Tour de France (12e étape) – Le sale Tour de Péraud

Jean-Christophe Péraud (AG2R) en souffrance - AFP
L’image se nimbe de tristesse. Une claque visuelle à la hauteur de celle sportive, et pas la première. Un rappel du temps qui passe, aussi. Jean-Christophe Péraud à la dérive dans le Port de Lers, distancé, décroché du peloton des « favoris » (qui à part Chris Froome mérite vraiment ce substantif désormais ?) dès l’avant-dernière difficulté de la 12e étape, à plus de 50 kilomètres de l’arrivée au plateau de Beille. Le coup de pédale fait presque peur. Symbolique de sa Grande Boucle catastrophe qui prend chaque jour un peu plus de plomb dans l’aile. Deuxième du Tour 2014, l’expérimenté leader de l’équipe AG2R La Mondiale s’est présenté au départ de l’édition avec les ambitions d’un outsider prêt à profiter de la moindre opportunité.
38 ans ou pas, « JiCé » espérait bien titiller les meilleurs. Ils ne sont aujourd’hui plus dans sa galaxie. Loin, trop loin de son niveau actuel, indigne d’un prétendant au podium ou même au top 5. A l’issue de la première partie de course, l’ancien du VTT gardait pourtant espoir. 17e du général à 3’30’’, il avait été presque partout dans le bon coup. L’entrée en haute montagne gonflait même son appétit. « Je suis toujours en course pour un Top 10 et je peux essayer de me rapprocher de la 5e place, expliquait le coureur tricolore lundi lors de la journée de repos à Pau. On va se battre au jour le jour et grignoter des places. Au niveau des sensations, j’ai l’impression que les jambes ont l’air de vouloir répondre et que mon niveau est plutôt bon. Avec 3’30’’ de retard, il faut être acteur. Si je suis au niveau des meilleurs, ça peut me permettre comme l’an dernier de faire le break sur mes concurrents pour les places d’honneur. »
« Je suis loin du niveau escompté »
Le plan n’a pas marché. La première étape pyrénéenne en direction de La Pierre-Saint-Martin ? 25e à 5’38’’ de Chris Froome. La deuxième vers Cauterets ? Victime d’un coup de chaud et lâché dans le Tourmalet, il termine dans le premier gruppetto, à 21’44’’ du vainqueur du jour Rafal Majka. En deux jours, les ambitions avaient disparu. Le discours avait changé. Des mots comme un cri de détresse. « Je n’arrive pas à accompagner les meilleurs et je suis loin du niveau escompté, avouait Péraud mercredi soir. Les grosses chaleurs sont dures. Je n’arrive pas à m’acclimater à ça. Il n’y a plus rien à espérer donc il faut rallier l’arrivée en espérant des jours meilleurs. »
Quelques heures plus tard, sur Twitter, le message à ses supporters charrie la même ambiance pesante : « Dévasté par cette nouvelle contre-performance. Mais pour l’équipe qui se bat et nos fans, je me dois de relever la tête et de sauver ‘‘mon’’ Tour. » Ce sera pour les Alpes. Car la dernière branche du triptyque des Pyrénées n’a pas été plus douce. Au contraire. Un vrai calvaire terminé seul, à 23’16’’ de Joaquim Rodriguez. A la sortie du premier grand massif de la Grande Boucle, Péraud traîne au 30e rang du général, à 42’10’’ du maillot jaune. Terrible. Triste. Tant qu’il y a les Alpes, il y a de l’espoir ? Pour une étape, peut-être. Si cela permet de laver son sale Tour, on l’espère pour lui.