RMC Sport

Tour de France: "Il connaît parfaitement son rôle", Madiot explique ce qu'il attend de Pinot

placeholder video
À quelques heures du début des championnats de France de cyclisme à Hazebrouck et Cassel et à dix jours du départ du Tour de France à Bilbao, Marc Madiot, le manager de l’équipe Groupama-FDJ, fait le point sur les objectifs et les stratégies de son équipe dont on connaît la composition pour la Grande Boucle.

Le championnat de France reste une course au goût particulier pour vous, vous faites toujours le briefing d’avant-course ?

C’est un rendez-vous particulier. Il y a un maillot à aller chercher. C’est le drapeau. C’est la journée du cyclisme français. Essayer d’aller chercher ce maillot c’est une fierté, le porter sur les épaules pendant un an c’est un grand moment dans une carrière. Il y a une motivation particulière et le briefing sera forcément un peu plus musclé. Si je n’y participais pas mes coureurs auraient peut-être la sensation que je suis malade ou en pré-retraite. Je participe au briefing du championnat, d’avant-Tour et de Roubaix et j’assiste à d’autres où je ne prends pas forcément la parole.

Dimanche c’est une course au profil qui correspond à certains de vos coureurs.

Oui mais ça ne va pas être simple, comme on dit dans le jargon "ça va être un chantier". Il faudra un coureur fort, qui passe bien les bosses à minima car il y a 4000 mètres de dénivelé. Donc ça va forcément être compliqué.

Comment va David Gaudu après son Dauphiné compliqué (30e à 25’49 de Jonas Vingegaard) ?

Il va plutôt pas mal. Il est resté quelques jours en altitude à l’issue du Dauphiné. Je l’ai eu au téléphone, il est zen, serein, concentré sur le championnat et le Tour. Pas de feu rouge. Il n’a jamais été compétitif sur le Dauphiné, on sortait toujours de stages de montagne volontairement difficiles. On aurait préféré un résultat mais ce n’est pas parce que tu as un résultat au Dauphiné que tu es meilleur au Tour de France. Ce qui va compter c’est le Tour donc on est concentré sur cet objectif et le championnat.

Sur le Tour avec David Gaudu comme leader et la présence de Thibaut Pinot dans l’équipe vous dites qu'il va falloir courir autrement. Qu’est-ce que ça veut dire ?

J’observe les courses, et notamment depuis le début de la saison, on voit que ça déclenche les hostilités de très loin. Il y a plus de mouvement dans la course. Avoir des gars comme Madouas ou Pinot capables d’aller dans le mouvement c’est quand même un point important. Il faut mieux qu’on nous coure après plutôt que nous d’avoir à courir après les autres. Dans les gros mouvements de course, il faudra être présent ça me semble important pour la vie de l’équipe et pour faciliter le rôle du leader. Si on est sans cesse en poursuite, on se met en difficulté. Sur ce qu’on a vu dans les classiques et le Giro, il faudra avoir les coureurs pour être dans cette course de mouvement, Pinot comme Madouas sont des bons coureurs pour ça.

Est-ce possible de transformer Thibaut Pinot en équipier ?

Il sera là pour donner un coup de main si besoin est. Il connaît parfaitement son rôle. Il sait qu’il est là pour travailler pour Gaudu. Mais on peut travailler pour Gaudu de différentes manières en utilisant les mouvements de course. Après s’il faut rouler des bouts-droits pour David il m’a dit qu’il le ferait. Il n’y a pas eu d’ambiguïté avec lui. Il est extrêmement détendu. Comme je lui ai dit : "tu es quand même un coureur particulier car pendant des années c’était parfois la croix et la bannière pour te mettre dans le Tour de France. Là tu es dans ta dernière année normalement il n’y avait que le Giro de prévu avant de glisser en pente douce vers la sortie et la retraite et c’est l’inverse qui se produit." Mais tant mieux. Il est libéré, zen et on compte un peu là-dessus pour le Tour. Je voulais mettre la meilleure équipe possible et quand on a un coureur comme lui qui se propose et qui est en situation de pouvoir jouer un rôle intéressant au sein de l’équipe on ne s’en prive pas.

Il y a quelques années vous aviez demandé à Thibaut si en se rasant le matin il avait envie de gagner le Tour un jour. Il vous avait répondu non. Vous avez posé la question à David ?

Non jamais mais je pense qu’il serait un peu plus affirmatif, un peu plus ambitieux. La course est ainsi faite qu’elle réserve parfois des surprises agréables. Nous l’objectif reste le même que l’année dernière avec un podium ou au plus près du podium et faire un grand Tour. On a construit une équipe pour être très opérationnelle en montagne car on sait que c’est un Tour ou la décision se fera en montagne. On part avec cette philosophie-là.

L’équipe Groupama-FDJ pour le Tour de France :

- David GAUDU (France)
- Kevin GENIETS (Luxembourg)
- Stefan KÜNG (Suisse)
- Olivier LE GAC (France)
- Valentin MADOUAS (France)
- Quentin PACHER (France)
- Thibaut PINOT (France)
- Lars VAN DEN BERG (Pays-Bas)

Pierre-Yves Leroux