Vingegaard sur une glacière, bâche mal tendue, musique qui grésille... Le podium improvisé de la Vuelta sur un parking d'hôtel

Jonas Vingegaard accueilli sur "Eyes of the tiger", Tom Pidcock qui monte sur le podium avec ses teckels, Mads Pedersen qui asperge tout le monde de champagne... Non, vous ne rêvez pas, la Vuelta a bien eu une cérémonie de clôture ce dimanche. Un peu plus intimiste, mais bien plus rafraîchissante.
On pensait quitter le maillot rouge de ce Tour d'Espagne le visage fermé, montant dans la voiture de sa direction sportive pour rallier le bus de la Visma-Lease a bike, quelques minutes après l'arrêt de l'ultime étape en raison d'importantes manifestations pro-palestiniennes à Madrid. Mais c'est tout sourire que le Danois est réapparu dans la soirée.
"C'est un podium amusant"
Dans différentes vidéos publiées par les équipes elles-mêmes et quelques médias bien informés, les fans de cyclisme ont pu assister à ce qui ressemble à un podium protocolaire. Les porteurs de maillots distinctifs, privés de leur heure de gloire après trois semaines très mouvementées, se sont tous donné rendez-vous sur le parking d'un hôtel madrilène.
En guise de podium, le staff de la Visma a prêté ses glacières, sur lesquelles ont été inscrites au marqueur les places des trois premiers du général. Tandis que la bâche d'arrière plan des partenaires de la course a difficilement été tendue.
À tour de rôle, Matthew Riccitello (maillot blanc), Jay Vine (maillot à pois), Mads Pedersen (maillot vert) et les trois premiers du général (Jonas Vingegaard, Joao Almeida et Tom Pidcock) sont montés sur ces boîtes, sous les applaudissements de leurs coéquipiers et des membres des différents staffs présents dans la nuit madrilène. Le vainqueur de l'épreuve a même eu le droit à une entrée de rock star, puis à son hymne national.
"C'est un podium amusant, et d'une certaine manière, probablement le plus spécial, a commenté le Danois auprès de ses compatriotes de TV2. La journée a été surréaliste. Je dois admettre que je suis quelque peu déçu de ne pas pouvoir fêter ça dans le centre de Madrid. C'est dommage que ce soit dans ces circonstances, mais c'est formidable qu'on ait pu encore faire un petit effort."
Son équipe s'en est donnée à coeur joie sur les réseaux sociaux. "Ce sont des images que nous ne pouvons tout simplement pas vous cacher, a écrit la Vuelta. C'est pour cela que nous aimons le vélo. Une cérémonie intime et bien méritée pour tous les vainqueurs de cette Vuelta." Et le patron de la formation Richard Plugge d'ajouter: "Quelle fierté pour le monde du cyclisme d'avoir fait preuve d'unité et d'avoir pu offrir aux vainqueurs la célébration méritée! Une soirée inoubliable."
Le chaos, jusqu'au bout
La journée, elle, est à oublier pour les coureurs du peloton, une nouvelle fois mis en danger par l'irruption de manifestants au milieu de la route. Malgré un gros dispositif policier, des milliers de militants ont pénétré sur le parcours de la course dans divers points du centre-ville alors que les coureurs approchaient de la capitale espagnole. Ils ont fait tomber les barrières qui protégeaient le circuit final que les cyclistes de la Vuelta devaient emprunter à plusieurs reprises.
Les policiers ont répliqué en chargeant et en lançant des grenades lacrymogènes, avant de laisser les manifestants déambuler et s'emparer des rues. Le peloton a mis pied à terre à environ 56 kilomètres de l'arrivée, alors que plusieurs manifestants protestant contre la présence de l'équipe Israel-Premier Tech dans le contexte de la guerre à Gaza tentaient de bloquer son passage avec une banderole.
Après quelques minutes, les coureurs sont repartis au ralenti, encadrés par les voitures rouges de la direction de course. Mais ils n'ont fait que quelques mètres avant de s'arrêter à nouveau face à l'évidence que cette dernière étape n'irait jamais jusqu'au bout. Plusieurs heures plus tard, le soulagement se lisait sur les visages. C'est la fin pour eux de trois semaines éprouvantes sur le plan sportif mais aussi mental. Cette édition de la Vuelta fera date.