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Stage de l'OM à Rome, objectif Ligue des champions, changement de système: l'entretien RMC Sport avec Valentin Rongier en intégralité

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Depuis Rome, où l’Olympique de Marseille est en stage pour préparer un sprint final qui s’annonce irrespirable en Ligue 1, Valentin Rongier a accordé un entretien à RMC Sport. Les bienfaits de ce "ritiro", la cohésion d’équipe, l’objectif Ligue des champions, le retour à une défense à quatre, le match crucial face à Lille… le milieu de terrain se confie sur tous les sujets chauds de l’actualité marseillaise.

Valentin, merci de nous recevoir à Rome. Comment se passe ce "deuxième" stage? Vous connaissiez le terme "ritiro" avant?

Oui, je l’ai déjà entendu plus d’une fois avec le coach (sourire). Pour moi, c'est dans la continuité, ce n’est pas un deuxième stage, c'est la continuité du premier. Je pense que ça fait du bien à tout le monde. On sent une énergie positive. Je ne sais pas si ça vient de ce Ritiro, mais en tout cas, on se sent bien ici et je pense que ça s'est vu sur le terrain contre Brest (victoire 4-1).

Pourquoi vous sentez-vous si bien ici, que ce soit à l'hôtel ou au centre d’entraînement? Décrivez-nous un peu la carte postale…

Déjà, le temps est magnifique. On se lève le matin, grand soleil. Il faut dire que nous avons la chance d'être dans un bel hôtel. Le centre d'entraînement dans lequel on fait nos séances est très bien aussi. Toutes les conditions sont réunies pour qu'on se sente bien ici.

Quelles sont les activités que vous pouvez faire ici et que vous faites moins dans la routine de la Commanderie?

Déjà, rien que de sortir du cadre, de casser cette routine, ça fait du bien à tout le monde. Hier (mercredi, NDLR), on est partis tous ensemble visiter la ville de Rome. Le soir ou les après-midi, on se retrouve dans le lobby en haut pour manger, pour faire un peu de ping-pong, des jeux de société. C'est juste passer du temps ensemble, sortir de ce cadre marseillais qu'on a eu toute l'année et se retrouver encore plus.

Ulisses Garcia a dit que c’était le boss du ping-pong. Il s’est enflammé ou c’est la vérité?

Non, il est pas mal. Pour être honnête, je l'ai observé depuis le début et je lui ai dit "Demain, je te prends". Il a du niveau. C'est vrai que c'est lui qui a tapé tout le monde, mais je pense que j'ai ma chance.

Il y a un petit peu de piscine aussi? Vous avez ces temps-là de décontraction ?

On n'est pas là en vacances. Non, ce ne sont pas des vacances du tout. On est là pour travailler, il ne faut pas l'oublier. On ne va pas aller se dorer la pilule au bord de la piscine. Mais on a la chance d'être dans un bel hôtel. Pour la récupération, Il y a un spa avec du bain froid. Et on a tout ce qu'il faut au centre d’entraînement aussi.

Quels sont les jeux de société à la mode à l'Olympique de Marseille en 2025?

Franchement, on ne fait pas compliqué. On joue au Uno et ça se passe très bien. Il ne faut pas trop réfléchir non plus.

Vous évoquiez le fait d’être sorti du cadre marseillais. De l'extérieur, certains ont pu se demander ce qu’il se passe à Marseille. Est-ce que c'est compliqué de s'entraîner à Marseille? Est-ce que l'ambiance est délétère? Est-ce qu'il y a de la pression? L'idée, ce n'était pas de fuir Marseille non plus, vous êtes bien à la Commanderie, malgré tout?

Oui, bien sûr qu'on est très bien à la Commanderie. Pour être honnête, c'est la première fois que je fais ça à cette période de la saison. Et c'est vrai que quand le coach nous en a parlé, la première fois, ça m'a un petit peu surpris parce que je ne comprenais pas bien le mood dans lequel on allait venir ici. Et puis, au final, ça prend tout son sens de vraiment sortir du cadre. Quand je parlais d'énergie positive, c'est vraiment ça. C'est sortir de tout ça, se retrouver entre nous pour casser cette routine et revenir à chaque match avec le plein d'énergie.

Ça veut dire qu'on crée encore de la cohésion, même en fin de saison?

Il n'est jamais trop tard, je pense, pour parler de la cohésion. Je ne sais même pas si on peut parler de cohésion, c'est juste se retrouver entre nous, penser foot, foot et encore foot à fond, parce qu'il nous reste trois matchs et qu'on a un objectif, vous le connaissez. Il faut qu'on aille le chercher coûte que coûte.

Sans entrer dans la polémique, il a parfois été question de joueurs qui faisaient moins d'efforts que d'autres. Est-ce qu'un stage comme ça vous donne encore plus envie de vous surpasser pour vos coéquipiers? Est-ce que ça crée, en ce sens, cette solidarité sur le terrain?

Moi, j'ai toujours réfléchi comme ça dans le foot. Je pense que plus on est proche de ses partenaires, plus on peut se permettre de dire les choses droit dans les yeux. Donc, à ce niveau-là, c'est sûr et certain que ça nous aide. S'il y en a un qui fait moins les efforts, on a plus de facilité à lui dire quand on passe des semaines comme ça ensemble et qu'on crée du lien. Dans ce sens-là, oui, ça nous apporte, c'est sûr.

On a eu l'écho qu'il y avait eu un petit restaurant entre joueurs. Ce sont des moments rares ou c’est quelque chose que vous faites de temps en temps?

Non, on l'a fait aussi sur Marseille. On s'entraîne toute l'année ensemble, on passe énormément de temps ensemble, mais ça reste professionnel. Donc c'est important aussi de sortir du cadre. C'est comme si des collègues de travail allaient boire un coup ensemble après le boulot. Il y en a beaucoup qui le font, donc pourquoi nous on n'aurait pas le droit de le faire?

On a l'impression qu'il y a une mission Ligue des Champions, que ça entre dans vos têtes et que c'est très clair…

Pour moi, l'objectif est vraiment très clair. Je pense que c'est pareil pour l'ensemble du groupe. C'est une mission, vous l'avez dit et on le sait. Il nous reste trois matchs. On a notre destin entre les mains et on ne va pas laisser échapper cet objectif.

À quel point c'est important pour vous que l’OM soit en Ligue des champions. Le coach l'a rappelé, c'est arrivé deux ou trois fois sur les dix dernières années. Pour vous, c’est non négociable, il faut que vous laissiez le club en Ligue des champions quoi qu’il arrive?

Bien évidemment. On parle de l'OM. Pour moi, c'est la place du club. Chaque année, on devrait être en Ligue des Champions. Le football moderne est compliqué, c'est pour ça que c'est difficile de se qualifier chaque année en Ligue des Champions. Mais avec la qualité qu'on a, avec la ville qui nous soutient, avec les supporters qu'on a, il faut qu'on y aille tous. Parce que quand je dis "tous", ce n'est pas que nous, les joueurs, ni le club. C'est vraiment toute la ville qui vient avec nous. Il faut qu'on y aille, on n'a pas le choix.

Quand vous voyez la nouvelle formule qui offre de belles affiches et plus de matchs à la maison, vous vous dites "Il faut qu’on la goûte"?

J’étais très sceptique au départ, comme dès qu'il y a du changement. Mais au final, pour moi, c'est une très bonne idée, parce que comme vous l’avez dit, il y a beaucoup de belles affiches, plus de matchs à l'Orange Vélodrome. Et donc encore plus de kiff.

Le système de jeu contre Brest, ça s’est décidé quand et comment? Parce qu'apparemment, il y a eu un échange avec les cadres et les joueurs du milieu de terrain. Vous pouvez nous raconter un peu les dessous de ce changement de système tardif?

Le coach voulait amener un petit peu plus de verticalité, surtout sur les côtés. Il nous en a parlé, il nous a demandé si on se sentait de jouer à quatre derrière, avec des positionnements un peu entre-deux, notamment au milieu de terrain, avec Pierre (Hojbjerg) et moi qui avons démarré le dernier match. Pour moi, c'était une bonne idée parce qu'on a déjà joué avec ce système au début de la saison. Et encore une fois, dès que tu casses une routine, je pense qu'il y a un regain de concentration de la part de tout le monde. Et ça s'est vu. On a amené du danger encore plus que sur les autres matchs.

Au-delà de l’aspect purement tactique, le fait de changer vous fait redémarrer quelque chose en remettant tout le monde à bloc?

Je pense que c'est ça. L'être humain est comme ça. Dès qu'on tombe dans une routine, on perd un peu le peps. Et là, le fait de changer, ça, ça a remis tout le monde en mode éveil. Et le fait aussi de mettre Luis (Henrique) et Mason (Greenwood) dans leur position préférentielle. Parce que Mason adore se retrouver là, même quand il jouait un petit peu en faux neuf, en dix. Il aime bien aller sur le côté. Je pense que c'est bien aussi pour nos atouts offensifs.

Tous les deux, qui sont vos deux meilleurs buteurs sur le papier, vous les avez sentis reboostés par ce positionnement?

Je ne peux pas dire reboostés, parce qu'ils étaient bien. Mais on sait que c'est leur position favorite. Donc s’ils se sentent bien, l’équipe se sent bien.

Vous parliez d'un rôle un peu différent pour vous et Pierre-Émile Hojbjerg. C'est un peu hybride? Qu'est-ce qu'on vous demande au milieu de terrain?

Sur le dernier match, beaucoup de dézonage, je ne sais pas si ça se dit comme ça. Il nous a demandé un peu de dézoner, mais toujours garder l'ordre sur le terrain. Pierre s'est mis un petit peu entre les centraux. Moi, je devais rester au milieu et occuper un espace pour embêter l'adversaire. Je pense qu'on l'a plutôt bien fait et on a réussi à contrer leur préparation de match parce que c'était aussi ça le but du coach. Il a toujours un coup d'avance. C'est vrai que quand tu vois une équipe qui joue toute l'année à cinq, tu prépares ton match comme s'ils allaient jouer à 5. D'ailleurs, à ce propos, dès qu'on a commencé le match, Ludovic Ajorque, avec qui j'ai joué à Nantes, m'a dit "Mais pourquoi vous jouez à 4?" On sentait qu'il était un peu perdu et qu'il s'est dit "Merde, on a préparé le match sur une défense à 5 et là ils se mettent à 4". Donc voilà, c'était très bien vu.

Il vous a dit ça en plein match?

Avant de commencer! Il a observé, il regarde et il dit "Mais pourquoi vous jouez à 4?" Moi, j'ai rigolé…

Il avait préparé peut-être le truc à trois défenseurs axiaux..,

Oui! À mon avis, on a réussi à contrer leur préparation, et ça, c'est top.

Quand on regarde le milieu de terrain sur le papier, avec Rongier, Hojbjerg, Rabiot, Bennacer… C’est vraiment un milieu où on se rend compte que l’OM a franchi un cap en termes de qualité de joueurs, de niveau de jeu. C’est vraiment une équipe qui mérite la Ligue des champions avec ces noms-là. Vous en avez conscience?

Oui, bien sûr. Quand on a des joueurs comme ça dans l'équipe, on sait qu'on peut rivaliser avec beaucoup d'équipes. C'est important de commencer le match et de se sentir fort. Avoir des internationaux comme ça dans l'équipe, c'est vraiment une bonne chose pour nous. En plus de ça, l'entente est très bonne entre tout le monde, donc ça, c'est top.

Il vous reste un petit goût amer de vous dire qu’à trois journées de la fin vous ne devriez pas être dans la galère? À un moment donné, on a cru que vous pourriez presque accrocher le PSG. Finalement, vous êtes à une vingtaine de points. Dans ce sens, vous vous dites qu’il y a un truc que vous avez mal fait?

Forcément. Il n'y a pas qu'un seul truc qu'on a mal fait, sinon, on serait champions. Je pense qu'on a eu plusieurs périodes un petit peu moins bien, et ça se ressent d’un point de vue comptable. Maintenant, le coach est arrivé cette année, il ne faut pas l'oublier, on a un groupe tout neuf, avec 80% d'éléments nouveaux. Donc ça prend du temps. On le voit, toutes les grandes équipes mettent 2-3 ans avant d'avoir une base très solide et d'être régulière. Je pense que c'est ça qui nous a fait défaut cette année. Mais on est dans la course, on est là où on doit être. Et même si on a quelques regrets parce qu'on aurait pu avoir une fin de saison plus sereine, on est toujours là.

Ce match à Lille (dimanche à 20h45, NDLR), vous le voyez un peu comme une finale?

Je pense que ce sera un match très équilibré. On sait que Lille va vouloir nous battre absolument, mais nous, on y va aussi pour gagner ce match. Parce que je pense que si jamais on réussit à bien le négocier, ça sentira quand même bon pour notre objectif. Maintenant, on sait que ça va être un match compliqué, on les a déjà affrontés deux fois cette année, c'est une équipe très organisée, qui sacrifie beaucoup sur le terrain. Les offensifs, les défensifs… tout le monde court. C'est ce qui rend le match difficile.

Sans rentrer dans les détails de l'avenir de chacun. Est-ce que c'est important que l'OM garde une stabilité? Qu’on valide le fait que cette année est censée être le début d'un projet? Vous qui avez connu parfois des mouvements à tous les étages, est-ce que c'est important que vous gardiez une base solide l'année prochaine?

Pour moi, oui, c'est très important. Après, on sait comment est le foot professionnel aujourd'hui. Il y a beaucoup de mouvements. Mais pour moi, le projet sur trois ans, c'est important de le faire parce qu'on apprend à connaître les personnes avec qui on travaille, on sait ce que les gens attendent de nous. Créer cette continuité au quotidien, que ce soit dans les entraînements, dans les matchs, dans la rotation de l'effectif, que quand il y en a un qui rentre, il sait exactement quoi faire parce qu'on a l'habitude de travailler ensemble, etc… Pour moi, c'est ce qui fait la différence sur le moyen long terme.

S’il y a victoire à Lille, vous pensez que c’est fait à 100%?

Non, je n'ai pas dit ça (sourire). J'ai dit que ça sentirait très bon. On mettrait Lille à 5 points. On sait qu'il y a des confrontations directes aussi. Donc ça sentira bon, mais ce ne sera pas mathématiquement terminé.

Propos recueillis par Florent Germain