Vous voulez devenir scout pour Football Manager ? Voici le mode d’emploi

Football Manager - Capture écran
Les cheveux sont attachés, façon Zlatan Ibrahimovic. La tenue est « décontract’ » avec un sweat à capuche gris en haut et un pantalon large en bas. Un peu streetwear, un peu sportswear : l’idée est d’être le plus à l’aise possible. Et l’on comprend mieux le look lorsqu’on parle boulot avec l’intéressé : « les heures ? Ouh là… (sourires) On ne les compte pas. » Benjamin Miquet est l’un des trois head researchers détachés à la base de données française du jeu de gestion à succès Football Manager.
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Head quoi ? « Je suis en charge du championnat National. Je vais m’occuper des joueurs libres et du nettoyage de la base de données. Les deux autres head researchers s’occupent respectivement de la Ligue 1, de la Ligue 2 et des divisions nationales inférieures. Moi, j’ai six assistants sous mes ordres mais en tout, ce sont 30 scouts qui travaillent avec nous. » Trente bénévoles – « on est sur la base du volontariat, il n’y a pas de budget scouting », rappelle Benjamin, pour superviser une base de 10 000 joueurs environ, actifs comme inactifs.
Un simple mail et l’aventure peut presque débuter
Trente individus donc, qui ont proposé leur candidature et tenté leurs chances aux équipes de Sports Interactive via le mail suivant, recherchefm.fr@gmail.com. Et vu le succès du jeu, les demandes ne manquent pas. « Hors phase de recrutement, on peut recevoir jusqu’à 50 mails par semaine, relève Benjamin. Il y a un peu de tout dans les profils mais ce sont tous des passionnés de football. Quand on a des besoins, on met des annonces pour les clubs où il nous faut des scouts sur le compte Twitter officiel de Football Manager ou via les nombreuses communautés FM. » Assistant il y a encore quelques années, Benjamin Miquet, aujourd’hui testeur du Match Engine (« je suis là pour recenser les bugs et le bon ou mauvais comportement des joueurs et de l’IA ») ne se rappelle que trop bien des « sélections » à franchir avant de devenir scout pour les équipes de Football Manager.

« Au départ, on envoie son profil (nom, prénom, profession) par mail, ainsi que le club qu’on supporte et celui sur qui on aimerait bien travailler, nous raconte-t-il. C’est important, car ce qui est recherché, ce sont des gens qui vont au stade certes mais aussi des gens qui se déplacent aux entraînements et pas seulement lors des jours de match. Une fois que l’on vous recontacte, on va vous faire passer une sorte de test dans lequel il faudra démontrer votre connaissance du jeu et ce que vous pouvez lui apporter. »
Pas nécessaire d’être bon à FM mais de bien le comprendre
Le test en question ? Un listing complet du club visé, avec les joueurs et le staff, que le candidat devra vérifier, commenter et… corriger. « Oui, on y glisse volontairement quelques erreurs, poursuit Benjamin. L’idée est de savoir s’il connait bien son club, s’il détecte ces erreurs, s’il est capable de prendre du temps pour les corriger, le temps de bien étudier ce listing. Cela va déjà nous permettre de savoir s’il est sérieux, s’il est prêt à passer du temps sur la base de données et à aller chercher un niveau élevé de détail, même en s’aidant d’Internet. On va juger ce travail de recherche. » Et les éventuels petits rigolos ne font pas figuration très longtemps. « Quelqu’un de pas sérieux, qui parviendrait à passer les mailles du filet, finira tôt ou tard par se trahir ou abandonner, assure le head researcher. Il n’est pas nécessaire d’être bon dans le jeu pour être scout mais de bien le connaitre et de bien le comprendre. »

Car si le travail est passionnant, prenant, il n’en reste pas moins un travail. Même bénévole. Et il y a du boulot. Beaucoup de boulot. « C’est un gros travail de recherche, martèle Benjamin, hier traducteur d’une compagnie pétrolière en Russie avant de se retrouver depuis deux ans à Londres. Un gros travail d’équipe pour le nettoyage manuel de la base de données. Ça fait deux ans que j’occupe tout mon temps libre sur ça. Des erreurs, il y en a toujours. Il faut faire en sorte que les assistants comprennent bien comment fonctionnent les attributs des joueurs et les interactions entre ces attributs. Ce n'est pas toujours simple mais c'est très important, car c’est ce qui permet de reproduire le profil d’un joueur. »
Un suivi permanent avec son head researcher
Alors la communication entre le head researcher et son assistant est fréquente, parfois quasi-permanente, notamment lors des phases d’encodage – intégration des données – où les scouts doivent rendre leurs fiches de joueurs dans les délais. Et le travail de l'équipier est scruté à la loupe « On est en contact permanent avec eux, assure Benjamin. Skype, téléphone, mail, Whats Apps, chacun son truc. Après, ça dépend des assistants. Il y en a qui manquent d’expérience. Je vais être là pour les aider sur le niveau d’un joueur, afin d’éviter de commettre de gros écarts ou de faire de grosses erreurs. Mon travail, à moi, c’est de suivre au maximum le football, de regarder un maximum de matches et d’avoir un maximum d’avis pour valider ou non le niveau de tel ou tel joueur. »

En cas de surnotage, ce sont les oreilles du head researcher que l’on tire. « Je n’ai jamais eu cas-là » assure celui qui joue à Football Manager depuis 15 ans – sa plus grande partie s’est achevée en 2060 - et dont la perf’ majeure, sa plus grande fierté, aura été d’avoir soulevé la Ligue des champions avec Reims… avant de répondre aux sirènes du Bayern Munich. « Il y a des phases d’ajustements tout au long de la saison. On revoit les notes de tous les joueurs 2 à 3 fois. » L’occasion pour les scouts et leurs head researchers de réajuster le potentiel de tel ou tel joueur.
« L’affaire Benzema ne nous aide pas »
Mais reproduire la réalité n’est pas toujours une mince affaire. Surtout quand les joueurs dépassent ou non les attentes. « Le Monégasque Kylian Mbappé ? Sur le papier il fait indéniablement partie des gros potentiels français. Presnel Kimpembe ? On a réévalué sa note et son potentiel pour se rapprocher de la réalité. Il n’est pas titulaire à Paris et il ne l’est pas non plus dans le jeu. Il a le potentiel pour jouer en Ligue 1 et dans n’importe quel championnat européen. Benjamin Mendy... cela fait plusieurs saisons que FM le suit et lui délivre un gros potentiel. Physiquement, c'est un joueur très intéressant. Nabil Fekir ? Sa technique est toujours là. On va bien suivre sa saison et s’il le faut, on réajustera son potentiel. » Parfois, le réajustement en question est tout simplement impossible.

« Je m’occupe aussi de l’équipe de France et je m’efforce d’avoir une sélection proche de la réalité, poursuit Benjamin. Dans le passé, on a déjà eu des équipes de France pas vraiment réalistes. L’affaire Benzema, par exemple, ne nous aide pas aujourd’hui. Lorsqu’on a "checké" la bêta avant la sortie du jeu, on a vu qu’il était encore sélectionné. C’est un cas compliqué à gérer parce que pour le moment, sa sanction n’est pas un vrai ban. On pourrait le bannir plusieurs matches mais on n’a pas de date de fin. Heureusement, la communauté est très compréhensive. » Et prête à aider à la bonne tenue de la base de données. Si Football Manager est définitivement votre dada, vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire.