Tour de France: "Ce sera phénoménal", les fans de Pinot vont mettre le feu lors de la 20e étape

Une marée de fumigènes, un bruit assourdissant et des supporters en transe. Lors de la 14e étape du Tour de France, tracée en Haute-Savoie entre Annemasse et Morzine, Benoît Cosnefroy a eu droit à un accueil de roi de la part de son fan-club. Le puncheur d’AG2R-Citroën s’est même arrêté une poignée de secondes pour savourer ce moment, s’enfiler une gorgée de bière et porter son vélo en triomphe avant de repartir. Rien ne dit que Thibaut Pinot posera à son tour pied à terre, mais le show s’annonce au moins aussi grandiose, pour ne pas dire totalement dingue, ce samedi, à l’occasion de la 20e étape. Oubliez la Bombonera, Twickenham ou le mur jaune du Borussia Dortmund. Tout ce qui se fait de mieux en termes d’ambiance dans le sport risque d’être battu à plate couture par ce que préparent les fans du Franc-Comtois sur ses routes d'entraînement vosgiennes.
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La "Pinotmania" au sommet
Sans tout spoiler, il faut s’attendre à une fête XXL dans la montée du Petit Ballon, l'avant-dernière ascension placée à 20 bornes de l’arrivée. Concrètement, Pinot aura un "virage" à son nom, comme dans un stade de foot, où le niveau de décibels devrait battre quelques records. Les cordes vocales seront bien affûtées pour encourager le chouchou des Français, aligné sur son dernier Tour et qui rangera son vélo en fin de saison à 34 ans. Bien que cocardier, le public a fini par comprendre qu’il ne sera jamais le successeur de Bernard Hinault, dernier tricolore vainqueur de la Grande Boucle en 1985. Dans un pays qui chérit tant les perdants magnifiques, ses échecs comme ses succès en ont fait l’un des coureurs les plus aimés du XXIe siècle, bien au-delà des frontières de son département.
Parce qu’il a toujours incarné une figure romantique et populaire, simple et honnête, sa cote d’amour n’a cessé de grimper ces dernières années. Alors avant qu’il ne tourne la page, et retrouve sa tranquillité dans sa ferme de Mélisey, en Haute-Saône, là où il se sent le mieux entouré de sa famille et ses animaux, ceux qui ont suivi ses exploits et ses frustrations tiennent à marquer le coup. La "Pinotmania" atteindra des sommets pour cette 20e étape à six cols qu'il connaît par cœur, entre Belfort et Le Markstein. Certains ont même planté leur tente dès vendredi dans le fameux "virage" du Petit Ballon, comme Pierre, 27 ans, tombé amoureux du grimpeur le 8 juillet 2012, date de son premier succès sur le Tour du côté de Porrentruy, en Suisse.
"On va se casser la voix"
"J’étais sur le bord de la route ce jour-là et je suis tout de suite tombé sous le charme. Je suis devenu fan du cycliste et du champion, puis de l’homme. Moi je suis un montagnard, un campagnard, je me reconnais en lui. Il est aussi beau dans ses défaites que ses victoires. Il est humain dans ce cyclisme toujours plus robotisé. En plus d'être bon, il est sincère et sensible, ça pourrait être notre pote ou Monsieur Tout-le-Monde. J’ai tellement de bons et de mauvais souvenirs. Comme le Tour 2019 quand il s’impose au Tourmalet et qu’il lâche Egan Bernal au Prat d'Albis. On se dit qu’il va gagner le Tour, on y croit. Et puis quelques jours plus tard, c’est la clim’ intersidérale, avec son abandon sur une blessure qui n'arrive qu'aux footeux… Pour toutes ces raisons, c’est important d’être là sur ce Tour", raconte à RMC Sport celui qui fait partie du Collectif Ultras Pinot, un compte Twitter lancé en 2020 à la gloire du coureur de la Groupama-FDJ.
Pour transformer le Petit Ballon en une fan-zone de feu, la Française des Jeux s’est d’abord rapprochée - via sa plateforme de paris Parions Sport - de la Fédération française de la Lose, FFL pour les intimes. Les auteurs de cette page satirique, qui met tous les jours en avant les petites bourdes et grands craquages des athlètes tricolores, ont eu l’idée de contacter le Collectif Ultras Pinot. L’idée de toute cette opération : faire de ce 22 juillet un souvenir mémorable.
"Ça va être une immense fête ! Avec des drapeaux, des écharpes, des tifos, des chants, des fumis le matin… Il y a un bus qui arrivera tôt de Paris samedi avec des supporters. On ne peut pas savoir combien il y aura de personnes dans le virage. Au moins 150-200, mais beaucoup de gens nous ont fait part de leur envie de venir. On parle de la dernière étape de montagne du dernier Tour de Thibaut, en plus dans les Vosges, chez lui. Il y aura aussi des Belges, des Néerlandais, des Danois, des Slovènes, des Allemands... Ils sont déjà bien chauds, c’est noir de monde ici. C'est vraiment ouvert à tout le monde. Et au-delà du virage, on sait que Thibaut sera soutenu tout au long de l'étape. J'ai fait le parcours ce matin, il y a des banderoles partout. On va se casser la voix. L'ambiance sera phénoménale", savoure Pierre.
Pinot : "Ce sera spécial pour moi"
Dans ce volcan qui ne demande qu’à entrer en éruption, Arthur Vichot, ami et ancien équipier de Pinot chez FDJ, sera également de la partie. Reste une question : le 12e du classement général va-t-il s’arrêter pour saluer tout ce beau monde ? "On ne l'espère pas, sourit Pierre. S'il s'arrête, c’est super pour nous mais ça veut dire qu'il n'est pas dans l'échappée et qu'il ne joue pas la gagne..." Mais alors qu’en pense le principal intéressé ? "Ce sont les jambes qui vont parler, répond Pinot. Je suis pressé d’y être. Ça sera une belle fête et j’espère que je serai devant pour profiter vraiment de cette ambiance. Il y aura sûrement de l’émotion parce que je me dis que ça sera mon dernier col et mon dernier col sur le Tour. Je pense que ce sera spécial pour moi demain."
Ce que confirme Julian Alaphilippe : "On n’est pas dans la même équipe mais c’est un coureur attachant. C’est un attaquant, il court avec le cœur, il va beaucoup manquer au public français. Même moi, je suis content de partager quelques petites discussions avec lui sur ce Tour parce que je sais que c’est son dernier. Je lui souhaite tout le meilleur pour la suite, pour ses nouveaux projets et pour la vie après le vélo". Seul Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ, refroidit un peu l’ambiance : "Ce n’est pas encore l’heure de la retraite pour lui. L’émotion sera pour le Tour de Lombardie. On est encore dans le Tour, dans une étape décisive et j’ai envie qu’on reste concentré sur la course." Ce sera peut-être un peu moins le cas entre 16h15 et 16h30.