Tour de France: le retour du col du Granon, 36 ans après

Difficile de se cacher. Ce mercredi, les favoris du Tour de France auront l'occasion de s'expliquer sur les pentes du col du Granon, terme de la 11e étape. La journée s'annonce historique pour les fans de cyclisme, alors que l'ascension se fera seulement escaladée pour la deuxième fois dans l'histoire de la Grande Boucle.
"Un goudron rugueux, peu roulant"
Parmi les raisons, le classement du Col du Granon en espace Natura 2000. En conséquence, les organisateurs ont annoncé que la montée "sera un modèle d'exemplarité sur le plan environnemental", afin de préserver la biodiversité du site. Ainsi, la caravane publicitaire ne passera pas, tout comme le camping et les barbecues seront interdits aux spectateurs. Le dispositif d'arrivée sera aussi allégé.
Au niveau de la chaleur, les prévisions annoncent 18 degrés au sommet, ce qui ne devrait donc pas gêner les coureurs, là où la France traverse une période caniculaire. Mais la difficulté se suffit déjà à elle-même. "La montée est exceptionnellement dure (11,3 km à 9,2% de pente moyenne) sur un goudron rugueux, peu roulant", estime le directeur de course Thierry Gouvenou à propos de cette ancienne route militaire. "Entre l'altitude et les cols proposés, on peut s'attendre à des écarts significatifs."
Voyage en haute altitude
Mais avant l'explication sur la plus haute arrivée du Tour de France, à 2.413 mètres d'altitude, il faudra d'abord escalader le Col du Télégraphe (11,9 km à 7,1%) puis le Galibier grimpé par sa face nord (17,7 km à 6,9%). C'est donc une vraie étape de montagne qui attend le peloton. Au sommet du Galibier, à 2 642 mètres d'altitude, il restera une trentaine de kilomètres d'une descente large et rapide en direction du Lautaret puis de Serre-Chevalier pour rejoindre le pied du Granon. "C'est une montée où les Pogacar ou Vingegaard auront la mainmise", estime Pierre Rolland, qui tentera certainement de prendre l'échappée.
"On fatigue beaucoup plus vite au-dessus de 2 000 mètres qu'à 1 000 mètres. Chacun est différent, ça ne pose pas trop de problèmes à certains coureurs", a indiqué Thibaut Pinot, qui sera très attendu par le public français. Dimanche, le Français n'est pas passé loin de la victoire à Châtel mais s'il avait réussi à distancer tout le monde dans l'échappée dans le Pas de Morgins, il avait buté sur Bob Jungels, parti en amont. L'étape du jour convient bien plus à un pur grimpeur de sa trempe. Sa chance est de se glisser dans l'échappée.
Le dernier maillot jaune de Bernard Hinault en 1986
Sur le papier, le terrain est aussi propice à une course lancée de loin. D'autant plus avec l'équipe UAE Emirates qui a perdu deux coéquipiers en raison du Covid ces derniers jours. Avec plusieurs coureurs placés au général, les Jumbo-Visma et Ineos Grenadiers pourraient par exemple anticiper le Col du Granon, de sorte à isoler le Slovène. Reste à savoir aussi si Pogacar, déjà vainqueur de deux étapes, voudra s'ajouter un autre bouquet de prestige. Mais cela demanderait beaucoup d'efforts pour contrôler la course.
Il y a 36 ans, le Col du Granon avait vu la victoire de l'Espagnol Eduardo Chozas. Mais surtout, Bernard Hinault avait porté pour la dernière fois le maillot jaune lors de sa carrière, cèdant sa tunique à son coéquipier Greg LeMond. Le lendemain, le Français s'était imposé au sommet de l'Alpe d'Huez, pour une étape restée mythique avec la poignée de main sur la ligne avec LeMond. Ce jeudi, pour la fête nationale française, le peloton arrivera aussi à l'Alpe d'Huez. L'enchaînement s'annonce brutal et devrait bouleverser la hiérarchie au classement général, ou au moins créer de sérieux écarts.