Dauphiné: Alaphilippe, un retour prometteur en vue du Tour de France

Comme à son habitude, Julian Alaphilippe a gardé le sourire en toutes circonstances cette semaine sur les routes du Criterium du Dauphiné. Jamais avare en selfies et en autographes avec les fans, le Montluçonnais a aussi répondu sans sourciller aux sollicitations médiatiques quotidiennes, toujours dans la bonne humeur. Un sourire qui fait "plaisir à voir", lui faisait d'ailleurs remarquer une journaliste à Crest-Voland en Savoie, à l'arrivée de la sixième étape vendredi. "Ah c'est gentil merci, il faut que ça dure" lui a alors répondu Julian Alaphilippe avant de s'éclipser dans son bus.
Ce soir-là pourtant, le coureur ne se faisait aucune illusion sur sa capacité à jouer la victoire finale dans cette course d'une semaine parmi les plus difficiles de la saison. Il restait alors deux grandes étapes de montagne, et l'arrivée samedi au Col de la Croix de Fer allait en toute logique le faire reculer dans la hiérarchie. Mais pour le double champion du monde, l'essentiel était ailleurs " Honnêtement je suis déjà super content d'avoir ces sensations-là, d'être dans cette situation-là expliquait-il. C'est du bonus maintenant. C'est du bonus. Je le répète mais c'est vrai."
Les critiques de son patron ont eu les résultats escomptés
Car avec une 10e place au général et une victoire au sprint pleine de malice et d’autorité lors de la 2e étape de ce Dauphiné à La Chaise-Dieu, le double champion du monde peut repartir l'esprit léger à désormais trois semaines du départ du Tour de France. Ce succès, loin d'être anecdotique est sa première victoire sur le circuit World Tour (1ère division du cyclisme) depuis plus d'un an. Elle intervient après une période de 18 mois compliquée pour Alaphilippe, victime de nombreuses chutes, touché physiquement et psychologiquement notamment après avoir percuté de plein fouet un arbre lors de Liège-Bastogne-Liège 2022, et qui plus est vertement semoncé ces derniers mois par son manager général Patrick Lefévère qui lui a notamment demandé à plusieurs reprises par médias interposés, de justifier son salaire de champion.
"Julian n'a pas été épargné, c'est le moins qu'on puisse dire, mais un manager a le droit de dire ce qu'il veut", tempère le sectionneur de l'équipe de France, Thomas Voeckler, régulièrement en contact avec Alaphilippe. "Lefévère est dans son rôle. Il a démontré depuis 30 ans qu'il savait manager une équipe. Il y a eu des piques, mais c'était peut-être l'effet qu'il recherchait, et aujourd'hui tout le monde est content. L'essentiel c'est que Julian soit bien dans son équipe avec son staff et ses coéquipiers, et c'est le cas."
Sénéchal : "C'est le jour et la nuit. J'ai retrouvé le Julian de 2018 et 2019"
La preuve en est donc, cette très belle semaine réalisée par le double champion du monde, également agrémentée d'une place dans le Top 3 du général pendant plusieurs jours, et d'une deuxième place lors de la 5e étape à Salins-Les-Bains, derrière un intouchable Jonas Vingegaard. Elle vient aussi pour Alaphilippe valider une longue et très fructueuse période d'entraînement en altitude au mois de mai en Sierra Nevada en Espagne, notamment aux côtés de Remi Cavagna, l'un de ses plus fidèles lieutenant.
"Il lui manquait juste cette étape pour le rebooster, mais il est à fond. Il y a toujours cru, témoigne d'ailleurs le Clermontois. Il a eu du mal quand c'était difficile mais il n'a jamais baissé les bras et a continué à s'entraîner. Je ne l'ai jamais vu aussi motivé à l'entraînement, et aujourd'hui le résultat est là. Pour lui, ça revient. Il n'est peut-être pas encore à 100%, mais sur le Tour il le sera. "
Confirmation de l'autre coéquipier Français de Julian Alaphilippe sur le Dauphiné Florian Sénéchal qui imagine déjà le très bel été du sextuple vainqueur d'étape sur le Tour : "C'est le jour et la nuit avec Julian" sourit le champion de France. "J'ai l'impression de le retrouver comme en 2018 et 2019 lors de ses grandes années, sans stress, sans pression. Il parle à la radio, il nous pousse à faire la course, c'est un leader, mais c'est aussi un capitaine dans l'équipe."
Le départ du Tour au Pays Basque lui convient parfaitement
Et celà tombe bien pour le double champion du monde. Car plus encore que la période des classiques, marquée pour lui cette année par une mauvaise chute sur le Tour des Flandres, Julian Alaphilippe mise très gros sur la Grande Boucle qui l'a vu lors de ses quatre dernières participations remporter à chaque fois au moins une étape et porter un maillot distinctif. Soit le maillot jaune, soit le maillot à pois.
Non-sélectionné l'an passé, il ambitionne d'autant plus d'y briller cette année et à pour cela mis toutes les chances de son côté, en reconnaissant notamment avant le Dauphiné les deux premières étapes qui se dérouleront autour de Bilbao et de San Sebastian le 1er et 2 juillet sur des terrains particulièrement difficiles qu'il affectionne et qui correspondent parfaitement à ses qualités de puncheur.
Encore en reconnaissance ces prochains jours
Pour s'imposer ces deux jours-là, et lors de ceux qui suivront, Julian Alaphilippe devra tout de même battre dans une concurrence toujours plus aiguisée, composée notamment de coureurs de la trempe de Pogacar, Van der Poel ou encore Van Aert. "C'est sûr qu'en trois ans, la concurrence dans son registre d'expression a évolué et progressé reconnaît Thomas Voeckler. Mais les qualités de Julian ne sont pas parties, et je sais qu'il sera au rendez-vous".
Reste d'ici là au double champion du monde un bloc de 3 semaines avec pour seule course, les Championnats de France à Cassel (59) le 25 juin. En attendant, l'heure sera encore à la préparation du Tour de France dans les prochains jours. Et il va profiter de sa présence dans la région Auvergne Rhône-Alpes pour reconnaître, toujours notamment en compagnie de Remi Cavagna, plusieurs étapes alpines de la Grande Boucle.