eSport: grâce à Call of Duty, Orlando s’est offert une belle part de ''Magic''

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Des cris, des pancartes de soutien et des chants entonnés à la volée, toujours plus bruyants et vibrants à chaque fois. Ce week-end, l'Amway Center d'Orlando a presque résonné comme lors des plus belles prouesses de ses protégés. Sauf que ce n’était pas ses habituels pensionnaires que le public a encouragé. Pas d'Evan Fournier donc, actuellement en stage de préparation pour l’Euro avec l'équipe de France de basket. Ni de match de pré-saison entre les autres joueurs du Magic et une franchise triée sur le volet. Ce week-end, il n’y avait point de ballon de basket, pas de panier ni de lancers de tee-shirts. Mais 128 jeunes gens, repartis en 32 équipes de quatre joueurs, venus du monde entier dans un seul but: décrocher le titre de champion du monde sur le jeu Call of Duty : Infinite Warfare, et la plus belle part du magot mis en jeu. A savoir, 600 000 dollars pour la team gagnante, sur les 1,5 million de dollars mis en jeu sur l’intégralité de ce championnat du monde.

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Pendant cinq jours, dont trois ouverts au public, la salle du Orlando Magic s’est muée, elle et ses 18 000 sièges, en véritable arène sportive à l’occasion de ce Call of Duty Championship 2017. Le résultat de près d’une semaine de labeur pour les équipes déployées sur place et mobilisées pour un rendez-vous inédit : pour la première fois, la compétition prenait ses quartiers sur la côte Est. ''Pour être capable de voir le nombre de fans que nous pouvons attirer avec un complexe comme celui-là, justifie Jay Puryear, le directeur du développement de la marque Activision. L’année dernière, le CoD Championship avait eu lieu au Forum de Los Angeles, l’ancienne salle des Kings. Notre fanbase est en train de grandir alors nous avons besoin de plus grands espaces. Et puis nous avons aussi choisi la cote Est pour que les fans en Europe puissent suivre plus facilement la compétition en raison du décalage horaire.''
55 dollars pour trois jours, 144 pour un pack VIP
Un "déménagement" mûrement réfléchi donc. Et évidemment stratégique à une heure où sport et esport tentent de se marier sur la durée. ''Nous sommes vraiment montés en gamme, assure de son côté le directeur de la section eSports dédiée à Call of Duty chez Major League Gaming (un des poids lourds de l’organisation esport dans le monde), Kevin Flynn. Ce genre d’endroits, c’est une aide. Les gens comme vous ou moi, qui travaillons ou parlons de la compétition sur Call of Duty, doivent faire de leur mieux pour éduquer le public à ce phénomène. Les gens ont besoin de réaliser que d’autres personnes viennent ici, dans ce lieu, pour faire de la compétition. Et que des gens importants gravitent autour d’eux. Si les gens réalisent comment les joueurs se préparent, ils se rendront compte du sérieux de la compétition."

Pour accueillir au mieux cet événement, l’Amway Center a dû s’adapter. A côté des traditionnels stands de hot-dogs et de frites, se sont ajoutés un photocall entièrement personnalisable, de la Réalité Virtuelle en libre accès sur des bornes, du merchandising avec des ventes de produits esport (manette, maillots, casquettes des équipes en lice), mais aussi un stand de dédicaces de joueurs et… la possibilité de s’essayer au prochain Call of Duty, baptisé World War II et disponible en novembre prochain. Bref, le public en avait pour son argent. Mais pour combien d’ailleurs ? ''Moi, j’ai dépensé 55 dollars pour les trois jours de compétition. C’est un prix raisonnable selon moi, nous confie Robin, admiratif devant ces professionnels de Call of Duty. Vous savez, les gens pensent que jouer au jeu vidéo est facile mais quand vous confrontez ces gars-là au public, ce dernier n’a aucune chance de l’emporter.'' Alors pour voir ces joueurs d’exception, il fallait mettre le prix. 55 comme Robin, ou 144 dollars pour s’installer dans la tribune VIP, avec les avantages (veste offerte notamment) qui vont avec. ''La passion pour les équipes est vraiment superbe. Les gens veulent voir leurs joueurs préférés l’emporter et ils sont prêts à payer beaucoup d’argent pour ça comme pour tout n’importe quel joueur de sport'' explique Robin.
''Une ambiance digne d’un match NBA''
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Quand ce n’est pas le porte-monnaie qui a fonctionné, c’est la patience des fans qui a pris le relais, pris d’une ferveur incroyable dès lors que certaines stars venaient à leur rencontre pour une séance de dédicaces. Le tout un peu au détriment de la scène, parfois creuse mais totalement bouillante une fois que les membres d’OpTic Gaming livraient bataille. Un constat loin d’être anodin tant Damon ''Karma'' Barlow, Seth ''Scump'' Abner, Ian ''Crimsix'' Porter et Matthew ''Formal'' Piper étaient et de très loin les chouchous du public.
Chaque point inscrit, chaque manche remportée par la ''Green Wall'' ont été autant de prétextes pour entendre des ''Let's go Optic'' résonner aux quatre coins de la salle. De quoi soutenir fortement la comparaison avec l’habituel sport local. ''C’est fantastique, appuie encore Robin, lui-même ''hypé'', tee-shirt à la gloire des joueurs OpTic sur le dos. C’est incroyable de voir le sport et l’esport se mélanger et de voir ça dans une salle de basket. C’est vrai que les gens ont encore des difficultés à le considérer comme un vrai sport mais il suffit de voir tout d’abord le cahsprize, qui est de 1,5 millions de dollars. Et puis, l’atmosphère ici est incroyable. Elle ressemble quasiment à celle d’un match de basket.''
Comme le champion NBA, une bague au doigt du vainqueur
Un soutien bienvenu pour une équipe confrontée à un double défi : conforter son statut de meilleure team au monde sur le jeu d'Activision et briser la malédiction qui lui colle aux basques dans cette compétition. Dans un Amway Center largement acquis à sa cause et portée par une fanbase impressionnante, Optic a résisté à tout. Et a enflammé les lieux, faisant tomber sous les yeux de la délégation française, - venue en équipe (Team Supremacy) ou en individuel dans une structure étrangère (''Wailers'' chez Vitality, ''Zayrox'' chez eRa Eternity) et éliminée dès la phase de poules - , la meilleure formation du Vieux Continent, Splyce, au terme d’un match accroché (3-2). Avant de s'offrir le scalp du tenant du titre et compatriote Team EnvYuS, déjà battu en finale de Pro League quelques jours plus tôt et… encore une fois après avoir dû remonter une manche de retard (3-1, 3-0).

De la joie et une part d’histoire s’est donc écrite ce week-end à Orlando. De l’histoire, oui quand ''Karma'' a décroché son troisième titre de champion du monde de Call of Duty ou quand ''Crimsix'', joueur le plus titré sur le jeu a enfin décroché ce trophée tant convoité. Sans compter les fameux 600 000 dollars que les OpTic vont se partager, ainsi que les 25 000 obtenus en plus par ''Formal'', élu MVP du tournoi. Le tout, sous les yeux de près de 200 000 âmes sur la Toile… et 3000 environ dans les tribunes. ''C’était vraiment une expérience incroyable. Vraiment incroyable'', confie en souriant ''Formal'', tout en caressant la bague de champion qui orne un de ses doigts. Une bague de champion… dans une enceinte NBA….Une tradition pour les vainqueurs du CoD Championship dans la lignée de celle récompensant les champions NBA. Et un sacré trait d’union entre deux univers, qui, durant trois jours à Orlando, étaient loin d’être si différents que cela.
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