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"Je tenais ma tête dans mes bras", le récit terrifiant de Nacer Bouhanni de la chute qui a précipité sa retraite

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Invité de l'émission RMC Sport Club sur la chaîne Twitch RMC Sport, l'ancien cycliste Nacer Bouhanni est revenu lundi sur sa fin de carrière précipitée par une chute lors du tour de Turquie en 2022. L'ancien champion de France a notamment parlé du manque de sécurité pour la santé des coureurs.

"Je tenais ma tête dans mes bras donc j'ai senti que c'était grave". Nacer Bouhanni est revenu, dans l'émission RMC Sport club diffusée ce lundi sur la chaîne Twitch RMC Sport (et également disponible sur YouTube), sur sa précoce fin de carrière causée par sa terrible chute lors du tour de Turquie en avril 2022. A 33 ans, l'ancien coureur de l'équipe Arkea-Samsic a dû mettre un terme à son histoire avec le cyclisme professionnel après cet événement.

"On était à 60km/h dans un virage et malheureusement j'ai heurté une personne qui traversait la route. J'ai tapé la tête la première contre sa tête", a détaillé le champion de France 2012. Gravement blessé, le coureur est resté ensuite trois mois sans pouvoir pratiquer la moindre activité sportive avec un corset autour de la tête.

Nacer Bouhanni en a profité ce lundi pour pousser un coup de gueule après avoir porté plainte contre la fédération turque en réclamant 2,5 millions d'euros. Il estime que la fédération locale est responsable de la fin de sa carrière. Il demande plus précisément 50.000 euros de dédommagement pour "les souffrances endurées", et 2.454.000 euros d’indemnisation "sur l’incidence professionnelle" et les conséquences directes sur la suite (ou plutôt l'arrêt) de sa carrière.

"Des têtes bien pensantes qui sont censées réfléchir pour la sécurité des coureurs"

L'ancien coureur cycliste estime que la sécurité n'est pas complètement assurée sur les courses cyclistes professionnelles. En Turquie, là où il a vécu sa terrible chute, et également ailleurs autour du globe. Pour lui, rien n'est fait pour assurer la sécurité des membres du peloton.

"Il y a des têtes bien pensantes qui sont censées réfléchir pour la sécurité des coureurs. Ils avaient évoqué des barrières qui glissaient pour les sprinteurs mais je n'ai pas vu ça ensuite dans les arrivées, mis à part quelques fois en Belgique", a encore regretté Nacer Bouhanni pour le RMC Sport Club.

Avant de voir le coureur passé également par FDJ et la Cofidis ajouter: "Les grosses chutes arrivent dans les derniers kilomètres des courses donc si les balustrades sont faites en plastique où les cyclistes peuvent glisser dessus c'est mieux."

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La question de la sécurité des coureurs est au centre des débats ces derniers mois. Au-delà des chutes, l'UCI a également récemment remis en cause l'utilisation du monoxyde de carbone "de manière répétée par les coureurs" et cela pour des "raisons médicales". Le coureur français Guillaume Martin exprimait lui aussi ses craintes autour de ce gaz: "J'espère surtout que ça ne va pas tuer des gens parce que le monoxyde de carbone c'est quand même quelque chose qui peut être dangereux."

En revanche d'autres acteurs du cyclisme français sont plus optimistes sur le sujet de la sécurité des coureurs. Marc Madiot était l'invité des Grandes Gueules du Sport sur RMC ce dimanche et a estimé que les organisateurs prenaient enfin conscience de la dangerosité de certains parcours.

Bouhanni relance le débat autour des oreillettes

Contraint de stopper sa carrière après une chute importante, Nacer Bouhanni a aussi relancé le débat autour de l'utilisation des oreillettes dans les courses ce lundi. À ses yeux, cela apporte plus de danger pour les cyclistes que d'avantages sur la fin des courses.

"Je pense que les oreillettes ne sont pas une bonne chose pour la sécurité des coureurs car on ne peut pas être concentrés sur notre poste de pilotage à 70 ou 80km/h et sur ce qu'on nous dit", a également jugé l'homme qui a fini meilleur sprinteur du Tour d'Italie en 2014. "D'autant plus qu'on est 180 dans un peloton à en avoir. Ça crée de la nervosité."

Il y a quelques mois, l'Union cycliste internationale (UCI) avait annoncé plusieurs mesures en faveur de la sécurité dans les courses et notamment autour de la question des oreillettes. Elle avait lancé un test pour restreindre l'utilisation de cet outil avec l'idée "par exemple de limiter leur usage à deux coureurs par équipe." L'UCI avait expliqué que les oreillettes pouvaient constituer une "source de distraction, un danger d'ordre physique du fait que les unités radio sont installées sur leur dos, et représenter un risque lorsqu'un grand nombre d'équipes demandent simultanément à leurs coureurs de remonter en tête de course". Privé d'une fin de carrière plus classique, Nacer Bouhanni a décidé d'arrêter le vélo et de se diriger vers des sports qu'il estime "moins dangereux" comme la course à pied.

VN avec le RMC Sport Club