Pourquoi la Bundesliga est le nouvel eldorado des jeunes français

Abdou Diallo - AFP
En s'engageant avec le Bayern Munich mercredi, Lucas Hernandez est devenu le dernier d'une longue liste de joueurs français à rejoindre la Bundesliga. Le latéral gauche arrive avec un statut d'international et de champion du monde différent de ceux de ses nombreux compatriotes à fort potentiel qui ont décidé de franchir le Rhin pour s'épanouir.
Après une première saison à Sochaux en Ligue 2, Ibrahima Konaté a été approché par Leipzig à 19 ans et y a signé en 2017. "Je pense que ça a commencé avec Ousmane Dembélé, confie-t-il à RMC Sport. Il est allé à Dortmund, il a joué, il a fait ses preuves, je pense que c’est un rêve pour tout le monde". Formé au Paris FC, il a depuis prolongé son contrat jusqu’en 2023, signe de son épanouissement.
"Parfait pour les jeunes", assure Abdou Diallo
Couvés dans les centre de formation français, ils sont nombreux à voir l’Allemagne comme une étape parfaite pour progresser. "C’est un championnat ouvert, qui est plaisant avec de très beaux stades et de belles infrastructures, nous explique Abdou Diallo, titulaire indiscutable au Borussia Dortmund à seulement 22 ans. C’est parfait pour les jeunes, ça réussit pour la plupart, donc ça attire pour les autres. Je pense que les clubs allemands ont le cran de prendre des jeunes Français ou étrangers et de les faire jouer. C’est risqué, peut-être que sur certains matchs, ils vont perdre des points mais au final, je pense que c’est la bonne stratégie et qu’ils en récoltent les fruits".
"On ne va regarder ni ton âge ni ton CV"
Sékou Kaba, qui travaille pour la société SBE, 4e plus grosse agence dans le football en Allemagne, met en avant la confiance donnée aux jeunes joueurs en Bundesliga. "Beaucoup de clubs français ont peur de lancer des jeunes, ils misent plus sur la gagne et l’expérience. C’est la politique du football allemand. En France, on a un problème de confiance qui ralentit la croissance du joueur."
Ibrahima Konaté confirme. "J’ai vu que la mentalité des entraîneurs et des staffs, c’était: 't’es bon, tu mérites, t’es travailleur, tu vas jouer'. On ne va regarder ni ton âge ni ton CV. Tu peux venir du plus petit club de Ligue 2 ou du plus grand de Ligue 1, si tu mérites de jouer, tu vas jouer."
Niakhaté: "Vraiment un football différent"
Sélectionneur des Espoirs, Sylvain Ripoll aime voir ses joueurs aller en Bundesliga. Ils en reviennent plus rigoureux. "Il y a une mentalité dans le travail au quotidien, dans l’exigence, dans l’intensité de l’effort qui est supérieure". Les entraînements seraient donc plus durs outre-Rhin, mais les matchs plus agréables comme en atteste le défenseur central Moussa Niakhaté, vendu par Metz à Mayence en début de saison. "C’est vrai que c’est toujours le même sport mais c’est vraiment un football différent. Il y a moins de calcul, les stades sont remplis à tous les matches, il n’y pas de débat à avoir. Il n’y a pas de 0-0, on en a fait un cette saison et quand je vois les résultats du week-end, il n’y en a pas."
L'Allemagne "impressionnée" par la France
Mais d'où vient donc cet attrait de la Bundelsiga pour les jeunes Français? "En Allemagne, on est vraiment très impressionnés par les jeunes joueurs français, raconte Max Bielefield, journaliste à Sky Allemagne, qui s’occupe du marché français. Il y a tellement de talents, et ça c’est vraiment très rare. Le nombre de joueurs qu’il y a en France, c’est incroyable, on est vraiment impressionné par ça. Il y a le marché français qui est moins gonflé encore que le marché anglais. Il y a des équipes, comme Mayence avec Jean-Philippe Mateta, qui arrivent à avoir des bons joueurs pour des prix peu élevés (8 millions)."