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Cyclisme: "Il n'y avait pas de place pour discuter de Gaza", un ancien coureur d'Israel-Premier Tech "soulagé" d'avoir quitté l'équipe

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Le cycliste italien Alessandro De Marchi s'est livré sur son passage dans la formation israélienne entre 2021 et 2023. À 39 ans, le vainqueur de deux étapes sur la Vuelta a déploré le manque de prise de conscience du peloton sur la situation à Gaza, et pointé du doigt l'inaction de l'UCI.

Alessandro De Marchi est "heureux et soulagé" de ne plus courir pour Israel-Premier Tech. L'ancien coureur de la formation de l'Israélo-Canadien Sylvan Adams - proche de Benyamin Netanyahu - a pris la parole pour exprimer son malaise quant au silence du peloton sur la guerre à Gaza et la crise humanitaire qui en découle.

D'après l'Italien de 39 ans, sous contrat avec Israel Premier-Tech en 2021 et 2022, il lui serait difficile de continuer de représenter son ancienne formation, présente sur le Tour de France.

"J'aurais eu beaucoup de mal à être là-bas maintenant", a-t-il confié à l'hebdomadaire britannique The Observer. "Chacun est libre de ses choix, mais aujourd'hui, je ne signerais pas de contrat avec Israël. Je ne serais pas capable de gérer mes émotions, de m'impliquer dans une telle aventure."

Avant de poursuivre: "Maintenant que je suis plus âgé, je suis capable de réfléchir comme je ne le faisais pas il y a cinq ans, et je comprends que dans la vie, il y a des moments où, même si c'est difficile, il vaut mieux suivre sa morale. Aujourd'hui, je ferais les choses différemment."

"La vision d’Israël était projetée"

S'il ne s'agit pas d'une formation aux financements étatiques, la volonté de son fondateur est clairement de "porter l'image" d'Israël. C'est d'ailleurs ce qu'a ressenti pendant deux ans celui qui court désormais pour la Jayco AlUla et qui prendra sa retraite à la fin d'année.

"Les membres de l'équipe souhaitaient mettre en valeur la beauté du pays, mais il n'y avait jamais de ressentiment envers Gaza ou les Palestiniens, ni de référence à l'occupation en Cisjordanie", a d'abord rappelé Alessandro De Marchi.

Il a ensuite développé: "Il y avait une propagande plus légère, disons, où la vision d’Israël était projetée. On sentait que la société était complexe et divisée. Mais on voyait aussi qu'il n'y avait pas de place pour discuter de Gaza."

En quête de "mesures concrètes"

Depuis le début de la guerre à Gaza et l'intensification des représailles israéliennes après les attaques du 7-Octobre, la présence de l'équipe sur des courses World Tour dérange certains suiveurs et spectateurs, obligeant les organisateurs à renforcer sa sécurité. Par exemple, lors du dernier Giro, la formation a été visée par des manifestants. Ou encore, lors de la 11e étape du Tour de France à Toulouse où un homme a brandi un keffieh (devenu un symbole de lutte pour les Palestiniens) et porté un t-shirt avec la mention "Israel out of the Tour" avant d'être évacué de la ligne d'arrivée.

Mais la gravité de la crise humanitaire dans la bande de Gaza suscite peu de réactions dans le peloton, du moins de manière publique. Ce que déplore Alessandro De Marchi qui espère voir l'Union cycliste internationale (UCI) prendre position de manière claire: "Nous avons besoin de voir notre instance dirigeante prendre des mesures concrètes pour positionner le monde du cyclisme dans le bon sens et montrer sa conscience de ce qui se passe à Gaza."

Et de conclure: "Nous devons montrer qu'en tant que monde du cyclisme, nous nous soucions des droits humains et des violations du droit international."

TP