Escrime: pourquoi la Fédération française annule une étape de Coupe du monde à domicile

La Française Jade Marechal - ICON Sport
La France a donc tenu sa position jusqu'au bout, en annulant la plus prestigieuse compétition d'escrime sur son sol. Le Challenge Monal, étape de Coupe du monde d'épée masculine (19-21 mai) qui devait avoir lieu à Saint-Maur-des-Fossées, n'aura pas lieu. Le bureau de la Fédération Française d'Escrime a pris cette décision à cause du flou persistant dans la discipline. Le 10 mars dernier, la FIE annonçait, après un vote des Fédérations nationales, la réintégration des athlètes de nationalité russe et biélorusse dans les compétitions internationales. Une première depuis le début de la guerre en Ukraine.
La France s'est clairement positionnée contre. Au moment du vote, cette décision était prise "sous réserve des recommandations du CIO". Ces recommandations sont arrivées le mardi 28 mars. Les sportifs ayant un passeport russe et biélorusse peuvent être autorisés à concourir par les Fédérations Internationales avec les critères suivants : de manière individuelle, neutre, s'ils n'ont pas soutenu ou été impliqués dans la guerre. Pas d'hymnes, pas de drapeaux, pas de symboles.
Une question d'éthique et de budget
Suite à ces annonces, le comité exécutif de la Fédération Internationale d'Escrime s'est réuni jeudi, selon nos informations, pour préciser les conditions du retour des athlètes bannis jusqu'ici. Dans l'instance, certains s'inquiétaient et redoutaient que des membres veuillent aller plus loin que ce que préconisait le CIO. Ce comité exécutif n'a finalement rien tranché et repoussé la position officielle à la semaine prochaine. Un délai intenable pour la Fédération Français d'Escrime.
Car la situation ne lui convient pas. Et si elle voulait annuler le Challenge Monal, c'était avant la fin du mois de mars. Sinon la FFE prenait le risque de devoir prendre à sa charge les frais (vols, logistique, hôtels, officiels, etc.) en cas d'annulation plus tard. "On ne prend aucun risque", insiste-t-on à la Fédé. Question d'éthique et de budget. D'autant que se pose aussi la question des visas : la France en distribuerait-elle aux athlètes russes et biélorusses en cas de compétition maintenue ? Hugues Obry, l'entraîneur de l'équipe de France masculine d'épée, a été informé parmi les premiers de cette lourde décision. Les épéistes français n'ont pas eu le temps d'être consultés. La Fédération allemande avait été la première à annuler une étape de Coupe de monde : celle de fleuret féminin à Tauberbischofsheim. La prochaine Coupe du monde (fleuret féminin) doit avoir lieu à Poznan, en Pologne. Mais rien n'est sûr aujourd'hui.