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OL: réduction des frais, transparence, bon début de saison… les premières semaines de Michele Kang à la tête de Lyon

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Discrète depuis son arrivée à la tête de l’OL, Michele Kang impose pourtant en coulisses ses premières mesures. De son passage devant la DNCG à la victoire contre Marseille, les premières semaines de l’Américaine à la tête des Gones imposent un nouveau style, et sur le terrain l'équipe première répond, pour le moment, présente.

Dimanche soir, sourire aux lèvres, Michele Kang débarque dans les vestiaires de l’OL. "Quand on voit où nous étions le 24 juin dernier...", explique la patronne de l’Olympique Lyonnais devant ses joueurs. "C’est absolument fantastique notamment contre Marseille (1-0). Tout ce que nous avons fait depuis le 24 juin, cela en valait la peine", peut-on voir dans une vidéo, diffusée par OL Play sur les réseaux sociaux du club. Après deux mois de turbulences en interne du côté de Décines, ce début de saison des hommes de Paulo Fonseca apporte une légère joie de vivre aux employés de l’Olympique Lyonnais.

Appréciée par les reponsables politiques

A la tête de cette restructuration lyonnaise, Michele Kang, une femme d’affaire surtout connue dans le football féminin. En coulisses, elle admet que ce n’est pas le football qui la passionne, mais plus l’objet de divertissement et l’objet d’investissement possible. C’est pour l’une de ces raisons qu’elle investit massivement dans le football féminin à partir de 2019 suite à la victoire des USA dans cette compétition, dont la finale avait lieu à… Lyon. Elle anticipe une montée en flèche de ce produit. Mais début juillet, elle est propulsée sur le devant de la scène comme la sauveuse de l’Olympique Lyonnais. Cette businesswoman n’est pas effrayée par les caméras, au moment de planter le décor du club juste après le maintien du club par la commission d'appel de la DNCG, elle apparaît sérieuse face aux médias. A l’OL, la communication est désormais mieux maîtrisée, en voulant surtout éviter les fuites.

"Elle est très forte en communication, et tenir deux heures trente d’audition devant la DNCG en exposant un projet assez cohérent, ça change de l’ancienne direction", confie un membre de la LFP. En anglais, face aux médias quelques heures après l’audition, Michele Kang confiait avoir "travaillé jour et nuit" pour "obtenir ce résultat". Du ministère des Sports à la mairie de Lyon, tous les responsables politiques étaient soulagés de voir arriver cette femme d’affaire à la tête de l’OL, en oubliant assez rapidement John Textor. Michele Kang a rappelé assez vite que le succès d’un club de football passe par un "succès sur le terrain". Sur ce début de saison, l’appel de la présidente semble entendu par les joueurs.

Michele Kang a aussi tranché dans le vif avec John Textor. "Elle a réussi à ramener tout le monde autour de la table au niveau des actionnaires de l’OL, notamment avec Ares, c’est là où elle a pu faire la différence", poursuit ce membre de la LFP. Dans son projet présenté à la DNCG, Michele Kang a surtout mis en avant des coupes budgétaires et l’objectif en fin de saison de se qualifier pour une compétition européenne. Au niveau des finances, l’OL débute un exercice d’équilibriste, où chaque euro dépensé est enregistré. Et la fortune personnelle de la nouvelle patronne de l’OL, estimée à plus d’un milliard d'euros, selon le magazine Forbes, n’y changera rien.

Réduction des invitations, panier-repas plutôt que buffet chaud... les premières coupes budgétaires sont tombées

Dès la reprise, les premières coupes sont tombées. "Là où il y avait de la 'surqualité', il n’y a que de la qualité maintenant", confie-t-on dans l’environnement du club. Des petits changements au sein de l’organe administratif aux grands changements sur le plan sportif, des économies sont réalisées dans un football français en pleine crise. Lors du match face à Marseille, au lieu des 2.000 invitations à l’ancien temps, le club ne fournit plus que 300 tickets. Les journalistes devront se contenter de panier repas au lieu d’un buffet chauf pour les matchs de la saison à domicile - sauf pour une poignée d’entre eux, jugée "premium" - ou encore les agents de sécurité moins nombreux devant les entrées VIP.

Sa méthode est assez simple: plus de transparence, d’ouverture et surtout moins d’ingérence. Elle va à l’essentiel dans un environnement "très structuré", le "on verra demain" est terminé avec Michele Kang. Enfin, un club tourne surtout avec son équipe première. Et pour qu’elle fonctionne, le recrutement est essentiel dans ce monde professionnel. Dans les faits, les intrusions de John Textor dans le domaine sportif sont terminées. La nouvelle patronne des Gones est très technique, elle donne son aval sur les dépenses mais elle ne va pas s’insérer dans les transferts. Dans une forme de paradoxe: la cellule de recrutement mise en place par John Textor délivre désormais ses profils au "sportif", sans mettre en copie le mail de l’ex-patron qui au fil du temps, s’est pris au jeu et au piège des fenêtres mercato où il s’emballa: "Il voulait aligner tous les joueurs pour qu’ils prennent de la valeur", marmonnaient un membre de l’un des staffs que le Floridien a usés.

Plus de transfert au-delà de 10 millions d'euros, salaire peu élevé pour un nouvel avant-centre...

Conséquence, il y a de la cohérence dans le recrutement édicté sur une nouvelle feuille de route: la cellule se positionne désormais sur des championnats moins connus, avec des réflexions sur des joueurs qui sont un peu sous les radars. Et moins chers. Plus de transfert au-delà de 10 millions d’euros. Cela vaut aussi pour les salaires. Dans sa quête d'un numéro neuf pour remplacer George Mikautadze, le club avait un budget maximum de 120.000 euros mensuels, ce qui est peu pour un avant-centre de premier plan en Ligue 1.

A l’OL, on compte surtout sur Michele Kang pour poursuivre cet assainissement des finances du club, en respectant également les promesses faites à la DNCG et surtout à l’UEFA qui oblige à une cure d’amaigrissement – baisse de la masse salariale de 50% - sous peine d’amende de 50 millions d’euros à l’horizon 2027-28, si les comptes ne sont pas équilibrés. Pas le genre de procrastiner en matière de factures à régler: des plans d’échelonnement ont ainsi été proposés aux créanciers. L’environnement lyonnais semble plus réceptif avec l’Américaine, sa gestion de l’équipe féminine plaide aussi en sa faveur.

Nicolas Pelletier et Edward Jay