Ballon d’Or 2018: les cartes sont-elles redistribuées ?

La culture de l’instant-T fatale à Modric?
Il ne faut pas l’oublier, le Ballon d’Or récompense les performances sur une année civile. Si les grands tournois internationaux (Coupe du monde, Euro, Copa America) influencent bien souvent le choix du vote, la culture de l’instant-T peut redistribuer les cartes. C’est de cette manière que la cote de Luka Modric a un peu baissé ces dernières semaines dans le sillage d’un début de saison compliqué avec le Real Madrid. De la même manière, celle de Kylian Mbappé a augmenté grâce à son quadruplé face à Lyon.
Cela pourrait peser encore davantage s’il enchaînait les grosses performances d‘ici là (Marko van Basten avait obtenu celui de 1992 grâce à une fin d’année canon). Cristiano Ronaldo sait que cela pèse, lui qui avait ravi le Ballon d’Or 2013 grâce notamment à ses quatre buts en barrages de la Coupe du monde. Les joueurs et les sélectionneurs, qui votaient alors, avait préféré le Portugais à Franck Ribéry, qui avait terminé troisième après avoir pourtant grandement contribué à faire remporter la Ligue des champions au Bayern Munich.
De manière générale, les votants arrêtent leur choix dans les dernières heures avant la clôture des votes (qui ont commencé lundi et qui seront clos le vendredi 9 novembre). Les performances des joueurs à l’instant-T pèsent alors évidemment dans la balance.
Un éclatement des voix fatal aux Français?
La décision tardive de la FIFA de décaler les votes pour inclure les barrages avait aussi dérangé Franck Ribéry, autant que le peu de soutien populaire en France. Victoire en Coupe du monde oblige, le soutien est bien plus présent cette année pour les Bleus qui paieront un autre problème. Sans favori clair, ils sont plusieurs à pouvoir prétendre à cette récompense (Griezmann, Mbappé, Varane). C’est ce qui avait couté le Ballon d’Or à l’un des Espagnols (Iniesta 2e, Xavi 3e derrière Lionel Messi) après le sacre de la Roja en 2010. En 2006, Fabio Cannavaro avait triomphé en surfant sur le sacre mondial de l’Italie et sur le fait que les votes s’étaient moins éclatées sur plusieurs de ses coéquipiers.
Une histoire d’image fatale à Ronaldo?
Après un Mondial correct et une influence prégnante et remarquée (qui a oublié son retourné face à la Juventus?) dans la conquête de la troisième Ligue des champions de rang du Real Madrid, Cristiano Ronaldo a ses partisans pour un sixième Ballon d’Or. Ce qui poursuivrait la mainmise du Portugais en alternance avec Lionel Messi depuis 2007. Mais le Portugais a largement écorné son image avec l’affaire de viol qui le poursuit depuis plusieurs jours. Si le Ballon d’Or consacre la réussite sportive, l’image et l’exemplarité des candidats pèsent dans l’esprit des votants. D’autant qu’un des critères pour le vote est la "classe des joueurs" qui regroupe les notions de talent et de fair-play.
Les votants ont changé
Le mode de scrutin évolutif a aussi joué des tours à certains joueurs. Jusqu’en 2009, un panel international de journalistes votait pour la récompense. En s’associant avec la Fifa entre en 2010 et 2015, le Ballon d’Or était désigné par un jury étendu aux membres de la Commission de football de la Fifa ainsi qu’aux sélectionneurs et capitaines des 208 pays membres de la Fédération internationale. Si le vote étaient restés au main des journalistes durant cette période, Wesley Sneijder aurait reçu le Ballon d’Or 2010 et Franck Ribéry celui de 2013. Depuis 2016, et la fin de la collaboration de France Football avec la Fifa (qui a créé son propre trophée, The Best), le vote est de nouveau limité au panel des journalistes. Chacun d’entre eux établit une liste de cinq joueurs avec 6 points pour le premier, 4 au deuxième, 3 au troisième, 2 au quatrième et 1 au cinquième.