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Escrime: journée décisive pour Ysaora Thibus, qui joue au tribunal disciplinaire sa participation aux JO 2024

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La fleurettiste française Ysaora Thibus joue son avenir olympique ce lundi, devant le tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d’escrime. La Tricolore va notamment s’appuyer sur des expertises scientifiques pour prouver qu’elle a été contaminée à l’ostarine par son conjoint. Pour espérer voir Paris 2024.

C’est une journée qui peut faire basculer la carrière d’Ysaora Thibus. Ce lundi, l’escrimeuse française va témoigner devant le tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d’escrime suite à son contrôle positif à l’ostarine, un produit qui fait partie de la famille des SARMs. C’est une substance synthétique conçue pour imiter les effets de la testostérone. Elle est interdite par l’Agence mondiale antidopage depuis 2008.

La meilleure fleurettiste tricolore est suspendue provisoirement depuis la révélation de ce test, le 9 février dernier. Le contrôle avait été réalisé le 14 janvier après une Coupe du monde de fleuret en France. Depuis, Thibus, championne du monde 2022 et vice-championne olympique par équipe, vit dans le doute.

Son conjoint l’aurait contaminée en l’embrassant

Mais l’athlète a une ligne de défense claire: elle a été contaminée par son conjoint, Race Imboden. L’ancien escrimeur, désormais dans le staff de la Française, a avoué consommer de l’ostarine et en a introduit dans l’organisme de sa compagne en l’embrassant. C’est ce que soutien le Professeur Jean-Claude Alvarez. Ce dernier a multiplié les tests capillaires et urinaires et a reconstitué la journée du test positif avec les intéressés. Dans leur appartement, douze jours après l’annonce du test positif, Ysaora Thibus et Race Imboden ont donc essayé de refaire exactement la même chose que ce 14 janvier, échangé les mêmes contacts physiques et les mêmes baisers.

Après analyses des urines ce soir-là, le professeur Alvarez a retrouvé les mêmes taux d’ostarine, prouvant selon lui que Thibus était bien contaminée par son compagnon. "Je ne vois pas comment elle pourrait ne pas être blanchie", assure le pharmacologue. La fleurettiste et ses avocats ont vite creusé cette piste si bien qu’ils n’ont même pas demandé l’analyse de l’échantillon B du contrôle, qui aurait de toute manière été positif afin de gagner du temps. Car celui-ci est compté. La réponse de la Fédération internationale prendra sûrement plusieurs semaines après l’audience de ce lundi.

Toujours première Française

En plus des arguments scientifiques considérés comme très solides, un conseil de Thibus explique qu’il y a "le juridique qui seul fera vraiment la différence." La défense va sûrement s’appuyer sur des jurisprudences passées. La céiste canadienne Laurence Vincent-Lapointe avait été blanchie en 2020 après avoir prouvé une contamination par son mari. Le tennisman Richard Gasquet avait lui été blanchi après un contrôle à la cocaïne en 2009, où il avait aussi été contaminé.

En attendant, Thibus n'a plus accès à l’INSEP, par exemple, ou d’autres complexes reconnus à cause de sa suspension provisoire. La Française continue de s’entretenir dans l’espoir de reprendre sa route au plus vite vers Paris 2024. Elle suit attentivement les performances de ses collègues et parfois copines en Coupe du monde. D’ailleurs, Ysaora Thibus est toujours 17e et première Française au classement mondial. Côté équipe de France, le coup a été dur à encaisser mais on garde espoir et confiance. "Ysa n’est pas une tricheuse", répétaient certains membres des Bleus ces dernières semaines. La Fédération française d’escrime pris ses précautions. Elle compte dévoiler les sélectionnées au fleuret féminin pour les Jeux le 5 juillet, soit dans sept semaines, le délai maximum proposé.

Valentin Jamin