Tour de France (13e étape) – Péraud plus fort que la douleur

- - AFP
Une momie, les deux bras presque entièrement bandés, la main douloureuse, le cuissard déchiré de bas en haut, les traits tirés. Jean-Christophe Péraud est resté de longues minutes au sol puis debout sur le bas-côté après sa lourde chute survenue ce vendredi, au kilomètre 134 d’une étape de transition qu’on annonçait pourtant tranquille. « Je regardais derrière, je me demandais où était Alexis (Vuillermoz, ndlr) parce que c’était monté un peu fort, il y avait une cassure, explique Péraud après l’arrivée. Je voulais éventuellement remonter des bidons pour l’équipe vu mon état de forme actuel. Je regardais derrière et un coureur s’est décalé devant pour remonter et a pris ma roue avant. »
Il a suffi d’un léger frottement pour voir le dauphin de Nibali sur la Grande Boucle l’an dernier vaciller. Encore une fois. Fébrile sur son vélo après une première partie de Tour catastrophique en tous points, le coureur AG2R s’est fait expulser violemment du peloton alors que ça frottait à peine. Résultat : du sang, une première couche de l’épiderme brûlée, de larges plaies, notamment à l’avant-bras gauche mais un courage exemplaire.
Le courage au service du collectif
Et du courage, il lui en a fallu pour remonter sur son vélo. « Il est bien entamé, il est tombé très très vite donc il a beaucoup de plaies assez profondes sur le coude, l’épaule, détaille Vincent Lavenu, manager de l’équipe AG2R La Mondiale. Il a un petit doute au niveau de son petit doigt. Maintenant, c’est un gars courageux, il ne se plaint pas. Il a réussi à rentrer dans le peloton, à tenir jusqu’à la fin. Avec des plaies de cette ampleur, c’était quand même presque un exploit. » Et de terminer l’étape du jour à 5’44 du vainqueur, Greg Van Avermaet.
Péraud : « J’ai pensé à l’abandon »
« J’ai pensé à l’abandon, admet-il toutefois. Le vélo, c’est déjà dur. Avec une chute en plus, c’est encore plus dur. A part de la douleur, je ne ressens plus rien. Ce qui me fait le plus souffrir ? C’est un tout : les plaies, les contre-performances. Je vais essayer de repartir demain. » Tendance confirmée en fin de journée, avec le communiqué officiel de son équipe, dans lequel Péraud lui-même s'annonce au départ de la 14e étape du Tour, ce samedi. « Ce soir, j’ai mal partout mais je vais être au départ demain. Si je peux ramener des bidons pour les copains, ça sera toujours ça de gagné. »
Ce qui l’a fait tenir, c’est l’équipe. Surtout qu’AG2R La Mondiale a déjà perdu deux hommes, Johan Vansummeren et Ben Gastauer, tous deux sur abandon lors de la 11e étape. Romain Bardet, co-leader de l’équipe et 6e l’an dernier, vit lui aussi un Tour galère. Le Jean-Christophe Péraud version 2015 n’a plus grand-chose à voir avec celui de l’an dernier, ce vaillant et robuste coureur qui avait terminé 2e du Tour de France. Qu’importe, il en a gardé l’abnégation. Comme au moment de remonter sur son vélo ce vendredi, de faire les efforts pour retrouver la queue de peloton. La douleur ? Peu importe. Pourvu qu’il y ait l’honneur. Et par voie de conséquence, les honneurs.