TEST FIFA 18: le plat du pied (presque) sécurité

Football champagne you know
C'est le premier constat, le constat majeur d'ailleurs que l'on peut faire après plusieurs parties de FIFA 18: ça va à 2000 à l'heure. On ne parle pas des joueurs, qui ont vu leurs mouvements ralentis et tant mieux, tant les plus véloces disposaient parfois d'une agilité poussée, mais du rythme de jeu, qui s'emballe immédiatement après quelques une-deux ou une passe en profondeur. Pour faire simple, en trois passes (et on n'exagère à peine), on peut se retrouver face au gardien et inscrire un but. Une prime au spectacle assumée, compte-tenu - et cela est indéniablement un plus - des nombreuses solutions apportés au joueur en phase offensive, contrairement aux versions précédentes, assez pauvres en mouvements et en appels de balle tranchants dans les 30 derniers mètres. Le tout, finalement, au détriment d'une certaine construction au milieu de terrain, possible mais pas indispensable pour déséquilibrer le bloc adverse.

Cette prime à l'attaque, qui a donc l'avantage d'offrir plus de spectacle aussi, est déroutante et en a déjà dérouté plus d'un, à l'image du joueur et champion du monde FIFA 17 sur le mode Ultimate Team, Corentin "Rocky" Chevrey, qui s'est un peu lâché sur Twitter... mais n'a fait qu'exprimer finalement ce que beaucoup de veinards ont constaté ces derniers jours. Un constat tellement déroutant pour la série, qui avait fait de la défense et de la capacité à bien défendre un de ses principaux standards, qu'une mise à jour, en vue de rééquilibrer un peu les débats, a déjà été effectuée... et qu'une autre devrait suivre le jour de la sortie.
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Un FUT un peu étroit
C'était l'une des attentes de ce FIFA 18, après une saison esportive 100 % dédiée à ce mode de jeu. FIFA Ultimate Team, le produit le plus prisé de la simulation d'EA Sports, était attendu au tournant et force est de constater qu'il n'y a pas foule de changements. On en notera deux, tout de même significatifs: l'arrivée des Clashs d'Equipe, qui vous proposeront de vous confronter hors-ligne à l'équipe Ultimate Team d'autres joueurs - vous ne les jouerez pas directement, c'est l'IA qui les dirigera contre vous - mais aussi de VIP, comme des Youtubers, des joueurs professionnels et des ambassadeurs du jeu, comme Antoine Griezmann.
Mais aussi des nouveaux joueurs Légende (Henry, Maradona, Pelé, Ronaldinho...), désormais disponibles sous 3 versions différentes, correspondant à trois périodes distinctes de leur carrière. Le mode... Carrière justement a aussi bénéficié d'un petit lifting. Pour rendre le marché des transferts plus vivants, ce dernier dispose désormais de cinématiques et de nombreux bonus sont désormais inclus aux négociations des joueurs pour coller toujours plus à la réalité, comme l'apparition des clauses libératoires ou encore la possibilité d'entériner un transfert hors mercato.
La Bombonera sur votre écran

Lors des premières présentations du jeu, en mai dernier, le ton avait été donné : ce FIFA 18 allait envoyer du bois en termes d'ambiance. Force est de constater plusieurs semaines après que la promesse a été tenue, et bien tenue. Ce nouvel opus fourmille de nouvelles cinématiques (échange de maillots, discussions encore plus réalistes entre joueurs) et de célébrations de joie, que vous pourrez désormais partager avec le public en mode bain de foule. Mieux, c'est toute une tribune qui ira fondre sur les panneaux publicitaires après un but ou plusieurs spectateurs qui jetteront des serpentins sur la pelouse pour faire la monter la sauce.
L'accent a été bien mis sur l'ambiance, sur les chants aussi (au Parc, les deux virages se répondent) et sur le réalisme en tribunes, avec des tifos géants à faire palir certains groupes de supporters. La qualité de l'image et de la réalisation TV -(lancez donc un match de MLS pour voir) changent aussi en fonction du pays, du championnat et de la compétition. Après tout, avec les fumigènes et la poussière, le ciel parait tout de suite plus jaune au-dessus de la Bombonera... Bref, on est bluffé, beaucoup moins par les commentateurs. Si Hervé Mathoux a le ton de l'emploi, ses commentaires sont parfois en décalage total avec l'action - pas rare de l'entendre parler du Bayern alors que c'est Manchester sur le terrain -. Et Pierre Ménès est beaucoup trop discret pour apporter le dynamisme attendu par le duo.

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Une aventure qui vaut (cette fois) le coup d'être vécue
Une saison, une seule et puis s'en va. L'aventure d'Alex Hunter première du nom était frustrante et s'achevait par l'obtention de ce même Alex sous forme de carte FUT. Ce n'était pas vraiment l'expérience recherchée, une donne qu'a pris en compte EA Sports au moment d'élaborer les suites des tribulations du jeune Hunter, promis à une gloire éclatante dans le monde du football. Cette fois, l'Aventure ne se contente pas des bancs de Premier League : Alex ira exercer ses talents au Brésil et un peu partout en Europe.
Sans trop spoiler, Hunter passera faire un petit coucou à notre chère Ligue 1 et devra répondre d'une rumeur de transfert l'envoyant aux côtés de Cristiano Ronaldo au Real Madrid. Le changement d'ambiance est appréciable, les stars mieux intégrées dans le jeu (comme Rio Ferdinand et son émission de TV) mais on aurait aimé que l'Aventure se concentre exclusivement sur le jeu et ses objectifs dynamiques en cours de match ou d'entraînement, que sur la relation père-fils qu'entretient difficilement Alex avec son paternel. On aurait aussi aimé que les choix proposés aient un réel impact sur la suite de l'aventure, plutôt que de déterminer seulement le caractère (alors, modeste ou pas ?) de notre prodige du football. Pas de quoi bouder notre plaisir, pour autant : avec un Alex Hunter que l'on pourra personnaliser, cette fois des pieds à la tête, l'Aventure, on a vraiment envie de la vivre.

N'est pas Neuer qui veut
On l'a dit un peu plus haut, la prime est à l'attaque cette année et malgré le correctif déjà proposé lundi, la parole dans ce domaine n'est pas encore à l'équilibre. Avoir du mal à presser son vis-à-vis et à mettre le pied est déjà une chose, un parti pris aussi plus réaliste et qui tranchera avec l'assistance un peu trop présente sur les versions précédentes. Mais ne pas pouvoir compter sur son gardien en est une autre. Avant le fameux patch, ces derniers prenaient trop souvent l'eau de toute part : de loin, de près, sans jamais donner l'impression, quel que soit leur pedigree d'ailleurs, de pouvoir jouer les derniers remparts. N'ayant pas assez éprouvé leur niveau après ce correctif, on se gardera bien de vous dire qu'ils ont repris leurs esprits. Mais on sera attentif, comme vous, à ce qu'ils retrouvent rapidement leurs qualités, maintes et maintes fois louées par le passé.
Neymar, Rabiot, pas tous logés à la même enseigne
Un petit mot, tout de même, sur la qualité graphique du jeu (ah quand même !) pour finir ce test. Un an après son arrivée, le moteur de jeu Frostbite semble mieux maitrisé par les équipes d'EA Sports. Le rendu des visages a gagné en qualité, tout comme les effets sur la peau (sueurs, reflets). Même constat pour le gazon et les stades, à la modélisation toujours aussi remarquable. La progression est indéniable mais le résultat reste perfectible.

Tous les joueurs n'ont pas été soignés : si les stars ont bénéficié d'un travail tout particulier, certains sont peu ressemblants... voire pas du tout. L'effort, et il faut le noter, a aussi été apporté au coach. Cette fois, pas de polémique sur Zinedine Zidane en vue, ce dernier jouit d'une modélisation convenable, tout comme d'autres coachs emblématiques comme Carlo Ancelotti, Unai Emery et évidemment, tous les entraîneurs de Premier League, bien mis en avant une fois encore dans le mode Aventure.
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EN RÉSUMÉ
... rien de vraiment neuf. Entre les premières prises en main en mai et celle, désormais définitive, de cette fin de mois de septembre, ce FIFA 18 a beaucoup changé. Difficile vraiment de dire si ce changement lui est véritablement positif ou négatif: on va surtout rappeler que beaucoup se plaignaient d'un jeu de moins en moins spectaculaire, rapidement fermé entre deux joueurs et parfois ronronnant. Cela ne sera pas le cas cette année, même si EA Sports va, sans nul doute, tenter de rééquilibrer son gameplay.
Mais à l'heure de siffler le traditionnel clasico entre les deux jeux, c'est encore une fois FIFA qui l'emporte. Pas parce qu'il est meilleur - contrairement aux autres années - car il ne l'est pas. Mais parce qu'en dehors du jeu pur, l'ambiance, l'immersion et donc l'expérience de jeu qu'il propose est pour le moment sans égal. Que ses stades sont aussi vivants que les vrais et que les joueurs sont beaux grâce à une meilleure maitrise du moteur Frostbite. Que son mode de jeu numéro un, FUT, fera encore la différence et que ses licences font toujours aussi mal à PES. Que ses menus sont plus beaux et donc plus agréables à explorer, donnée non négligable su la durée. Bref, que sur la forme - car sur le fond... -, il n'y a pas de débat et que ce FIFA 18 ne dérogera pas à la règle en remportant le match. Sans pour autant l'écraser cette fois.