Je me suis dit let’s go, on fait ça. Je l’avais déjà en tête avant, mais le Covid a accéléré tout ça". Pour ses premiers "France", en décembre 2020, il termine 4e.
Depuis, il a disputé d’autres concours, "rattrapé" la filière fédérale, tout en se servant de son expérience passée. "Le cirque, ça m’a apporté une certaine confiance sur le vélo. C’est sûr que le stress n’est pas le même, mais c’était des automatismes qui se développaient. Ça m’a aidé à performer devant des gens en live, je n’avais pas trop le droit à l’erreur. Il ne fallait pas trop tomber… J’ai appris à travailler avec la pression."
Paris 2024, "une source de motivation"
Mais le médaillé de bronze des championnats de France 2021 n’a pas pour autant délaissé le monde du spectacle. Il a depuis créé sa propre compagnie et tourne au Québec. "On fait des événements dans de écoles ou des gros festivals. On a un show rodé. Ça permet de rouler et quand je fais ces shows-là, je fais des trucs que vous voyez dans mon run que je répète, je répète… Un show c’est comme un run où tu atterris et tu as gagné à la fin. C’est le même feeling. À chaque show, tu as gagné, tout le monde est content. C’est ce côté que j’aime et c’est pour ça que j’en fais encore."
Mais il va peu à peu devoir se focaliser sur les compétitions, puisque arrive une échéance majeure avec Paris 2024. "C’est une source de motivation, avoue Kevin Fabrègue. C’est quelque chose que j’aimerais faire et je fais tout pour. J’aimerais ça, représenter la France en 2024." En attendant, il aimerait aussi finir dans le Top 5, voire sur le podium des championnats d’Europe.