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Escrime: pas de podium pour les épéistes français au Challenge Monal

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Les épéistes français n’ont pas réussi à intégrer le dernier carré de la manche de Coupe du Monde d’épée organisée à Saint-Maur-des-Fossées, ce samedi. C’était la dernière épreuve individuelle avant l’annonce de la sélection olympique, le 27 mai.

Les encouragements fournis du public et le fait de tirer à domicile, comme une mini-répétition avant les Jeux Olympiques, n’ont pas suffi à monter sur la boîte. Au Challenge Monal de Saint-Maur-des-Fossées, dernière épreuve de Coupe du Monde d’épée avant l’annonce de la sélection olympique tricolore, c’est Yannick Borel qui est allé le plus loin. Très à l’aise en début de compétition, le Guadeloupéen est tombé en quarts de finale contre l’Italien Davide Di Veroli (15-10).

Ce résultat lui assure néanmoins d’être appelé sous les drapeaux pour Paris 2024 puisqu’il est premier au ranking interne. Les deux autres Français les mieux classés, Romain Cannone et Alexandre Bardenet, sont tombés en huitièmes de finale. "Je me suis bien senti, je garde de cette compétition le niveau de jeu, disait Bardenet, plutôt satisfait. Le niveau global était bon même si j’ai des ajustements à faire. Sur le dernier match j’étais en contrôle, j’ai mené mais je me suis perdu (il menait 13-8 avant de perdre 14-15). Je n’ai pas d’excuses, j’ai perdu. Mais je ne repars pas avec des doutes." Le licencié à Levallois, bien physiquement mais "mentalement hyper fatigué" après une saison marquée par des conflits avec le staff, va disputer l’épreuve par équipe ce dimanche avant couper quelques jours et de s’entretenir physiquement jusqu’à la liste, attendue le 27 mai. 

Cannone face à un bourreau

Romain Cannone, sorti au même stade contre l’Israélien Yuval Shalom Freilich, a lui fait une sieste de dix minutes juste après sa défaite. "C’était dur mais il y avait un public de ouf", souriait celui qui évoluait à domicile, licencié à la VGA Saint-Maur et devant sa famille. Mais son bourreau l’avait déjà battu et gêné plus tôt dans la saison.

"Il faut faire attention à ne pas trop douter, je suis encore rentré dans son jeu… Il m’avait dans son filet. Il fait en sorte de me ralentir alors que j’aime bien jouer, provoquer. Et j’ai comme l’impression de faire face à un robot." Le Tricolore compte bien revoir ce combat à la vidéo pour trouver la clef. "Je vais faire une bonne nuit et essayer de chercher une médaille demain !", souriait le champion olympique, qui rêve de monter sur la plus haute marche du podium par équipe ce dimanche.

Amélie Oudéa-Castera "demande des comptes" alors que le challenge Monal est menacé

Le Challenge Monal vit peut-être, ce week-end, sa dernière édition. C’est ce qu’expliquait vendredi la ville de Saint-Maur, lieu de la compétition cette année. "Ce serait une décision incompréhensible, alors même que la France domine la discipline et possède des chances de médailles importantes cet été. Ce serait aussi une décision irrespectueuse à l'égard de tous les bénévoles qui s'investissent pour la réussite du Monal et pour les collectivités qui se sont engagées financièrement dans l'organisation de l'épreuve. Ce serait enfin, et surtout, une décision de renoncement au rôle historique de la France dans cette discipline, dont la langue officielle est le français", dénonçait le maire de Saint-Maur Sylvain Berrios dans un communiqué.

Cette colère prend sa source dans un courrier reçu en début de semaine passée par la Fédération Française d’Escrime. "C’était une proposition de la Fédération Internationale qui demandait, à l’avenir, qu’un pays n’accueille que deux week-end de compétitions avec obligation de mixité", explique la présidente de la Fédération Française Brigitte Saint-Bonnet. Ce qui exclut de fait le Monal, qui n’accueille que des athlètes masculins. Et la France compte aussi, à son calendrier, le Grand Prix d’Orléans (sabre) et une Coupe du Monde de fleuret. Dans la foulée, Brigitte Saint-Bonnet a répondu par une autre lettre, appuyée quelques jours plus tard par le Ministère des sports. "On va se mobiliser car la France est un pays majeur. On a besoin de ça, on est une des plus grandes nations aux monde en épée, s’agace Amélie Oudea-Castera, la ministre des Sports. On veut être engagés sur nos trois sites. On demande des comptes, on a besoin de comprendre comment, en termes d’équité ça se présente. On ne peut pas balayer l’engagement historique de notre pays."

Car le challenge Monal existe depuis 1938 en France. "S’il disparaît, ça aura été un bel hommage à ma carrière de l’avoir fait à la maison. C’est le rêve de tout athlète, disait quelques minutes plus tôt Romain Cannone. Mais c’est décevant, il y avait plus de 2000 enfants vendredi et ça permet de leur faire découvrir notre sport."

Valentin Jamin