Giro 2025: David Gaudu face à son grand défi... mais dans le flou

Quatre mois auront suffi à redessiner les ambitions de David Gaudu. Début janvier, au moment d'annoncer sa future participation au Giro, pour la première fois de sa carrière, le Breton avait le sourire et un objectif élevé qui trottait dans la caboche. "Jouer le classement général, me placer dans le top 5, voire le podium, c'est clairement faisable", disait-il à L'Equipe.
Le leader de Groupama-FDJ voulait changer d'air, se concentrer sur autre chose que le Tour de France, où il a enchaîné les échecs en 2023 et 2024 - et où il ira malgré tout cet été, sans doute avec moins d'ambitions au général. Il parlait alors du Giro comme d'une course plus ouverte, conscient aussi que cette année, c'était l'occasion d'éviter les deux monstres Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, qui cannibalisent les courses dont ils prennent le départ.
Sauf qu'entre janvier et mai, la préparation de David Gaudu a été chamboulée. D'abord idéale, avec une victoire d'étape devant Adam Yates et un podium au général au Tour d'Oman, ensuite très perturbée par une série de chutes : une à l'entraînement à cause d'un chat, deux en courses aux Strade Bianche et à Tirreno-Adriatico. Le Breton a repris la compétition au Tour de Romandie, fin avril, mais sans les jambes.
"On attend beaucoup de moi mais moi aussi j'attends beaucoup de moi-même"
Seulement trentième du général, très loin des meilleurs, le leader de Groupama-FDJ a réalisé le retard pris dans sa préparation. "Je ne rattraperai jamais le temps perdu", a-t-il reconnu avant le départ du Giro, sans toutefois abandonner complètement ses ambitions. "Je vais sûrement avoir une dizaine de jours galère, je vais avoir du mal et je vais m'accrocher, a-t-il prévenu. Et je pense qu'après, ça devrait dérouler."
La chance de Gaudu se situe dans le parcours : la première étape de haute montagne arrivera seulement après deux semaines de course. Mais il faudra tout de même gérer les deux chronos au cours des dix premiers jours. "Même si je perds deux ou trois minutes la première semaine, vu le programme final, ça va se jouer à coup de minutes, fonc il faudra être conquérant", prophétise le Français.
Habitué à performer en troisième semaine, une aptitude qui lui a permis de terminer 6e de la Vuelta en 2024, David Gaudu espère être encore dans le coup au moment d'entamer la dernière semaine du Giro, gargantuesque, avec trois étapes XXL où les écarts doivent se faire. "Même si je peux être hors-jeu dès le premier jour", sourit-il à moitié.
L'enjeu est grand, pour le Breton. Parce qu'il suscite beaucoup d'espoirs depuis un paquet d'années, mais qu'à 28 ans l'heure est venue de les concrétiser, surtout après 24 mois jonchés de désillusions, en dehors de la dernière Vuelta qui a surgi comme une éclaircie. "Forcément on attend beaucoup de moi mais moi aussi j'attends beaucoup de moi-même, a-t-il assuré mercredi. Je vais aller le plus haut possible, mais sur ce Giro ça passera d'abord par de la patience."