RMC Sport

Tour de France: comment la Jumbo-Visma et Vingegaard ont mis une première claque à Pogacar

placeholder video
Après avoir gentiment montré les crocs au Pays basque, Tadej Pogacar se savait attendu ce mercredi pour l’entrée dans les Pyrénées. Parfaitement organisée, la Jumbo-Visma lui a porté un premier coup et envoyé un signal fort en ce début de Tour de France. 

"Yeeeeeeeees !" Il est 17h25 ce mercredi lorsqu’un cri de joie se fait entendre au pied du car de la Jumbo-Visma, à Laruns. En terres pyrénéennes, Jonas Vingegaard vient de frapper un grand coup sur le Tour de France. Dès la cinquième étape. En attaquant à 19 bornes de l’arrivée, à un peu plus d'un kilomètre du sommet de Marie Blanque, le champion sortant s’est débarrassé d’un Tadej Pogacar incapable de le suivre. L’écart s’est accentué dans la longue descente menant à l’arrivée. Avec, au bout du compte, un écart de plus d’une minute entre les deux immenses favoris de cette 110e édition. Au classement général, l’avance du premier sur son principal rival passe à 53 secondes, alors que le nouveau leader de ce Tour s’appelle Jay Hindley. 

>> Tour de France: résultats et infos EN DIRECT


Au départ de Pau ce matin, c’est Pogacar qui menait aux points avec ses onze secondes d’avance sur Vingegaard glanées lors de leur round d’observation à Bilbao et Saint-Sébastien. Depuis ce week-end inaugural, certains s’interrogeaient sur l’état de forme de Vingegaard, qui avait refusé de collaborer avec Pogacar dans les pentes les plus sévères de la Côte de Pike. Cette fois, le chef de file des Jumbo n’est pas resté dans l’ombre bien longtemps. Son équipe a été actrice d’entrée en plaçant Christophe Laporte, Wout van Aert et Tiesj Benoot dans l’échappée. Même si la présence à l’avant de Hindley, vainqueur du Giro 2022 et prétendant au podium sur les Champs-Elysées, n’avait pas franchement été anticipée.

Qu’importe, Vingegaard a su placer une attaque foudroyante au meilleur des moments pour lâcher Pogacar dans des proportions difficilement imaginables au regard du profil de l’étape et du début de Tour prometteur de "Pogi". Même Vingegaard semblait étonné au moment de dresser le bilan à l’arrivée : "Le plan était de mettre des gars dans l'échappée, on en avait trois. Sur le papier ce n'était pas une étape qui me convenait très bien. Mais dans la dernière ascension, je sentais que j'avais de bonnes jambes. J'ai dit à Sepp (Kuss) d'aller à l'avant, et j'ai attaqué. J'étais surpris que Pogacar n'arrive pas à me suivre. Je voulais le tester un peu, mes jambes étaient vraiment bonnes."

Van Aert : "Nous étions très forts"

"Ça aurait été un jour parfait si on avait gagné, expliquait pour sa part Grischa Niermann, son directeur sportif chez Jumbo-Visma. Mais nous sommes déjà très contents de cette journée. Est-ce qu'on s'attendait à un tel écart avec Pogacar ? Non. C'était une journée très difficile. Une grosse échappée avec Hindley, un candidat au podium. Toute l'équipe a fait un super travail pour mettre la pression sur nos adversaires. On a tenté dans le Marie Blanque. Tout le monde a fait le job autour de Jonas pour imprimer le rythme et lâcher Pogacar. On voulait être dans l'échappée. Le plan n’était pas d’avoir un favori avec nous dans l'échappée mais c'est le vélo. Est-ce que Jonas est le nouveau favori numéro un ? C'est peut-être le plus grand favori pour le moment mais il reste des étapes et des choses peuvent se passer."

Et Van Aert de résumer parfaitement la chose : "Je crois que nous étions très forts aujourd’hui." Côté Jumbo, l’objectif était donc clair : profiter de ce premier véritable défi montagneux pour mettre la pression sur les UAE et fatiguer leur patron. Même avec un poignet fragile, séquelle de sa lourde chute sur Liège-Bastogne-Liège, le 23 avril, Pogacar avait donné quelques maux de tête à la machine jaune et noire en montrant les crocs avec des mini-attaques les premiers jours. Serein, détendu, il s’amusait même à imiter les accès de colère de Van Aert. Ce mercredi soir, l’ambiance n’était plus la même côté UAE.

Une revanche dès jeudi ?

"On n’était pas dans un bon jour comme vous avez pu le voir, reconnaissait Mauro Gianetti, le boss de l’équipe émiratie. Vingegaard a été très impressionnant. Hindley a aussi fait de belles choses. Le petit avantage qu’on avait au début a volé en éclat." Avant d’ajouter, sans doute convaincu que le pic de forme de son poulain arrivera en troisième semaine : "On a perdu l’avantage qu’on avait mais on est toujours dans la course." Il faudra le prouver dès jeudi avec une étape de haute montagne relativement courte, mais qui comportera deux cols mythiques : le col d'Aspin et le Tourmalet. Une revanche est attendue.

"On a vu ce qui s'est passé l'an dernier quand ils avaient énervé la bête, sourit David Gaudu, neuvième à Laruns. Pogacar ne va pas lâcher comme ça. On sait de quoi il est capable. Jumbo a mis la première mine, mais il peut leur répondre."

Rodolphe Ryo, à Laruns