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Tour de France: pourquoi le peloton est submergé par une vague orange au Pays basque

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Avant de rentrer en France lundi, le peloton du Tour a pu constater que la ferveur basque était bien au rendez-vous ce week-end. Avec une marée orange en référence à l'équipe Euskaltel-Euskadi... absente de l'épreuve cette année. 

C'est à se demander si le célèbre "virage des Hollandais" de l'Alpe d'Huez ne s'est pas téléporté pour quelques jours de l'autre côté des Pyrénées. Car au Pays basque, terre d'accueil du Tour de France cette année, le peloton se retrouve embarqué dans une fabuleuse marée orange digne des plus grands folklores néerlandais. Ce fut le cas dès jeudi pour la présentation des équipes devant le musée Guggenheim de Bilbao, où la ferveur locale n'a jamais été refroidie par une météo capricieuse. Ce fut encore le cas samedi pour la première étape remportée par Adam Yates devant son frère Simon. Et le décor ne change pas ce dimanche sur les routes allant de Vitoria-Gasteiz à Saint-Sébastien. 

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Avant que les coureurs ne rejoignent le sol français lundi avec une arrivée programmée à Bayonne, le peuple basque s'est visiblement donné une mission : faire honneur à sa réputation de terre de vélo. Un challenge relevé haut la main. "Il y a vraiment beaucoup de ferveur sur le bord de la route donc c'est forcément très agréable de faire du vélo dans ses conditions. On prend beaucoup de plaisir", raconte le coureur de la formation TotalEnergies, Valentin Ferron, encore tout étourdi par le show proposé samedi après-midi dans la côte de Pike. Sur cette copie du Mur de Huy, longue de deux kilomètres avec des passages à 20%, il fallait pouvoir jouer de malice pour se frayer un chemin au milieu d’un flot de supporters déchaînés et gonflés à bloc bien avant le passage de la meute. 

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De l’aveu de certains suiveurs, l’ambiance était même encore plus folle que l’an dernier à... l’Alpe d’Huez. Les motos de la gendarmie obligées parfois d'écraser les freins et les véhicules qui en ont perdu leurs essuie-glaces ne diront pas le contraire. "C'est de la folie totale, confirme Cédric Vasseur, le manager de Cofidis. Le Pays basque sait recevoir. Il aime le vélo, il aime le sport. Ce sont des moments inoubliables dans la vie d'un coureur, notamment pour Ion Izagirre qui évolue sur ses terres. Le Pays basque est heureux d'accueillir le Tour et ça fait un bien fou. Ça permet de voir des exploits." 

"On appelle ça la marée orange"

Mais alors une question, pourquoi cette couleur orange est présente absolument partout au Pays basque ? Ici, les maillots jaunes, verts ou blancs à pois rouges, symboles emblématiques du Tour de France, ne font pas le poids face à cette vague orange qui s’affiche sur les drapeaux, les t-shirts, les bobs… Les supporters néerlandais n’ont pourtant pas envahi la région. La raison est en fait assez simple : c'est une référence autant qu'un hommage à Euskaltel-Euskadi. Une équipe née en 1994 via la fondation Euskadi sous l'impulsion de Miguel Madariaga et sur le modèle de l'Athletic Bilbao avec la seule présence de coureurs issus du cru. 

Avec des appuis politiques et l'arrivée de la compagnie Euskaltel (une société de téléphonie dont le logo est... orange) en 1997, l'équipe s'est développée et la patte orange est devenue un petit empire. Mais après 13 participations au Tour de 2001 à 2013, elle n'a plus suivi la hausse des budgets du World Tour. Et en 2013, des têtes d'affiche comme Mikel Landa, Samuel Sanchez ou les frères Izagirre sont allés voir ailleurs. Aujourd'hui, elle court en deuxième division et n'a donc pas pris le départ du Tour. Mais sa présence se ressent pleinement grâce au soutien incroyable de ses fans. "Moi j'adore Mikel Landa, je suis venu pour le supporter et montrer notre soutien à Euskaltel. On appelle ça la marée orange. C'est l'équipe de notre pays, elle nous a offert beaucoup de bons souvenirs. C'est très typique le fait d'être en orange, ce n'est pas seulement le cas sur les courses cyclistes, mais aussi pour les Fêtes de la "Virgen Blanca" (la Vierge blanche) qu'on organise ici", nous raconte Unai, 38 ans, rencontré au départ de la deuxième étape à Vitoria-Gasteiz, avec toute sa famille vêtue en orange. 

Un peu plus loin, Oscar, 49 ans, se targue de connaître sur le bout des doigts le palmarès d'Euskaltel-Euskadi. Et lorsqu'il voit Landa sortir du bus de la Bahrain-Victorious, l'applaudimètre s'envole. "Ici on aime vraiment le cyclisme et le Tour, dit-il. Le orange c'est comme le drapeau basque (une croix blanche et verte sur fond rouge), c'est un symbole ici. Euskaltel, c'est notre fierté. Elle a rivalisé avec les meilleures équipes. La marée orange ne s'est jamais arrêtée." Même enthousiasme du côté de Julen, 25 ans : "Euskaltel, c'est une source de fierté pour nous parce que c'est une équipe qui représente le peuple basque, avec des coureurs qui sont principalement basques encore aujourd'hui. C'est juste dommage que Euskaltel ne puisse pas être là sur ce Tour pour nous représenter. Mais on la soutiendra toujours." Encore ce dimanche où la foule est telle que les organisateurs du Tour ont demanndé aux voitures suiveuses et aux médias de prendre leurs "dispositions en prévision de la densité de public" attendue jusqu'à l'arrivée à Saint-Sébastien.

Rodolphe Ryo, à Saint-Sébastien (Espagne)