
Comment Pinot peut aller plus haut

Thibaut Pinot - -
Malgré son large sourire, une pointe de frustration était visible dans le regard de Thibaut Pinot sur le podium sur Tour de France, ce dimanche. Avec une troisième place au classement général et un maillot blanc de meilleur jeune, le coureur de la FDJ.fr a pourtant largement rempli son contrat. « Les émotions sont énormes, c’est merveilleux, a-t-il confié à sa descente podium. Je pense à savourer, à mon équipe, à ma famille. Il y a de l’émotion mais ce n’est pas facile, j’ai du mal à réaliser. » On dit qu’un coureur arrive à maturité aux alentours de 28 ans. Avec quatre printemps de moins au compteur, le Franc-Comtois a donc encore le temps de progresser pour rêver en plus grand.
Progresser en contre-la-montre et dans les descentes
C’est l’un de ses points faibles et il le savait. Autant dire qu’il était bien content de n’en disputer qu’un cette année. Ce chrono de fin de parcours, samedi entre Bergerac et Périgueux (54km), Thibaut Pinot l’a donc préparé sérieusement avec son frère et entraineur, Julien. Sur piste, avec un vélo spécifique, il a travaillé sa position, sa concentration et la gestion de son effort. Un travail récompensé par une 12e place de l’étape. Pas suffisant pour empêcher Jean-Christophe Péraud de lui subtiliser la deuxième place mais de quoi s’assurer le podium final. Autre secteur en progression : les descentes, sur lesquelles il avait vécu un calvaire l’an passé. « La courbe va dans le bon sens », apprécie Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. « C’est vrai qu’on avait toujours peur dans les descentes mais on s’est aperçu qu’il avait très bien travaillé, acquiesce Luc Leblanc. Il prouve qu’il a d’énormes capacités et qu’il a l’avenir devant lui. »
Mieux répartir ses efforts
Plein de panache, Thibaut Pinot préfère l’offensive à la stratégie, quitte à y laisser des plumes. Il n’hésite pas à tenter, à attaquer, notamment en montagne, et le paie parfois. Comme à Risoul lors de la 14e étape. Sans une équipe FDJ.fr soudée, le natif de Mélisey n’aurait pas tenu le coup. « Il faut qu’il progresse dans son pilotage dans le peloton, insiste Cyrille Guimard. Il a quand même perdu 1’14’’ dans la deuxième étape en Angleterre. Il peut avoir quelques regrets. »
Être plus régulier sur une saison
Il y a deux ans, Pinot avait dû faire des pieds et des mains auprès de Marc Madiot pour disputer son premier Tour de France. Le directeur sportif de la FDJ.fr le trouvait alors trop tendre. Mais il avait déjà épaté en terminant 10e du général et en empochant la 8e étape, à Porrentruy. L’an dernier, malade, il avait dû renoncer après le Mont Ventoux. Un coup à la tête synonyme de grosse remise en question. Efficace selon Luc Leblanc : « L’année dernière, les Français s’étaient un peu loupés, surtout Thibaut Pinot, qui était l’un des leaders, rappelle le membre de la Dream Team RMC Sport. Cette année, ils ont revu leur entrainement et leur planification de courses. » En deux saisons, Pinot a mûri. « Je suis arrivé décontracté parce que je savais que ce n’est pas la fin du monde de le rater, confiait-il samedi. J’ai fait une saison correcte il y a deux ans. L’an dernier, j’ai fait une belle saison, mis à part le Tour de France. Cette année, c’est un peu l’inverse. »
Gérer la médiatisation
Si Thibaut Pinot peine encore à réaliser la portée de sa performance, son frère et entraineur Julien le confirme qu’il va devoir apprendre à gérer la pression : « Il ne se rend pas compte de tout l’engouement qu’il y a autour de sa performance. Lui, il a envie de prendre des vacances. Mais avec ce qu’il vient de faire, ça va être compliqué de partir incognito. Il y a deux ans déjà, après son premier Tour de France, sa vie avait un peu changé. Sa carrière aussi. Là, ça va être pareil, mais un cran au-dessus. » Et c’est avec le statut de sérieux outsider qu’il abordera le Tour de France 2015.
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