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"Les coureurs ne peuvent pas devenir les victimes": le patron de Visma inquiet pour la sécurité des coureurs sur la Vuelta et pointe du doigt le gouvernement espagnol

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Malgré des renforts policiers exceptionnels, la dernière étape de la Vuelta a été abrégée ce dimanche à cause de la présence de manifestants pro-palestiniens sur la route à Madrid. Un ultime incident qui clôt plus de deux semaines chaotiques. De quoi inquiéter le directeur de la Visma-Lease a bike, équipe du maillot rouge Jonas Vingegaard.

L'édition 2025 de la Vuelta fera date. Depuis l'arrivée du peloton du Tour d'Espagne en terre ibérique, chaque étape ou presque a été émaillée d'incidents en raison de manifestations pro-palestiniennes, contestant la présence de l'équipe Israel-Premier Tech.

Banderoles en travers de la route, chute, étapes rabotées... Les organisateurs et autorités se sont montrés impuissants face à la mobilisation des militants. Et l'inquiétude dans le peloton n'a fait que croître de jour en jour.

Privé de podium protocolaire traditionnel (qu'il a remplacé par une cérémonie sur un parking d'hôtel), le maillot rouge Jonas Vingegaard a fait part de sa frustration ce dimanche. "C'est dommage qu'un tel moment d'éternité nous ait été volé", a confié le champion danois. "J'avais hâte de fêter cette victoire finale avec mon équipe et les supporters. Tout le monde a le droit de protester, mais c'est dommage que cela doive se produire ici et nous empêche de terminer la course."

Plugge est inquiet

Son patron chez la Visma-Lease a bike, Richard Plugge, a lui aussi tiré la sonnette d'alarme, inquiet pour l'avenir du cyclisme si la situation se reproduit sur d'autres courses. "De nos jours, le sport est de plus en plus utilisé comme plateforme pour aborder des questions sociales", a-t-il communiqué. "Nous devons comprendre que le sport est avant tout une question de connexion. Il peut créer des liens et favoriser la compréhension mutuelle. Mais les participants doivent être protégés: ils ne peuvent pas devenir les victimes de ce débat."

Et d'ajouter: "Ce débat doit toujours rester en dehors de l'arène sportive. Les athlètes devraient être libres de mener leurs combats sur le terrain, dans notre cas, à l'extérieur. Sinon, l'essence même du sport comme force unificatrice est menacée."

Alors qu'il a partagé ce lundi son message sur son compte X, Richard Plugge a répondu à un constat d'un internaute sur la sphère politique espagnole. "À partir du moment où le Premier ministre espagnol est fier des manifestants, les choses vont devenir difficiles", a écrit l'anonyme. Ce à quoi le dirigeant a rétorqué: "Cela n'a pas aidé."

Bataille politique en Espagne

Une référence directe (et acerbe) aux propos du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez qui fait part avant le départ de la dernière étape de son "admiration" pour les manifestants tout en disant son "respect" des sportifs. La sortie d'une des voix les plus critiques en Europe sur la guerre menée par Israël à Gaza a évidemment fait réagir. Depuis, la classe politique se déchire de l'autre côté des Pyrénées.

"Le gouvernement a non seulement permis, mais aussi encouragé l'interruption de la Vuelta, provoquant ainsi une honte internationale relayée dans le monde entier", a réagi dans la soirée sur le réseau social X Alberto Nunez Feijoo, le chef de file du Parti populaire (PP, droite), après la fin de la course.

La voix de Pedro Sanchez a été largement relayée par les ministres de son gouvernement. "La société espagnole ne tolère pas que le génocide à Gaza soit normalisé dans des événements sportifs ou culturels", a déclaré sur les réseaux sociaux la ministre du Travail Yolanda Diaz. "Notre société est un exemple de dignité".

Même son de cloche chez le ministre de la Fonction publique Oscar Lopez, qui a directement répondu au leader de l'opposition sur le réseau X. "Que le peuple de Madrid manifeste contre un génocide ne porte pas atteinte à l'image de l'Espagne. Au contraire.(...) Je le regrette pour La Vuelta, mais je le regrette encore plus pour les centains de milliers de Palestiniens qui sont en train d'être massacrés", a-t-il estimé.

TP