"Un climat très particulier qui n'a plus rien à voir avec le sport": les craintes de Madiot après la fin chaotique de la Vuelta

Quel est votre sentiment à l’issue de cette Vuelta très chaotique?
En ce qui me concerne, j'étais présent à Bilbao, donc on a vu la première salve arriver de manière concrète sur la course à ce moment-là. Il est clair que c'est un climat et une situation à laquelle on n'est pas forcément rodé et habitué dans la mesure où parfois oui, dans le cyclisme, on rencontre des manifestations sur le bord des routes pour telle ou telle cause, mais ça se passe en général de manière différente et de manière moins intense en termes de présence. Donc ça a été assez perturbant. C'est extrêmement massif, il y a beaucoup de monde de mobilisés, donc ça crée des tensions, ça crée un rapport de force avec l'organisation, notamment les forces de police. On voit bien qu'on est dans un climat très particulier qui n'a plus rien à voir avec le sport.
Comment ont réagi vos coureurs? Il y avait de l'inquiétude, un peu de ras-le-bol?
Pas vraiment, parce que par chance et parce que c'était bien organisé, la bulle course a été plutôt bien préservée. Ce qui fait que les coureurs n'ont pas forcément vu ou compris tout ce qui se passait. Peut-être que c'est une bonne chose, ils n'ont peut-être pas tout perçu tout ce qui se passait autour d'eux pendant les étapes. Ils étaient quand même dans cette bulle course qui les a plutôt bien protégés en toutes circonstances.
Mais il y a eu quelques chutes quand même causées par les manifestants…
Oui, il y a eu une ou deux chutes, mais il n'y a pas eu ce qu'on aurait pu imaginer avec une telle présence sur le bord des routes. Il y avait des inquiétudes, il y avait des interrogations, mais à aucun moment les coureurs ne sont venus me dire "on ne peut plus courir". Ça n'a jamais été évoqué dans les échanges que j'ai pu avoir avec certains de mes coureurs.
Est-ce que ça va changer l'approche des courses futures? Est-ce que vous y réfléchissez avec l'équipe ou déjà avec les instances?
Non, l'UCI a fait son job de son côté. Mais on n’a pas été consulté sur le sujet. L'UCI a gouverné, si je puis dire. Je fais confiance aux organisateurs, je fais confiance aux instances, je fais confiance aux forces de l'ordre, et j'ai envie de faire aussi confiance à l'intelligence des gens qui manifestent, quelle que soit la raison pour laquelle on manifeste. Il y a quand même un point crucial pour moi, dans mon esprit, c'est le respect. On doit se respecter les uns les autres, on peut avoir des divergences, on peut avoir des opinions différentes, des différences d'opinions, mais la première chose c'est le respect. Ne pas toucher à l'intégrité des personnes. Après chacun voit midi à sa porte et chacun s'exprime selon ses volontés.
C'est rare que la politique vienne autant sur le terrain du cyclisme?
On est une proie facile, aujourd'hui si on veut manifester par rapport à des événements sportifs, le cyclisme est l'endroit le plus simple, le plus pratique, où on sait qu'on va mettre dans le mille à chaque fois parce qu'on est sur la voie publique. Donc oui le cyclisme est une proie facile pour tous ceux qui veulent perturber l'ordre naturel des choses.
Il y a certains managers d'équipes qui évoquent de temps en temps des circuits fermés, payants, est-ce que ça ne va pas revenir sur le devant de la scène?
On ne changerait pas la donne. On pourrait faire un circuit fermé même payant, on aurait pu avoir la même situation qu'on a rencontré sur la Vuelta. Je pense qu'il ne faut pas aller sur ce terrain-là, je pense qu'il faut plutôt aller sur la pédagogie et dire respectons-nous les uns les autres. Exprimons nos désaccords mais respectons-nous les uns les autres. Le cyclisme est un sport populaire, il faut qu'il le reste et chacun doit faire attention à ce qu'il fait et ce qu'il dit.
Vivement la fin de saison, c'est ce que vous vous dîtes?
Non pas du tout, il y a des défis qui arrivent. On va rester polarisés sur les courses tout en étant conscients de la situation qui peut vite dégénérer mais il faut rester calme.