Quintana vainqueur, Froome beau perdant : pourquoi la Vuelta a été plus excitante que le Tour de France

Nairo Quintana - AFP
Il a tenu bon samedi lors de la 20e et avant-dernière étape. Et ce dimanche, il fête sa victoire au terme de la dernière étape remportée au sprint par le Danois, Magnus Cort Nielsen. Nairo Quintana est le vainqueur de cette édition 2016 de la Vuelta. Un Tour d’Espagne qui s’achève en laissant un goût bien plus savoureux que celui du dernier Tour de France, il y a quelques semaines.
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Parce que Quintana a été au rendez-vous
Le Colombien est apparu transfiguré en Espagne par rapport à ce qu’il a laissé voir de lui sur la Grande Boucle. En France, Nairo Quintana devait être le rival principal du boss Chris Froome. Mais jamais le champion de la Movistar ne fut en mesure de discuter l’hégémonie du Britannique. Tandis que Froome écrasait sans pitié le Tour de France, Quintana peinait, le visage fermé, clairement hors du coup et finalement 3e.
Sur la Vuelta, par contre, "Nairoman" a été fort, très fort même. Le grimpeur a pris le pouvoir dès la 10e étape et n’a dès lors plus lâché le maillot rouge de leader. Son échappée précoce avec Alberto Contador lors de la 15e étape, entre Sabinanigo et Aramon Formigal, a porté un coup quasi fatal à Chris Froome, qu’il a enfin battu sur un grand Tour. Après le Tour d’Italie 2014, Nairo Quintana garnit son palmarès. « Je continue à mûrir. On a pu constater ma progression dans une course où étaient présents les grands du cyclisme, Chris Froome, Esteban Chaves, Alberto Contador, cela rehausse l’importance de ce type de courses », a confié le Colombien de 26 ans.
Parce que Froome n’est pas imbattable malgré sa résistance
En France, Christopher Froome était clairement au-dessus de tout le monde. Seuls les sprints de Peter Sagan et l’épisode du Mont Ventoux – quand Froome fit une partie de la course en courant, le temps de récupérer un vélo après une chute – avaient donné un peu de couleurs au Tour de France. Trop fort, le coureur de Sky n’avait pas laissé de place au suspense. Le spectacle s'en était ressenti.
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En Espagne, par contre, le Britannique n'avait pas la même équipe autour de lui et a trouvé plus fort que lui. Stratégiquement, il a reconnu que le duo Quintana-Contador lui avait tendu un piège idéal sur la 15e étape, alors que le Colombien avait déjà pris le pouvoir. Accusant un retard de plus de 3’37 à l’heure d’attaquer la 19e étape, Chris Froome s'est tout de même comporté en champion : il a remporté le contre-la-montre et est revenu à 1’30 de Nairo Quintana. Mais le leader, mis sous pression, a résisté à toutes les attaques acharnées de "Froomey" dans la 20e étape. Le duel a été beau et à l’arrivée, c’est bien Quintana qui a pour la première fois le dernier mot.
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Parce que Contador a tenu la dragée haute
Il a longtemps été en embuscade, en bon spécialiste de la Vuelta qu’il est. Alberto Contador, contraint à l’abandon lors du Tour de France, visait ouvertement une nouvelle victoire sur ce Tour d’Espagne. L’Espagnol, peu soutenu par ses coéquipiers de Tinkoff et victime d’une chute dans le final de la 7e étape, s’est défendu comme un beau diable. C’est lui qui a amorcé l’échappée de la 15e étape, emmenant Nairo Quintana dans sa roue et infligeant un coup rude à Chris Froome.
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Malheureusement, Alberto Contador a rendu les armes dans la 20e étape. Alors 3e au classement général, "El Pistolero" a cédé sa place pour 13 secondes à Esteban Chaves. Un peu décevant, mais l’Espagnol ne crache pas sur cette Vuelta. « Je suis content, j’ai pris beaucoup de plaisir pendant cette course. Mon équipe a tout donné mais elle n’était peut-être pas assez puissante en montagne », a-t-il déclaré à RTBF, avant d’ajouter : « Je suis plein d’espoirs pour le projet qui arrive pour l’année prochaine ». Contador, battu pour la première fois sur la Vuelta après ses sacres de 2008, 2012 et 2014, en a encore sous le pied.