Tour de France: "Trop juste", la déception Alaphilippe

Sur le papier, les deux premières étapes de ce Tour ne pouvaient mieux correspondre à ses qualités. "J’aime beaucoup cette étape de samedi (qui arrivait à Bilbao), le parcours me convient bien, j’ai fait ce que je pouvais pour être prêt pour ce départ au Pays basque." Julian Alaphilippe avait les crocs samedi, lui, l’insatiable puncheur, l’attaquant-né.
Le Français arrivait sur cette Grande Boucle motivé, l’envie était là, présente, le moral gonflé à bloc, du moins le pensait-on au sortir d'un Critérium du Dauphiné (terminé à la 10e place) qui lui aura permis de renouer avec la victoire. Malheureusement pour lui, les jambes n’ont pas suivi.
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Après ces deux premiers jours de course le constat est limpide, Julian Alaphilippe n’a jamais été en mesure de se frotter aux meilleurs, pas davantage dans l’épais brouillard de l’Alto de Jaizkibel dimanche que dans les plus forts pourcentages de la Côte de Pike, juge de paix de la première étape la veille, samedi.
A chaque fois, le Français s’est rangé, incapable de soutenir le rythme imposé par la concurrence. Alaphilippe, dont la popularité auprès du public français demeure intacte, s'est même fait voler la vedette par Victor Lafay, que certains dépeignent déjà comme son successeur.
"Il est trop juste", constatait froidement l’impitoyable Patrick Lefevere, patron de l'équipe Soudal Quick-Step, après l’étape de Bilbao. Dimanche, Julian Alaphilippe est apparu un peu plus dans le ton, mais il a cédé et perdu le contact à deux kilomètres de la bascule vers Saint-Sebastien sous le tempo infernal de la Team UAE Emirates, terminant à 2’25 des meilleurs.
Une situation difficile à accepter
"Ce qui est plutôt encourageant, c'est qu'il se sentait mieux qu'hier (samedi)", tâchait de positiver auprès de L'Équipe son cousin Franck Alaphilippe, sur la ligne d’arrivée. Très éloignée de ses ambitions affichées d’avant-course, l’impression laissée par Julian Alaphilippe reflète une réalité très concrète pour le double champion du monde.
Le cycliste saint-amandois court depuis plusieurs mois après son niveau d’antan, quand son jump lui permettait d’écraser la course et de revendiquer le statut de meilleur puncheur du monde, capable de rivaliser avec les meilleurs sur tous les terrains, de jouer la victoire finale sur le Tour de France (5e en 2019, privé du maillot jaune lors de la 19e étape).
"J'ai toujours du punch, mais il y a les trois grands mousquetaires, (Tadej) Pogacar, (Wout) Van Aert et (Mathieu) Van der Poel, et moi je suis le petit mousquetaire, désormais", reconnaissait-il, lucide, dans une interview accordée à L’Equipe.
"Il sent qu'il lui manque peu pour être avec les meilleurs, il est frustré de ne pas pouvoir accompagner les 25 coureurs pour la gagne alors qu'il doit être normalement dans ce groupe. C'est dur de l'accepter pour l'instant, admettait dimanche son cousin et entraîneur, Franck. Mais on garde le moral, son niveau ne peut que progresser."
Julian Alaphilippe s’est voulu optimiste dimanche, et on peut penser qu’il fera tout pour conjurer le sort. "Je suis venu ici pour gagner une étape, je vais prendre ce Tour jour après jour et j'espère que ça ira", confiait-il avant le Tour de France. Une épreuve difficile ne se prolonge jamais indéfiniment. Sur les routes du Tour comme dans la vie, après la pluie vient le beau temps.