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Belgique: fin de la grève des joueurs à Mouscron mais climat très pesant

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Après avoir fait grève en raison d’impayés de salaires, les joueurs de Mouscron ont décidé de reprendre l’entraînement pour ne pas fausser leur championnat. Mais l'ambiance reste tendue chez ce club de deuxième division belge, qui appartient à Gérard Lopez.

"Je n’avais jamais vécu ça dans ma carrière." A 54 ans, José Jeunechamps a pourtant une solide expérience. Que ce soit comme numéro un ou adjoint, il a connu près d’une dizaine d’équipes dans sa carrière de coach. Mais c’est la première fois que l’actuel entraîneur de l’Excel Mouscron se retrouve confronté à une grève. Au début du mois, ses joueurs ont décidé de ne plus s’entraîner pour protester contre leur direction. En cause : le fait de ne pas avoir été payés en décembre. Ce club de deuxième division belge, qui a pour actionnaire majoritaire un certain Gérard Lopez, s’en est alors pris au Losc, son ancien partenaire. En juillet 2020, Lopez, qui dirigeait alors les Dogues, avait décidé d’acheter Mouscron pour en faire son équipe réserve en D1 belge. Malgré le renfort de plusieurs joueurs lillois en prêt, Mouscron était descendu en fin de saison.

Mouscron en veut au Losc

Lopez, aujourd'hui aux commandes des Girondins, avait ensuite perdu la présidence du Losc et pour les nouveaux propriétaires - le fonds d'investissement Merlyn Partners - et le président Olivier Létang, la convention avec Mouscron s’est arrêtée en juin 2021. Mouscron estime pourtant que c’est à cause du Losc qu’il se retrouve en difficulté financière et lui réclame environ deux millions d’euros. "Lors de la collaboration entre les deux clubs, Mouscron avait dû fortement augmenter ses coûts en accueillant un groupe conséquent de joueurs du Losc en contrepartie d’un accord financier. (…) Par cette opération le Losc bénéficiait d’une médiatisation de ses joueurs et donc d’une plus-value financière. C’est le non-respect de cet accord qui plonge aujourd’hui le club dans cette situation délicate", ont ainsi expliqué les dirigeants du club belge.

Létang leur a depuis répondu en conférence de presse : "La convention avec Mouscron fonctionnait sur la saison 2020-21. Elle s’est terminée au 30 juin 2021. Nous l’avons dénoncée. J’ai une pensée pour les supporters, les salariés, les joueurs, le staff de Mouscron qui sont dans une situation difficile. On est arrivés alors que le Losc était dans une situation économique compliquée, c’est un euphémisme. On a mis en place un certain nombre de choses et ça se passe plutôt très bien d’un point de vue sportif comme économique. On a redressé la barre. On ne peut pas tout faire. On s’occupe du LOSC et on ne peut pas s’occuper du football belge et du Royal Mouscron." Selon lui, le dossier est désormais géré par les avocats des différentes parties. Du côté de Mouscron, les joueurs et le staff espèrent recevoir leurs salaires ce jeudi soir ou vendredi comme l’a promis leur direction.

"Les dégâts sont évidents"

Après avoir fait grève la semaine dernière, les joueurs ont repris l’entraînement pour ne pas fausser le championnat et doivent affronter Lierse ce dimanche. L’ambiance reste toutefois très pesante. "Trouver les arguments pour remettre la machine en route n’est vraiment pas évident, reconnaît José Jeunechamps au micro de RMC Sport. On avait un tel niveau de qualité et d’organisation, que ce soit dans le staff ou dans l’équipe. Tout ça a explosé à cause de décisions qui sont au-dessus de nous. La destruction est présente. Les dégâts sont évidents, c’est énervant. Il y a tout pour avoir un club stable, et même un bon club de D1, mais il y a des problèmes récurrents qui minent notre travail et l’atmosphère. On a été un peu rassurés, ça avance pour des repreneurs potentiels. On espère que ça s’apaise d’ici un mois." Selon nos informations, ce n’est pas la première fois que le paiement des salaires est retardé.

Une situation inacceptable pour ce groupe. "Tout travail mérite salaire et on mérite ce qu’on doit avoir, insiste Clément Tainmont, qui a rejoint le club l’été dernier. On a fait des actions parce qu’on voulait se faire entendre avec cette grève. Est-ce qu’on fait confiance aux dirigeants et en Gérard Lopez ? Non. J’ai du respect pour l’homme parce qu’il a repris ce club. Mais cette situation n’est pas durable. On s’investit pour le club et pour remplir des objectifs. On attend des retours respectueux, pas des retours avec des jours et des jours de retard. Quand tu n’es pas respecté, c’est difficile d’aller au boulot avec l’envie. On a plutôt bien digéré le premier retard. Là c’est la troisième fois... C'est vraiment très dur mentalement."

Rodolphe Ryo avec Jean Bommel