Cyclisme: "On avait peur pour nos vies", Cordon-Ragot explique les conditions de sécurité lors du Tour des Pyrénées

Audrey Cordon-Ragot - ICON Sport
Le cyclisme féminin a été mis à mal lors du Tour international des Pyrénées. L’épreuve, qui s’est déroulée ce week-end, regroupait 138 coureuses et 24 équipes dont 6 World Tour. Le Tour, qui s’annonçait pourtant prometteur, a viré au cauchemar et les coureuses ne sont pas allées jusqu’à la troisième étape, les conditions de sécurité n’étant pas respectées. Un litige a opposé le peloton et l’organisation qui n’accepte pas le boycott des participantes. Audrey Cordon-Ragot, championne de France, s’est exprimée dans Ouest France pour justifier et expliquer leur décision.
On voulait toutes courir, mais on avait peur pour nos vies. On était toutes sur la même longueur d’onde quant aux soucis de sécurité.
"Ça a été beaucoup de stress. Ça n’a pas été simple. Ce n’était pas ce que l’on attendant de cette course", a expliqué Audrey Cordon-Ragot. Lors de la première étape entre Argeles et Lourdes, les coureuses se sont retrouvées à devoir slalomer entre les voitures et les piétons. Pour cause, les routes n’avaient pas été fermées par manque de moyens mettant sérieusement en danger la santé des compétitrices. "Les filles ont voulu s’arrêter. Je voyais que les choses n’avançaient pas. Ce n’était bien ni pour nous, ni pour l’organisation. C’est là que j’ai pris la parole. J’ai dit : 'Celles qui veulent bâcher le font maintenant, et celles qui veulent continuer continuent, et on neutralise jusqu’au pied d’Hautacam", a raconté la championne de France.
Les vidéos en témoignent, le peloton est contraint à plusieurs reprises de faire face à des voitures mal garées, d’autres à contre-sens ainsi que des piétons qui descendent du trottoir. En danger, les participantes sont passées au vote pour décider de leur avenir sur ce tour : "On voulait toutes courir, mais on avait peur pour nos vies. On était toutes sur la même longueur d’onde quant aux soucis de sécurité. Il y a eu un vote. 14 équipes ne souhaitaient pas prendre le départ de la 3e étape, sept équipes le désiraient. On a suivi la majorité."
Même si le Tour s’est avéré être un échec, Audrey Cordon-Ragot a conscience des difficultés que peuvent rencontrer les organisations pour la mise en place d’une course. "C’est de plus en plus difficile d’organiser des courses. Je n’en veux pas aux organisateurs, qui ne sont pas toujours aidés. Pour être honnête, j’organise une course au mois d’octobre, qui n’a rien à voir, mais qui demande beaucoup de choses pour veiller à la sécurité des concurrentes. Je sais que c’est difficile, que les préfectures sont de plus en plus frigides", a-t-elle détaillé.
On sait que l’organisation nous en veut, mais nous, on ne leur en veut pas. C’est une décision qui a été prise pour nous, pas contre eux.
La championne a tenu à rappeler que les conditions, qui étaient loin d’être optimales, n’était pas dues à un manque de considération de l’organisation. "Il y a des arrêtés qui ont été signés et qui autorisent les préfets à fermer les routes d’une meilleure manière, mais c’est très peu utilisé. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on se retrouve dans ce genre de situations. On est déçu, on sait que l’organisation nous en veut, mais nous, on ne leur en veut pas. C’est une décision qui a été prise pour nous, pas contre eux", a-t-elle conclu. Des coureuses qui auront le droit à des conditions beaucoup plus optimales lors du Tour de France (23-30 juillet).