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Pourquoi l'interdiction des coups de cravache dans les courses de trot fait autant parler

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Une nouvelle règlementation française pour l’usage de la cravache dans la course de trot va entrer en vigueur ce mardi 1er avril. La cravache sera principalement un outil de sécurité en cas de danger ou un signal avec un simple mouvement du poignet de la part du joker.

Une évolution pour le meilleur ? Ce mardi 1er avril, c'est tout l'écosystème équestre français qui se pose la question, alors que l’usage de la cravache dans la course de trot va connaître des modifications radicales. Un jockey de trot, trot monté ou trot attelé, ne pourra plus donner de coups de cravache à un cheval. L'utilisation se résumera à une situation de danger dans laquelle il faudrait accélérer, pour garantir la sécurité.

Pas un changement "drastique" ?

Les défenseurs de la mesure, comme l'entraîneur et driver Pierre Vercruysse, estiment que cela s'inscrit tout simplement dans l'évolution de la discipline. "Au fur et à mesure du temps, les chevaux ont évolué et les hommes avec. Les chevaux étaient un peu rudes. Le temps faisant, ils ont été plus dociles, plus fins. Les hommes se sont adaptés et sont beaucoup moins durs qu'ils ne l'ont été. Ça ne va pas être un changement drastique", avance-t-il.

Une décision en lien avec le bien-être animal et pour conquérir un nouveau public

Les organisateurs du trot en France souhaitent bannir les gestes violents envers l’animal dans le but de toucher plus de monde, ce qui a conduit à l'évolution de la règlementation.

"Pour nous, cette décision est un enjeu majeur", explique Benoît Fabrega, directeur des opérations et à la direction des courses de l'association du trot. "On veut conquérir une nouvelle clientèle et surtout donner un spectacle qui ne comporte pas d'éléments qui pourraient faire fuir un nouveau public. Cette décision a été prise en lien avec l'évolution de la société et son regard sur le bien-être animal. On sent bien que dans la société, il est de moins en moins acceptable de voir un animal se faire frapper pour réaliser ce qu'on lui demande. D'autant qu'il existe d'autres solutions, la manière de tenir les rênes, la voie, l'environnement avec le phénomène d'accélération autour du cheval..."

Un barème des sanctions (trop) sévère ?

Plusieurs drivers et jockeys estiment, de leur côté, que ce changement peut engendrer des soucis avec les commissaires de courses. "J'ai peur qu'il y ait beaucoup de mises à pied, beaucoup d'amendes et que les drivers soient beaucoup pénalisés", s'inquiète Matthieu Abrivard, 2500 victoires en trot attelé au compteur. "En temps normal, on a droit à trois coups de cravache dans les 200 derniers mètres, quand vous êtes à la lutte pour gagner une course. Ça va très vite et on ne tape pas fort. C'est à nos commissaires de course d'être cléments par rapport à la façon dont on s'en sert et si c'est vraiment pour aller chercher la victoire ou pour repousser le cheval dans ses retranchements et pas nous aligner bêtement pour des choses. Parce que nous, on s'adapte à nos différents chevaux mais on n'est pas des frappeurs du tout."

Un coup de cravache sera sanctionné d’une amende ainsi que de plusieurs jours de suspension suivant la gravité du geste, et également en fonction du nombre de coups portés. "C'est important d'avoir un barème des sanctions sévère, pour vraiment inciter les jockeys et les drivers à ne plus utiliser la cravache", précise Benoît Fabrega. "Cela doit participer à donner une meilleure image des courses."

Domitille Cortès