Tour de France: Pinot impressionne ses rivaux

Même lui n’a pas réussi à suivre Thibaut Pinot. S’il a longtemps résisté dans les roues du Français, dimanche, dans le final de la 15e étape du Tour de France entre Limoux et Foix Prat d’Albis, Egan Bernal a fini par céder à trois kilomètres de l’arrivée. Le Colombien, co-leader de la formation Ineos avec Geraint Thomas, a franchi la ligne d’arrivée en cinquième position. Avec 33’’ de retard sur Simon Yates, le vainqueur du jour, et à 18’’ de Pinot, qui a une nouvelle fois été épatant au lendemain de sa victoire au sommet du Tourmalet.
Le niveau qu’il a affiché dans les pentes du Prat d’Albis, où il a lâché un à un les autres favoris à la victoire finale, a impressionné Bernal. "C’est incroyable. Seulement incroyable. Il a été le plus fort d’entre nous", a déclaré le jeune grimpeur de 22 ans, qui occupe la cinquième place du classement général, à 2’02’’ du maillot jaune toujours porté par Julian Alaphilippe, et à 12’’ de Pinot, désormais quatrième.
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Bernal: "J'ai beaucoup souffert pour essayer de rester avec Pinot"
"Geraint (Thomas) m'a dit que je pouvais suivre les mouvements et faire ma propre course, poursuit Egan Bernal. Il m'a dit que ce serait mieux si on avait deux cartes à jouer. J'ai beaucoup souffert pour essayer de rester avec Pinot, mais c'est le Tour. Quand je me suis fait lâcher, je méritais d'être là où j'étais, je m'en suis satisfait. J'ai 22 ans et c'est déjà un rêve de me retrouver parmi les meilleurs. Il y a encore cinq ou six coureurs qui peuvent gagner le Tour de France. Et ce sera très difficile. Si à n'importe quel moment je dois me sacrifier pour que Geraint Thomas gagne le Tour, je le ferai avec plaisir."
Buchmann et Kruijswijk eux aussi bluffés
Quatrième de l’étape, Emanuel Buchmann a lui aussi été bluffé par le leader de la Groupama-FDJ. "Je me suis senti vraiment bien, avec des jambes parfaites. Quand Pinot a attaqué, c'est la première fois où je me suis senti à la limite mais j'ai d'abord réussi à le suivre. Cependant, il n'a pas arrêté de lancer des attaques", a réagi le coureur allemand de la Bora-Hansgrohe.
"Je me suis rendu compte qu'il était trop fort pour moi, donc j'ai décidé de terminer à mon rythme. Ce Tour de France est plus ouvert que ces dernières années car il n'y a aucune grosse équipe assez forte pour contrôler la course. Pour le moment, Pinot semble le plus fort et a une équipe vraiment solide. Il pourrait être le favori, mais nous avons encore une semaine importante devant nous", a insisté Buchmann, sixième du général.
Steven Kruijswijk a dressé le même constat à l’arrivée. "Je suis resté dans la roue de Thomas, je ne pouvais pas suivre Pinot. Nous avons essayé de limiter le plus possible les dégâts", a raconté le leader néerlandais de l’équipe Jumbo-Visma, huitième de l’étape et troisième du général. Seul coureur à franchir la ligne d’arrivée avant lui, à Foix Prat d'Albis, Simon Yates voit également en Pinot un candidat de plus en plus crédible au maillot jaune: "Il est très impressionnant. Pas seulement aujourd’hui. Hier aussi et les jours d’avant."
"S’il n’avait pas perdu de temps dans la bordure, il serait peut-être plus proche du maillot jaune. Mais il a encore du temps et je suis sûr qu’il va tout tenter", a ajouté le Britannique de la Mitchelton-Scott, faisant ici référence au coup de bordure dont a été victime Pinot lundi à Albi, qui lui a fait perdre 1’40’’ sur la plupart de ses rivaux.
Sans cette perte de temps, le Franc-Comtois serait aujourd’hui deuxième du général derrière Alaphilippe. Mais il lui reste encore une semaine pour continuer à faire exploser ses adversaires et quitter le Tour sans regrets.